[ITW MONSTER STACK] Thomas Gimie : au service du jeu

Par dans

Il est l'un des meilleurs "tournament directors" au monde... en plus d'être aussi bavard que sympa. Autant de bonnes raisons de lui offrir un entretien XXL.

Gimie

Après un essai dans le théâtre et des débuts comme croupier il y a une décennie, Thomas Gimie a gravi les échelons dans le monde du poker, s'imposant comme l’une des références planètaires au poste de Directeur de Tournoi. Aujourd'hui, l'Arlésien est partout, de l'European Poker Tour jusqu'aux WSOP-Europe en passant par les festivals Winamax. Un interlocuteur de choix, donc, pour évoquer un grand nombre de sujets lors d'une longue et passionnante interview : son vécu de la pandémie, sa vocation initiale sur les planches, sa vision du monde des Highrollers, l'évolution de notre jeu préféré, et bien sûr tous les secrets de son métier intense et tout-terrain, dont sa dernière mission auprès du casino d'Annecy. Thomas, le bouton est devant toi : shuffle up & deal !

Sa vie durant la pandémie

Avant ton retour au boulot en septembre, pour l’APO 2500, ton dernier tournoi remontait au WPT DeepStacks Paris en février 2020. Le festival s’était terminé à peine dix jours avant le premier confinement en France... À ce moment, comment jugeais-tu la situation ?

C’est assez marrant de se replonger dans la chronologie des événements. Je me souviens que lors des derniers jours du WPT, cela faisait déjà quelques semaines que l’on parlait du Covid. Jérôme Schmidt, le rédacteur en chef de Poker52, que je n’avais pas vu depuis longtemps, me dit : “Je reviens du Japon, ils ont fermé les écoles.” Et nous on raillait : “Ahlala, ces Japonais !” On se sentait tellement au-dessus de tout ça, pas concernés par le problème ! Alors il était bien difficile d’imaginer que dix jours après le Président de la République prendrait la parole et qu’on fermerait le pays. Personne ne l’avait anticipé, je défie quiconque à l’époque d’affirmer qu’on en serait là où on en est au bout d’un an et demi. On avait l’impression de vivre un truc historique, avec ce que ça a d’exaltant, l’excitation de la catastrophe. Personnellement je l’ai vécu de façon assez positive, car je n’avais pas le sentiment que ça allait être grave aussi longtemps. J’étais persuadé que je retravaillerais avant la fin 2020... ce qui n’a pas été le cas.

Gimie offCe ne fut pas trop dur d'arrêter de bosser sans une vision claire de l’avenir ?

Il faut essayer de voir les bons côtés des choses quand on traverse des épreuves comme ça. Mon niveau de vie a baissé, mais j’ai pu bénéficier des aides de l'État pour les travailleurs indépendants et je ne peux pas cracher dans la soupe : cela fait quand même 1 000 balles qui tombent tous les mois sans rien faire, alors qu’il y a des gens qui travaillent tous les jours pour ça. De plus, je suis propriétaire de ma maison, j’ai pu m’arranger avec la banque pour différer les paiements de crédits, et ma femme a une bonne situation… Donc je n’ai pas été immédiatement inquiété du jour au lendemain. Cela m’a permis d’avoir la résilience psychologique pour surmonter ça, parce que je n’étais pas tout de suite à l’agonie contrairement à certains de mes collègues qui ont davantage souffert. Je faisais partie des favorisés, on a vécu ce truc-là de façon très inégale.

Gimie exergue 1
La famille du staff des tournois poker a donc beaucoup galéré durant la pandémie ?

Bien sûr. Certains qui sont restés dans le poker ont réussi à prendre des postes fixes dans des clubs de jeux en France et à l’étranger, qui ont absorbé pas mal de staff d’événementiel poker. Il y en avait un certain nombre qui hésitaient et que le second confinement a convaincu. D'autres se sont reconvertis dans de nouveaux métiers. Certains travailleurs du poker ont réalisé que c’est pas mal d’être chez soi le soir, d’avoir ses week-ends, qu'il y a plein de choses compliquées dans nos métiers, je pense qu’il y a des remises en questions à faire à l’échelle de l’industrie du jeu. Ce qui est certain, c'est qu’on va manquer de staff quand les tournois vont reprendre : c’est déjà le cas dans d’autres secteurs, comme l’hôtellerie et la restauration [NDLR : On confirme - sur les WSOP qui viennent de s'achever, on nous disait qu'il manquait environ 30 % de croupiers par rapport à l'édition 2019]. J’ai des copains qui dirigent des casinos à Londres, et qui souffrent, d’autant plus avec le Brexit : le week-end, ils galèrent à faire leurs tournois car ils ne peuvent pas ouvrir assez de tables par manque d’extras. Au fond, j’espère qu’on aura du mal à constituer des équipes : cela voudra dire que des gens ont trouvé d’autres moyens de subsistance et n’ont pas trop souffert de la crise, avec - je le leur souhaite - un avenir plus stable. Me concernant, je suis l'un des premiers à avoir du travail, et n’est pas forcément le cas de ceux qui sont en bout de ligne, qui galéraient à boucler leurs fins de mois, qui bossaient sur un événement poker et n’étaient pas certains de faire celui d’après. L’événementiel poker, c’est beaucoup de stress. Il y a un lifestyle un peu cool, mais la réalité n’est pas celle-là pour la majorité d’entre nous.

