Merci pour tout, Mikedou

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Quatre ans après être devenu le premier Top Shark, l'aventure au sein du Team est terminée pour Ludovic Riehl. Hommage.

Le dernier sprint de la promotion 2015/2016 de la Top Shark Academy est en cours : jeudi, au terme d’une intense épreuve finale centrée sur les tournois MTT, on connaîtra l’identité de l’heureux élu qui parcourra une année durant le circuit professionnel au sein du Team Winamax. Cette bonne nouvelle en masque une autre moins réjouissante, l’une de celles qu’il n’est jamais aisé d’annoncer : pour Ludovic Riehl, vainqueur de la toute première mouture de l'opération en janvier 2012, l’heure est au départ.

Ce que les concepteurs de Top Shark n'envisageaient à l'origine que comme un voyage de douze mois s’est au final transformé en une épopée de quatre ans : Mikedou a su transcender son statut de « gagnant de concours » pour s'installer durablement dans le Team, et en devenir une figure, un vrai personnage apprécié et respecté de ses coéquipiers comme de la communauté des joueurs, de ceux que l'on aime croiser tournoi après tournoi.

Que retenir du parcours du doyen des Top Sharks ? Une impressionnante régularité en ligne, d’abord, celle là même qui lui avait permis de gagner sa place au sein du Team : on trouvera peu de joueurs ayant passé autant d’heures sur Winamax, et remporté autant de tournois différents, depuis le Sunday Surprise jusqu’au High Roller en passant par l’After Work, le Flipper, le Top 50, le Rush Hour, le Booster, et bien d’autres. Certains mois, Mikedou fut tout simplement imbattable, comme en novembre 2014 où on le vit remporter le Grand Prix.

Au delà de ces performances, Ludovic aura aussi marqué le Team par l’intégrité de son discours au quotidien, en témoignent des billets publiés régulièrement sur le blog de l’équipe, où la langue de bois n’avait pas sa place, notamment cet abécédaire du poker en quatre parties où les thèmes de l’addiction, du hasard et de la frustration inhérentes à notre jeu préféré étaient abordés avec une brutale honnêteté. Tout au long de ces quatre années, Ludovic s’est prêté de bonne grâce aux obligations marketing qui incombent aux joueurs de poker sponsorisés, mais avec un ton et une voix rares dans le milieu : pédagogue tout en restant humble, prenant le poker au sérieux mais avec une salutaire dose d’auto-dérision, et généreux de son temps avec les centaines d’amateurs croisés dans toute la France sur les étapes du Winamax Poker Tour, à Dublin ou à Marrakech.

Cette ouverture et cette envie d’apporter quelque chose à la communauté, on l'aura retrouvée aussi au travers de ses vidéos pédagogiques dans la Poker School, ses interventions sur les forums, ses prises de positions sans équivoque lors des scandales de triche ayant entaché le monde du poker pro ces dernières années, ou encore son implication dans les éditions Top Shark qui ont suivi, que ce soit par ses conseils basés sur son expérience, ou ses nombreux mots d’encouragements pour les candidats qui lui ont succédé. Un bon joueur de poker sponsorisé, ce n'est pas seulement quelqu'un qui joue bien au poker. Il faut aussi être capable de défendre sa passion sans pour autant se voiler la face sur les dangers et les pièges du jeu : là-dessus, Ludovic a dépassé toutes nos attentes.

« J’ai beaucoup appris au sein du Team, techniquement comme humainement, ces quatre années sont passées à toute vitesse », témoigne le Top Shark originel. « C’est une équipe qui me faisait rêver avant d’y entrer, et j’y ai trouvé de vrais amis au fil du temps. C’est surtout cela qui va me manquer : l’impression de faire partie d’une petite famille, avec les joueurs et les membres du staff que je croisais régulièrement. » Forcément, ce n’est pas sans regrets que Mikedou achève son aventure : « Cette derniere année, j'ai peut-être pris un petit peu moins de plaisir. L'absence de gros résultat en live peut provoquer de la lassitude et je me suis de temps en temps interrogé sur ma légitimité à donner des conseils, écrire des blogs... Il y a probablement des choses que j'aurais pu mieux faire, mais je suis aussi conscient que la "fameuse" variance n'a pas vraiment été de mon côté en 2015. »