Gimie WinaComment occupais-tu tes journées sans tournois à diriger ?

J'ai pu beaucoup m’occuper de mon petit garçon de deux ans et demi, et passer des moments extraordinaires avec lui. Avant tout ça, j'essayais déjà de travailler un peu moins et de choisir mes festivals. C'est une chance que j’ai et qui est l’une des plus grandes satisfactions de ma petite carrière : je pouvais faire une croix sur certains tournois pour consacrer du temps à ma famille. Premièrement, la pandémie a donc fait que j'ai pu être un père de famille, et deuxièmement m'a permis de réaliser quelque chose sur lequel je fantasmais depuis longtemps : reprendre des études de philo à la fac, à distance. J'avais déjà fait de la philo il y a quinze ans, et là j’ai repris très modestement. Je me suis inscrit l'année dernière, je suis passé en deuxième année et j’attaque l’année suivante avec la même ambition, sauf que j’ai mis le pied à l’étrier, donc c’est plus simple. Je me faisais une montagne de ce truc-là, mais je me suis faufilé dans un chemin et maintenant c’est parti. Je suis très content de l’avoir fait, de remettre les pieds dans les études en étant structuré grâce à une institution qui a ses limites mais qui correspond à ce que je cherchais. Cette fois je suis plus mature, je sais pourquoi j’y vais, j’ai d’autres aspirations. Cela fait partie des choses positives à mettre au bilan de cette pandémie. Je suis assez serein dans le présent, je crois que cette crise nous a appris que le monde est plein de possibles, et qu’il ne faut pas trop le figer.

Des planches aux tapis verts

Ta première passion, c'est le théâtre. Comment as-tu bifurqué de ce monde vers celui du poker ?

Quand j’étais enfant et jeune adolescent, ma mère s’est reconvertie professionnellement dans le théâtre, elle est devenu prof. J’ai commencé très vite à bosser avec des compagnies professionnelles dans le sud, et j’ai passé mon adolescence en tournée sur plein de spectacles, juste avant la crise de la réforme des intermittents en 2003, qui a fait fermer pas mal de compagnies. J'avais alors moins de propositions, et à 18 ans j’ai décidé de faire un petit tour à la fac. Mais à cet âge tu as autre chose à faire... Et c’est là que j’ai découvert le poker avec des copains. Puis je suis monté à Paris pour refaire du théâtre au cours Florent, mais je n’ai pas terminé le cursus car j’ai commencé à donner des cartes : j’ai préféré cet environnement même si je n'ai pas aimé les cercles de jeu à l’époque, car il y avait une hostilité humaine, quelque chose d’assez violent dans le management, entre le staff, les joueurs... Ce n’était pas de mon goût, mais je percevais quelque chose de beau dans ces métiers. J’ai arrêté d’en douter lorsque j’ai commencé à travailler à l’étranger dans l’événementiel poker, pour le World Poker Tour. C’était extraordinaire, je me suis dit que c'était ça que j’avais envie de faire. Et surtout, j’avais beaucoup de travail ! Je n’étais pas souvent à l’école, pour moi c’était assez chouette.

Gimie staffPourrait-on faire un parallèle entre ton rôle de directeur de tournoi et celui de metteur en scène ?

Un petit peu, car il s’agit de superviser plusieurs métiers et plusieurs spécialités. Au théâtre, le metteur en scène s’occupe des acteurs, du son, de la lumière, de la tournée, des aspects techniques, pratiques et artistiques, il y a cette pluralité-là. Pour un directeur de tournoi, il faut être sensible à ce qu’il se passe du côté du staff et de la clientèle, être un pont entre les deux et un certain nombres de métiers techniques pour la gestion du matériel et du personnel. Il y a beaucoup de problématiques à gérer.

N’as-tu pas été tenté de revenir dans le monde du théâtre durant cette période de vaches maigres pour le staff poker ?

Non, pour deux raisons. Déjà, j'ai un peu tiré un trait là-dessus, car c’est vraiment dur d’y réaliser une carrière, il faut y consacrer un temps fou. Et cette période que l’on a vécue n’était pas simple pour tous ceux qui étaient implantés professionnellement dans le théâtre, alors ce n’était pas le meilleur moment pour retoucher tout ça du doigt. J’ai beaucoup de copains acteurs ou comédiens qui ont souffert, même ceux avec une activité.

À part ça, as-tu déjà envisagé une carrière de joueur ?

Au tout début, comme tout le monde, je croyais être plus intelligent que les autres et avoir trouvé un moyen de gagner facilement ma vie : jouer au poker. Mais j’ai vite compris que c’était faux. Ça demande un travail et un temps considérable pour être bon, et je n’avais pas le goût pour cette forme de travail-là. Les métiers ayant trait à l’orchestration ou la gestion me séduisaient beaucoup plus... Bref, mes rêves de joueur de poker ont été extrêmement brefs. Pour commencer, je n’aimais pas nécessairement le cash game, alors que je pense que c’est essentiellement là où on peut se construire une bankroll. Et à l’époque les très beaux tournois étaient très chers, les petits n’étaient vraiment que des boucheries, donc c’était impossible de se projeter. Je ne joue plus du tout depuis très longtemps, à part une fois par an avec des copains. Je trouve ça bien : je ne sais pas comment font mes collègues qui bossent dans le milieu et qui jouent entre deux festivals. Ça me paraît presque malsain : on a tellement d’autres choses à faire que de s’intéresser seulement à des cartes...

Dans l'intimité des Highrollers

Tu as d’ailleurs pu te faire une idée de la difficulté du métier de joueur en dirigeant les tournois où sévissent les meilleurs pros de la planète...

Oui, j’ai la chance d’avoir dirigé ces dernières années les plus beaux tournois Highrollers, je n'ai fait que ça durant trois, quatre ans, en tant que floor manager. Sur les WSOP-Europe de 2019, j’en parlais justement avec Timothy Adams [un joueur highroller, NDLR], qui me disait : “À notre niveau, au sein de la poignée de mecs qui jouent des tournois à cinq ou six chiffres quasiment tous les après-midis, tu ne peux pas quitter le circuit ne serait-ce que deux mois. Sinon quand tu reviens, tu es largué.” Ces joueurs-là passent leur temps à inventer de nouvelles visions du jeu, alors il doivent être parfaitement affûtés. lls ont tous des coaches, ils vont à la salle presque tous les matins, ils font attention à leur alimentation... On sous-estime le travail que cela demande, les mecs ne sont pas juste des génies, ils sont tout le temps en train de retravailler les coups. Ils sont évidemment un peu chanceux, mais quel travail, quelle discipline, quelle capacité à s’auto-analyser ! C’est admirable. Ce sont des sportifs de haut niveau. Et vous n’en verrez quasiment jamais un s’énerver quand il perd : même s’il prend un suckout, le gars prend son sac à dos et retourne à la caisse pour rebuy sans un mot plus haut que l’autre. Ou alors il dit "merci et au revoir".

Gimmie AntoniusOn critique souvent la multiplication des events Highrollers sur le circuit live ces dernières années… Qu’en penses-tu ?

Pour des raisons politiques et économiques, on peut critiquer l’éruption folle et insensée des sommes dantesques jouées sur les Highrollers. J’accepte cet argument, cela a quelque chose d’un peu absurde de voir ces mecs jouer des centaines de milliers d’euros dans une après-midi, globalement en totale détente. On s'y habitue et ce n'est pas génial. La plupart de ces tournois sont single re-entry, sauf peut-être des unlimited re-entries sur des 25 000 $... Au fond de moi, je ne suis pas sûr de cautionner ce monde-là, mais j’y participe malgré moi, c’est vrai. Chacun a ses paradoxes et sa conscience morale. Je respecte absolument ces gens et j’admire une partie de leurs pratiques, mais je garde volontiers un esprit critique sur le bien-fondé de ces pratiques. Mais cette forte pression, cette professionnalisation, cette extrême rigueur que ces gens amènent dans le jeu, ils ne l’amèneraient peut-être pas à des enjeux moindres. Ils ont un tel niveau de rigueur qu’ils n’arrivent plus à se l’imposer quand il sont en dehors de ça. J’ai l’impression que c’est comme si c’était un mal nécessaire… Tu me laisses un peu perplexe avec cette question !

Exergue 3
Ça t’es déjà arrivé de devoir organiser du jour au lendemain un tournoi très cher, comme le demandent parfois les joueurs Highrollers ?

Oui, sur des EPT ou aux WSOPE-Europe à Rozvadov. Ils viennent nous voir en nous disant : demain on n'a rien à jouer, on voudrait un 25K Single Day avec une structure un peu turbo… Je mets au défi n’importe quel organisateur de dire non ! On a déjà des structures toutes prêtes, alors on réfléchit, on tranche, et puis on officialise.

Gimie LuneauEn quoi le monde des Highrollers, un peu à part, peut-il servir les intérêts du poker en général ?

Ça a challengé les organisateurs d’être capables de recevoir cette clientèle de très haut niveau, et c’est bénéfique à tout le monde. Quand tu vas jouer un 300 balles sur un EPT aujourd’hui, dans un coin de la salle des mecs jouent un 100K avec les mêmes tables, des jetons de même qualité, les mêmes croupiers, les mêmes floors, dans les mêmes conditions en fait. Et si tu prends le niveau moyen d’un field sur un 500 € aujourd’hui, il est supérieur à celui d’un EPT il y a dix ans. Ça va avec. De plus, ces tournois sont très médiatisés, les joueurs en parlent. Techniquement et au niveau de l'organisation, ça tire tout le monde vers le haut.