Car si son parcours en live fut émaillé de quelques succès indélébiles (une victoire lors du High Roller de l’édition 2013 du Winamax Poker Tour, et un titre à Vegas lors du festival Deep Stack du Venetian durant l’été 2014), les frustrations ne l’auront pas épargné non plus, avec deux deep-runs stoppés net avant la finale sur le circuit EPT (37ème à Vienne en mars 2014, 17ème à San Remo un mois plus tard), une 46ème place parmi 7,862 joueurs sur le monumental tournoi Monster Stack des WSOP 2014, et paire de Rois battue par les Dames pour mettre fin à son dernier EPT Malte en 40ème position.

Lorsque Ludovic est entré dans le Team, je me suis très vite rendu compte qu’avec lui, mon travail de « couvreur » serait des plus faciles et agréables. D’abord parce qu’il était toujours disponible pour me raconter l’évolution de son tournoi, y compris cinq minutes après avoir pris un bad beat immonde, alors que la déception de l’élimination est encore toute fraîche, ou de me donner un coup de main lorsque je l'appelais en pleine nuit le vendredi soir, paniqué car je n’avais absolument aucune idée de quoi raconter dans la rubrique technique du RMC Poker Show. Et surtout parce qu’une fois la journée terminée, il était tout autant disponible pour refaire le monde autour d’un verre, aussi bien adepte de débats sur les questions les plus sérieuses que du trolling le plus absurde, avec des éclats de rire qui ont tant de fois fait résonner les bars de Prague, Las Vegas ou Barcelone jusqu’aux petites heures du matin. Que tous ceux qui ont eu le plaisir de croiser ce personnage profondément humain, sarcastique joyeux pétri de doutes et d’humilité, se rassurent : on croisera de nouveau Mikedou sur le circuit des tournois. « Pour le moment, un break s’impose, mais je vais continuer à jouer et espère vivement repasser par Dublin et Marrakech ! »

Gaëlle Baumann : « Le départ de Mikedou me touche beaucoup car c'est avec lui, un soir de janvier 2012, que nous avons intégré le Team Winamax ensemble. Vous connaissez ma timidité, c'est donc logiquement que je me suis tournée vers l'autre petit nouveau et, les semaines puis les mois et les années passant, nous avons noué une vraie amitié. Ludo, c'est un des rares mecs qui à la pause ne se contente pas de raconter ses bad beat mais a une vraie oreille pour écouter tes coups durs. Ludo, mais là je ne vous apprends rien, c'est un indéboulonnable partenaire de soirée. Ludo, c'est un mec qui se pose tous les jours des questions car il a eu peur de froisser quelqu'un. Mais t'as vraiment pas à t'inquiéter pour ça, Ludo, on sait tous que tu es un mec formidable et je te garantis qu'on se reverra très bientôt, au Macarena Café ou ailleurs. »

Michel Abécassis : « Pour moi, il restera toujours mon ‘binôme' car nous avons tissé de vrais liens d’affection, qui ne sont pas près de se défaire. Quelle que soit sa route, on continuera à se voir et à se raconter des coups. Et à boire des coups, aussi… Sinon, avant qu'il parte, j'ai envie de lui dire : 'Ludo, tu es un joueur de classe et un type bien, tu peux tout réussir si tu gardes confiance !’ »

Deauville, 2012 : les débuts au sein du Team



Dans la Tête d'un Pro

Sur le Winamax Poker Tour

Mikedou, Volatile38, Shakkkiraa : génération Top Shark

Masterclass au WiPT

Shooting à Vegas avec le Team, été 2012

Au WInamax Poker Open de Dublin

Avec le Team, version 2015

Merci pour tout Ludo, et bonne chance pour la suite !


Benjo DiMeo

Triple vainqueur VSOP à Cognac.

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