L'évolution du jeu et des organisations

Le plus important pour faire avancer le poker dans le bon sens, n'est-ce pas finalement la communication avec les joueurs ?

Quand j’étais avec les joueurs Highrollers, je passais fatalement beaucoup de temps avec eux, et j'étais particulièrement sensible à leurs retours car ils ont beaucoup de choses à nous apprendre. C'est en gardant une oreille sur ce qui se passe dans leur tête que je peux comprendre la meilleure façon d’arbitrer, comment évolue la mécanique du jeu, sans être dans une stratégie de joueur. La clé de notre visibilité, c’est être capable d'écouter. C’est une flexibilité que j’essaie de mettre en place. Une journée de festival est un rush, donc on doit rationaliser pour écouter ceux qui viennent donner des avis constructifs. Sans écouter nos joueurs, on n'est rien. On est toujours perfectibles, et ce sont aujourd’hui les joueurs qui font avancer notre métier, qui attirent notre attention sur les points à améliorer. Les organisateurs ont presque toujours un temps de retard sur les joueurs les plus impliqués... Le Big Blind Ante et la Shot Clock, qui sont les deux évolutions majeures de ces cinq dernières années, ce sont eux. Les gens critiquent facilement les organisations et on est parfois fragiles. Mais le mec qui critique pour critiquer ne m’aide pas beaucoup !

Thomas contentAprès toutes ces années, comment juges-tu l’évolution de l’organisation des tournois en France et dans le monde ?

On partait de loin, et les bouleversements sont incroyables. Le premier point est surtout l’harmonisation des règles, avec le TDA [Tournament Directors Association, NDLR] qui est très largement partagé aujourd’hui. Ça existait depuis longtemps, mais chacun essayait de se démarquer avec une règle, une certaine façon de voir les choses. Aujourd’hui il y a beaucoup plus d’humilité, de partage. On a des organisations qui sont capables d’écouter, d’éprouver, de faire confiance. Cela demande un minimum de maturité, et cela n’aurait pas été possible il y a dix ans. Certes, il y a encore de l’ego, mais je crois qu’il y a une bonne circulation des infos et des procédures, une standardisation. Les structures se sont aussi harmonisées : on joue des 500 ou des 5 000 avec quasiment les mêmes. Ça évolue dans le bon sens. Au foot, la règle est la même partout dans le monde. On y arrive dans le poker, plus doucement toutefois car il n’y a pas de fédération internationale avec la même envergure et la professionnalisation est plus récente. Mais je suis très optimiste et enthousiaste vis-à-vis de tout ça.

Si tu devais retenir une avancée en particulier dans l’organisation des tournois de poker depuis le début de ta carrière, ça serait quoi ?

Quand les organisations se professionnalisent, elles spécialisent des personnes à certains postes. Et aujourd’hui, on a une personne pour chaque poste. Des choses qui existaient sur les grosses organisations sont devenues la norme sur les petites : le fait d’avoir quelqu’un qui s’occupe à plein temps de l’organisation des croupiers, de la jetonnerie… Avant plusieurs personnes se partagaient les différentes tâches dans la journée, c’était un peu à l’arrache, mais aujourd’hui c’est très structuré, ce sont des choses que les joueurs ne voient pas forcément. Sinon, il y a donc le Big Blind Ante pour les tournois, qui facilite aussi la vie des croupiers. Les prochaines évolutions dépendront encore de ce que nous diront les joueurs.

Le métier de directeur de tournoi

Gimie DealQuel est ton rapport avec les joueurs quand tu diriges un tournoi ?

Je pense que je suis plus audible en étant plus distant. Je n’ai jamais compris comment des gens pouvaient à la fois organiser et diriger un tournoi, ce que l’on ne voit presque plus d’ailleurs. On ne peut pas être celui qui incite les joueurs à venir jouer son tournoi et en même temps la personne qui va représenter une impartialité, une autorité et une respectabilité. Mon métier est essentiellement celui de l’arbitre. C'est aussi un métier d’hospitalité, mais en revanche je ne commercialise rien, jamais. Je ne suis pas là pour que les gens fassent tel tournoi, c’est antinomique de ma fonction. Ou alors je le fais indirectement : ils peuvent peut-être se dire que ma présence est un gage de sérieux et de bonne organisation… Et je ne vais pas trainer autour des joueurs pour savoir qui a perdu tel coup, je n'ai pas la patience d’écouter des bad beats toute la journée : je préfère écouter les croupiers, c’est davantage mon rôle. Mais quand des gens essaient de trouver quelqu’un à qui parler pour évoquer un problème ou quelque chose de constructif, j’espère être toujours disponible pour les écouter. Après c’est plus un état d’esprit qu’une réalité temporelle : mes journées sont bien remplies, je ne les passe pas à attendre qu’on vienne me parler.

Exergue 6
Qu’est-ce que tu préfères dans ton métier ?

Je ne me lasserai jamais de voir ce qu’on aime tous : voir un qualifié vivre son one time et gagner un gros tournoi. On ne peut pas être blasé d'observer cette joie-là. Elle est sincère, entière, contagieuse, et on aimerait tous être à la place de cette personne, pas dans le sens de la jalousie mais dans celui de l’empathie la plus totale, de se dire : quel kiff de vivre ça. Il y a aussi des TF avec des proches, des couples, la famille, des gens enthousiastes sur chaque showdown, c’est ça qui nous fait vibrer, ce qui est magique, ce truc qui peut changer une vie. Et il y a aussi le staff, l'un des moteurs de mon travail : j’aime les gros tournois, car on a du staff qui vient de plein de pays, on parle parfois jusqu’à trente langues différentes, il n'y a pas beaucoup d’opportunités de vivre ces trucs-là. Je baragouine l’espagnol, mais sinon je parle anglais. Avec nos sensibilités, nos singularités, on a tous un objectif commun et on y va tous ensemble. C'est ce qui me plait le plus, de voir cette coopération entre les gens. Moi j’ai appris sur le tas, je me suis formé en étant dirigé par d’autres personnes. Mon métier je l’ai construit en regardant les autres travailler, et en prenant ce qui me plaisait chez eux. J’ai élargi mon portefeuille de possibles, j’ai pu voir des gens réagir différemment dans des situations similaires, et donc dire « tiens c’est ça qui me plait », me dire « tiens je n'avais pas pensé à ça, et c’est génial », c’est comme ça que j’ai pu progresser.

Gimie KechA contrario, qu’est-ce que tu n’aimes pas ?

Peut-être que ce que je déteste faire, c’est de devoir incarner une autorité un peu bête et méchante quand il y a un problème dans le staff ; quand quelqu’un arrive toujours en retard par exemple, et qu'on a plus d’autres solutions que de sévir après avoir déjà exploré d’autres pistes. C’est un des trucs qui me fait le plus chier, quand les gens n’ont pas été assez responsables d’eux-mêmes et que la bienveillance avec laquelle j’essaie de travailler n’a pas suffi. Je le vis toujours un peu comme un échec personnel et ce n’est pas agréable.

Tu es jeune papa. Comment arrives-tu à gérer ta vie de famille alors que ton travail t'imposes d'être régulièrement en déplacement ?

En étant hyper organisé. Ma femme a pas mal de déplacements dans son job aussi, alors ça passe par une réduction de la voilure. Avant la naissance, je bossais environ 120 jours par an, ce qui fait une bonne dizaine de jours de tournoi par mois. Je ne suis pas gourmand financièrement, je ne cherche pas à être sur tous les tournois, et avant le premier confinement, j’avais entre six et huit jours de boulot par mois. Ça m’allait très bien, l’équilibre me plaisait. Ma femme voyageait moins aussi, on avait une sorte d’agenda partagé, taillé au cordeau avec les déplacements en quinconce, et on a aussi la chance d’avoir des grands-parents. Après tu fais des choix faciles : j’ai cru un instant que j’avais un dilemme durant la grossesse de ma femme, dont le terme était prévu en janvier 2019, pile pendant le PSPC au Bahamas, l’un des tournois les plus courus de l’histoire de nos métiers. C’était une expérience incroyable, et comme les paies sont indexées sur un pourcentage du prizepool, c’était probablement une des paies les plus astronomiques à laquelle je pouvais prétendre. Pour autant, j’ai très vite pris la décision de ne pas y aller, et au final mon fils est né durant cette semaine-là, j'étais donc ravi de ne pas être à l’autre bout de la planète. Et quand il est né, j'ai réussi à ne pas bosser durant trois mois, je ne voulais pas être un papa dans les avions. Forcément, il y a des moments où je ne suis pas là, mais quand je suis là, c'est à fond, ça compense. Sur l’année, je vois potentiellement plus mon enfant que quelqu’un qui va au bureau tous les jours.

Quelles sont tes destinations favorites sur le circuit ? Et les endroits que tu n’as pas appréciés ?

Je ne regarde que très peu en arrière, ça me parait abyssal de fouiller dans ma tête car je vis vachement au présent... J’ai la chance d’avoir bossé à l’Île Maurice, aux Bahamas, à Atlantic City, au Panama, dans des endroits un peu rigolos… Ce qui m’épate le plus, c’est sans doute la Salle des Étoiles à Monaco, elle fait toujours son effet. Puis il y a Marrakech, pour la vue, les gens, l’équipe, le casino… Ce que je n’ai vraiment pas aimé en revanche, c’était les cercles de jeu à l’époque. C’était sordide. Concernant les clubs d’aujourd’hui, je ne m’avancerai pas à dire que c’est idéal, car ce n’est pas mon quotidien. Mais j’ai l’impression qu’on a changé de monde, également pour les joueurs. Cela semble plus humain, plus honnête, j’espère que le management est un peu plus normal qu’avant. Sinon, j'aime bien diriger des festivals dans lequel il y a un programme varié, comme les EPT.

Gimie EPTOn t’a déjà proposé de bosser aux WSOP de Las Vegas ?

Oui, je suis très copain avec Jack Effel, Greg Chochon et toutes leurs équipes. Je travaille avec Jack sur les WSOP-Europe depuis longtemps, mais pour Vegas ce n’est pas possible, il faut la green card [une carte de résident permanent aux États-Unis qui permet d'y travailler, NDLR]. La politique du Nevada est un peu compliquée à suivre, ça change tous les ans. Grosso modo, le Nevada ne comprend pas l’intérêt de faire venir un petit Français pour faire un job que pourraient faire plein d’Américains, dont certains au chômage. C’est un protectionnisme plus que basique.

D'ailleurs, directeur de tournoi, ça rapporte combien ?

Dans l’événementiel, on est payé à la journée. Pour les EPT par exemple, les salaires sont indexés sur les 3% de taxation de l'État sur les tournois. Un prélèvement sur chaque prizepool constitue la masse salariale, donc c’est très fluctuant. Et quand on est en France, c’est déclaré, et il y a des grilles de salaires. On va dire qu’en gros un Floor Manager va prendre 250 € net par jour, et qu’un Tournament Director peut aspirer à doubler ce montant. Sur les tournois étrangers, ça varie aussi selon les events et les destinations.

Exergue 7
Et sinon, ça tape le carton dans les staffs poker ?

Beaucoup moins aujourd’hui, alors que quand j’ai commencé, c’était monnaie courante : tous les soirs se déroulaient de terribles parties de croupiers dans les chambres d'hôtel. Maintenant, on travaille davantage, donc les gens vont juste boire un coup pour décompresser après leur journée de travail, puis ils dorment. Sur un festival de 10-12 jours, c’est impossible de jouer toute la nuit après avoir bossé 12 ou 13 heures dans la journée, parfois même 15 ou 16 heures.

Comment fais-tu pour tenir le coup lors de ces festivals marathons ?

Personnellement, je fais un tout petit peu de sport. J’ai des collègues qui prennent vraiment soin de leur corps : même au milieu d'un festival, ils essaient d’aller à la salle. Mais moi je n’ai jamais su trop quoi faire de mon corps dans une salle de sport… En revanche, je fais attention à ce que je mange, je fais gaffe à mes temps de récup’, je ne bois quasiment pas d’alcool, sauf lors de la dernière soirée. À mon niveau de responsabilité et avec des horaires inhumains, tu as besoin d’avoir tout ton cerveau à disposition. Si dans un Highroller les joueurs te posent des questions, tu n’as pas le droit de bafouiller, d’être en lendemain de cuite, tu dois être au top niveau.

Olivier ThomasQuel est le tournoi le plus important que tu as dirigé en terme de staff ?

Je pense que c’est l’EPT Prague. Même si je ne le dirige pas, j’assiste le directeur, mais il est tellement occupé par des trucs corporate que je suis très impliqué sur toute la gestion. On parle de 250 personnes, dont 200 croupiers, plus les caissiers, les floors et la technique. C’est vraiment hyper exaltant de manager autant de monde. Et la chance qu’on a c’est que tout le monde est bon, on travaille avec les meilleurs.

C’est qui tes gars sûrs dans le métier ?

L’équipe des EPT est fantastique, et l’équipe que j’ai réussi à monter à Marrakech est tout à fait à mon goût, on a réussi à tisser une bonne ambiance de travail. Il y a aussi une ou deux personnes de l’équipe de Jack Effel que je vois à Rozvadov aux WSOP qui me sont chères. Moi j’ai surtout envie de bosser avec des gens en qui je peux avoir confiance, et qui partagent ma vision du travail. Mon ambition est là.

Libre arbitre ?

As-tu déjà fait une grosse erreur sur la gestion d’un tournoi ?

En tant que floor et TD, j’ai déjà fait des erreurs d’arbitrage. J’ai toujours à cœur, quand on a fait une erreur, de comprendre, d’aller voir la table quand la partie est encore en cours et de dire "Écoutez, par rapport à tout à l’heure, on en a reparlé avec l’équipe, on a pris cette décision mais sachez pour votre gouverne qu'on pense que ce n’était pas la meilleure. On l’a pris pour ces raisons-là mais ne soyez pas surpris à l’avenir si on prend une décision différente dans cette situation." C’est en pratiquant qu’on progresse. Quand j’ai fait ça, ça a été très apprécié des joueurs, car on a fait preuve d’humilité. Quand on est un jeune floor, on a tendance à vouloir tout de suite trouver la réponse, on est envahi d’une idée d’empressement, comme quoi la qualité d’un ruling serait dépendante de sa rapidité. J'ai assez vite compris que ce n’était pas le cas, car parfois on fait face à une situation inédite. J’essaie de ne pas être trop soumis à la pression du temps en échangeant avec d’autres floors, même s’ils sont plus bas dans la hiérarchie, car nos cerveaux sont plus efficaces. Les joueurs ne voient pas ça comme un signe de faiblesse, au contraire : les gens sont contents de voir qu’on les prend au sérieux, qu’on se met au travail à leur service. Quand les décisions doivent impliquer le tournoi d’un joueur, il est d'ailleurs réglementaire qu’il y ait deux floors pour prendre la décision. Ça permet de maximiser la lucidité car parfois on n'a pas forcément les yeux en face des trous sur des longues journées, et il peut y avoir un petit paramètre qu’on a sous-estimé : avoir un autre avis va nous redonner une autre interprétation. Une bonne culture du poker live dans le monde permet d’avoir des exigences dans la tête, tout n’est pas écrit dans le règlement, parfois il faut être assez créatif dans ses rulings.

RulingEst-ce que tu as travaillé cet aspect communication avec les joueurs ?

Je l’ai peut-être plus naturellement que d’autres, ce qui fait que j’ai peut-être une carrière plus rapide que d’autres. De base, j’ai une façon de parler plus pédagogue, peut-être parce que j’ai donné des cours de théâtre. Je suis dans la transmission, j’aime que les choses soient claires, transparentes. Je montre aux joueurs qu’on va les écouter. Souvent quand il y a un ruling, c’est que deux joueurs ne sont pas d’accord, ou un staff et des joueurs. Parfois un a raison, les deux ont tort, il faut prendre le temps de leur expliquer. Quand j’arrive à table, je commence par dire "Bonjour Messieurs-Dames", et une grande majorité des floors ne le fait pas, ils arrivent en mode western. Alors que détendre un peu le truc, c'est bien. Ça semble un peu con, mais c’est pour montrer qu’on les respecte et qu’on va les écouter : ils n’ont qu’une seule envie, s’exprimer et dire ce qu’ils pensent. Souvent, le floor va aller parler au croupier, et ça impose aux joueurs de se taire, ce qui leur est très difficile : si on a le sentiment d’être victime d’une injustice, on a envie de hurler ! Tout cela peut paraitre basique, mais beaucoup de gens n’ont pas forcément le soin de faire cet effort, alors que c'est extrêmement important.

Exergue 4
Comment détectes-tu des comportements suspects à table ?

Très honnêtement, la meilleure police du jeu, ce sont les joueurs. Nous, on est toujours un peu sous-staffé : même s’il y a beaucoup d’argent en jeu, c’est très dur économiquement d’organiser un tournoi de poker. Et ce sont les joueurs qui passent le plus de temps à table, à regarder chaque action, chaque tell. 90% des histoires de triche apparues dans le poker sont venues aux oreilles des organisateurs grâce aux joueurs, et huit fois sur dix, ce sont eux nous rapportent les comportements suspects. Les croupiers restent rarement plus d’une demi-heure à table, donc si quelque chose de suspect s’installe, ils ne le voient pas forcément, ou vont l'interpréter de plein de façons différentes. C’est très délicat d’afficher la suspicion, alors on met un joueur sous surveillance accrue seulement si on a de bonnes raisons. Le message que je peux faire passer, c’est que si vous êtes témoin de quelque chose avec lequel vous n’êtes pas à l’aise à table, allez en parler à l’organisation. Ce n’est pas être une balance, juste dire qu'il se passe quelque chose. Il faut dépassionner les débats et être très factuel, car c’est dans l’intérêt de tout le monde. Surtout sur un tournoi de poker, où la taille du tapis de chaque joueur a une influence sur les tapis de tous les autres joueurs ! On est lié les uns aux autres dans un tournoi de poker, la vie et la bonne santé éthique d’un tournoi dépendent de tout ce qu’il s'y passe.

MicroQuels sont les critères pour décider d'une éventuelle sanction ?

Il y a des standards. Il y a une graduation de la pénalité selon la gravité de la faute et sa répétition. Sur les festivals un peu “sérieux”, on essaie de tenir un registre des pénalités données aux joueurs, car certaines vont dépendre des croupiers, d’autres des floors : certains peuvent donc prendre plusieurs fois une petite pénalité alors que cela aurait mérité quelque chose de plus sévère. Après, il faut évidemment toujours relativiser avec la situation, le contexte... Je pense que pouvoir faire confiance à l’interprétation d’un professionnel n’est pas une faiblesse, c’est au contraire une force. On a besoin d’être flexible. Même si c’est contre-intuitif et que cela peut paraître être l’inverse de la neutralité. Il est certain que si j’ai déjà eu des problèmes avec un joueur sur un tournoi et que j’ai de nouveau un problème mineur avec lui, je risque de le traiter d’une façon plus sérieuse que si c’était un inconnu. Il y a peut-être des gens que ça va choquer, mais ça parait tellement évident...

Quelle est la décision la plus importante que tu as dû prendre pendant un tournoi ?

L’exclusion. À un moment, il faut être très à l’aise avec ça. Quand un joueur s’inscrit à un tournoi, les jetons ne lui appartiennent pas, il nous les loue. S’il se comporte mal, je suis désolé, mais c’est la porte. La vie de tout le monde est en jeu tout le temps, faut pas déconner ! De plus, on n’est pas toujours là pour éduquer les joueurs qui ont un mauvais comportement. Par exemple, je ne supporte pas qu’on parle mal au staff : je refuse que des gens viennent travailler pour se faire maltraiter, même si je ne vais pas exclure tout de suite quelqu’un pour un mot malheureux. Mais quand je vois de la mauvaise foi et de l’incorrection… Attention, il faut souligner que 99,9% du temps dans un tournoi, tout se passe excessivement bien. En vérité, je suis surpris qu’il n’y ait pas plus de gens qui se mettent sur la gueule ! Quand on est dans une salle immense, pour un très grand tournoi avec 100 tables pleines du matin au soir, qu'on fait jouer des milliers de personnes et qu'il n’y a quasiment aucun problème, c’est extraordinaire. Ce métier me rassure sur l’être humain, alors que pourtant le poker est un jeu hyper-égoïste.

Son projet au casino d'Annecy

AnnecyDepuis quelque temps, tu es aussi consultant pour le casino d'Annecy, qui a ouvert sa poker room cette année et a récemment accueilli un premier tournoi à plus de 500 joueurs. Comment est né ce partenariat et en quoi consiste ta mission ?

On m’a contacté, et on a pensé le projet entre les deux confinements. Le lancement a été retardé, ça devait se faire début novembre 2020, puis finalement ça s'est fait en juillet de cette année. J'ai repris quelque chose que je faisais moins, c'est-à-dire de la formation, puisque je fais vraiment du conseil et de l’accompagnement. C'est chouette ! J’ai de la chance de travailler avec Éric Perrin, qui est impliqué et motivé, et qui dirigeait le casino d’Évian il y a longtemps, où j'avais notamment dirigé un FPS. Avant, il y avait du poker à Annecy, mais ça ne se passait pas forcément bien, alors Éric a sollicité mon aide pour le conseiller et essayer de distiller la culture poker dans l’entreprise.

Exergue 4
Quelles sont les problématiques à prendre en compte pour l'ouverture d'une salle de poker ?

Il y a des casinos en France dont on peut se demander pourquoi ils proposent du poker : on sent parfois que le joueur de poker y est méprisé car il n'aime ni les machines à sous ni la roulette. Il est dans ce statut intermédiaire pas rentable et pas intéressant, il a une image arrogante et n'est pas toujours bien vu. Le problème vient de gens qui sont nostalgiques d’une époque où ça jouait cher sur les tables de roulette française, sauf que c’est terminé, et de nombreux casinos n'ont pas toujours su se remettre en question. Il faut que les joueurs se sentent chez eux, mais c'est un équilibre très complexe à trouver, et cela a sans doute fait échouer de nombreux projets. Mais aujourd'hui le poker est clairement un vecteur de dynamisme dans un casino, à condition de bosser correctement et de lui donner sa chance, de ne pas juste ouvrir une table dans un coin. Une fois que tu as un endroit agréable pour te poser, avec des tables un peu jolies, comme c'est le cas à Annecy où on a le top du top, un espace dédié au poker, c'est ensuite un challenge humain. Les joueurs ont un minimum d’exigence, veulent être bien accueillis, et cela demande un sens de l'hospitalité. Il faut qu'ils se sentent chez eux. J'essaie d’inculquer cela aux équipes d’Éric Perrin. On a la chance de mieux comprendre les métiers dès lors qu'on sort de notre zone de confort. C'est intéressant de construire un point de vue sur chaque aspect de nos métiers, ça me fait progresser. Et puis bon, quand je bosse à Annecy j'écoute un peu plus de bad beats que d'ordinaire...

Sinon, en terme de législation, un casino a un gros savoir-faire à ce niveau, c'est leur quotidien de s'adapter, de faire les choses en bonne intelligence avec leurs correspondants locaux du service central des courses et jeux. Le directeur ici est administrateur des Casinos de France, qui est le syndicat des casinos français. La poker room d'Annecy a pour ambition de devenir une place forte dans la région, et sera en 2022 un rendez-vous récurrent de plein de belles étapes, avec Texapoker qui nous aide à produire des tournois.

Thomas CoeurQuels sont tes prochains événements au programme ?

Les WSOP-Europe [qui ont débuté le 19 novembre], et l'EPT Prague [qui a finalement été annulé]. Mais tout peut être modifié la veille [CQFD], nous devons maintenant trouver une nouvelle agilité dans notre travail, aussi bien les joueurs que les organisateurs. Je bosse aussi avec un copain sur le lancement d’une plateforme numérique de formation professionnelle liée aux métiers des casinos. Je ne pense pas que je serais encore TD dans trente ans. Mais j'ai encore des choses à faire dans le poker...

Merci Thomas, et bon retour sur le circuit !

Crédit photo Thomas en civil : ClubPoker/Steven Liardeaux

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