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[ITW Deepstack] Fausto, reporter baroudeur

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Un journaliste qui aime les cartes et les voyages : Fausto Munz était destiné à devenir reporter poker. Rencontre avec un jeune "couvreur" qui a pas mal perfé sur Wina depuis janvier.

Fausto Facebook
Il y a quelques années, Fausto Munz a réalisé le rêve de bien des férus de poker : transformer sa passion en un métier, en devenant reporter chez nos amis du ClubPoker. Déjà un globe-trotter invétéré, Fausto a plongé la tête la première dans le grand bain du circuit pro, racontant avec bonheur ses pérégrinations autour de la planète poker et en profitant pour se faire kiffer cartes en mains. Sauf que (vous l'aurez sûrement remarqué) ces derniers temps, le live, c'est pas trop ça. En attendant de recommencer à voyager et à jouer les "couvreurs", le Parisien a redoublé d'efforts sur les tables en ligne, avec quelques belles perfs à la clé (pseudo : Milan Baros), tout en développant de nouveaux projets pour continuer à exerçer une profession qui lui tient à cœur. Du haut de son quart de siècle et fort de convictions déjà bien affirmées, le jeune homme multi-cartes a accepté de répondre à nos questions tel un vieux briscard des interviews. Prêts à faire votre sac à dos ?

Salut Fausto ! En temps normal, on te lit surtout dans la section reportages du Club Poker, mais ces dernières semaines les rôles se sont inversés : on a pas mal écrit sur toi dans nos récaps MTT hebdomadaires. On récapitule : depuis janvier, tu as signé un beau deep run sur le Million Event des Winamax Series, remporté le Nitro puis La Fièvre, et fini runner-up du Prime Time. T'as décidé de passer pro, ou quoi ?

En fait, tout ça a démarré au début du premier confinement l'an dernier, une période propice pour le grind, lors de laquelle j'ai gagné un ou deux tournois Monster Stack. Mais j'ai ensuite eu le temps de tout reperdre durant l'été... Je m'y suis remis au début de l'hiver, au sein d'une team de potes, « Les sharks des ruisseaux », dont deux membres avaient déjà signé quelques perfs. Moi j'attendais mon tour, et à force de patience et en bossant davantage le mental, j'ai fini par avoir mon one time : j'ai gagné La Fièvre, où j'ai empoché autant [9 240 €, ndlr] que lors de mes cinq premières années de grind réunies. Cela m'a permis d'augmenter les buy-ins. Ensuite, j'ai fait second du Prime Time, où je me suis d'ailleurs fait bad beater par un petit chanceux lors du heads-up... J'essaie maintenant de me stabiliser sur les MTT à 20-50 €, avec 2-3 sessions par semaine, et d'être le plus performant possible. J'ai toujours un côté assez "compète" dans tout ce que je fais, je ne veux vraiment pas prendre le poker comme un jeu pour jeter mon argent par les fenêtres. Mais ça reste une passion, je n'ai aucune intention de passer pro ! Même si c'est vrai qu'après 5-6 ans de pratique, tes moves commencent à être un peu plus aiguisés...

Exergue Fausto 1
Travailler le mental, c'est la grande mode en ce moment chez les joueurs pros. Un "amateur confirmé" comme toi, il bosse cet aspect ?

Dans mon parcours de journaliste poker, j'ai eu l'occasion de rencontrer des gars comme João Vieira, qui mettent beaucoup le mental en avant. Ça fait la différence, car aujourd'hui moins de joueurs maîtrisent le mental par rapport à l'aspect technique du poker. Personnellement je sens que j'ai passé un step, de par mes perfs, la manière dont je joue et la gestion de mes sessions. J'ai lu le livre de Jared Tendler, j'essaie de me faire un focus avant chaque session sur ce que je veux travailler, de garder une certaine constance, sans oublier les récaps techniques et mentaux en fin de session.

Avant le Covid, tu as eu le temps de jouer en dur ?

Un peu ! Quelques sessions de cash game à Marrakech et Rozvadov après mes coverages, deux voyages à Dublin pour le WPO, et le SISMIX à Lloret de Mar. Avant ça, il y a deux ans, j'avais gagné un peu en ligne et je me suis cagoulé un été en cash-game dans les casinos espagnols, notamment à Bilbao, et au Portugal, à Porto ou Estoril. Je suis allé à Ibiza où il y a un très joli casino et une petite salle avec des joueurs assez blindés, des hurluberlus qui balancaient des billets de 500 € sur la table toutes les dix minutes ! Pourtant, c'est bien là-bas que j'ai enregistré mon plus gros déficit en une soirée... Mais oui, quand je voyage et que je tombe sur un casino, j'essaie de me faire une petite session cash ou tournoi. En République Tchèque, j'ai joué dans des casinos un peu sombres avec des locaux au taux d'alcoolémie élevé et qui fumaient des gros cigares... Las Vegas et Macao ? Pas encore, j'espère que ce sera pour la prochaine décennie. Sinon, au Club Montmartre, en attendant que des places se libèrent pour un tournoi, une fois j'ai réussi à gagner le buy-in aux tables d'Ultimate Poker ! Mais j'ai vu qu'on pouvait tout aussi bien diminuer son salaire avec ces jeux-là, donc je fais attention. Pendant mes reportages, il m'est arrivé de gagner quelques centaines d'euros en cash-game en parallèle, assez pour avoir de quoi claquer un peu les jours suivants. Mais je me souviens aussi d'une fois à Marrakech où j'ai fait n'importe quoi : les trois-quarts de mon salaire de la semaine y sont passés...

Fausto SismixFausto en mode joueur sur le Monster Stack du dernier SISMIX Costa Brava

Via tes reportages, tu étais aux premières loges pour voir naître les clubs de jeux parisiens avant la pandémie. As-tu senti un vrai engouement chez les joueurs ?

Je n'ai pas connu l'époque des cercles de jeu mais oui, j'ai pu vivre le début de la deuxième vague avec les clubs. Durant mes coverages au CCM ou au Club Circus, je sentais que le poker à Paris pouvait complètement exploser à nouveau, avec beaucoup d'enthousiasme chez les joueurs, encadrés par des organisations et du personnel bien rodé. Le boom que l'on observe en ce moment en ligne va se transmettre directement vers les tables live quand ce sera possible, c'est certain. Les joueurs n'attendent que ça.

Tu as fait Sciences Po, et durant l'année à l'étranger de ton cursus, tu as eu l'occasion de vivre les révolutions étudiantes de 2015 au Chili. Ça fait quoi de se retrouver à 19 ans à l'autre bout du monde dans un pays en pleine crise politique ?

J’ai fêté mon 19e anniversaire deux semaines après être arrivé au Chili. C’était une année de découvertes sur tous les plans : je vivais loin de mes parents pour la première fois, j'apprenais une nouvelle langue, je dansais sur de nouvelles musiques. J’ai d’ailleurs ramené pas mal de cumbia, de reggaeton et de rap chilien, que je recommande à tous les amateurs de hip-hop : Tiro De Gracia, Portavoz, Anita Tijoux... Ces artistes portent justement les revendications de la jeunesse chilienne, qui est très politisée et très consciente des excès de leurs gouvernants. Le Chili est un des pays les plus inégalitaires du monde, un laboratoire du libéralisme qui a connu une dictature effroyable jusqu’en 1990. Le peuple manifeste très régulièrement contre les privatisations à outrance, les retraites indignes, le système de santé qui se casse la gueule… Quand j’y étais, ça revendiquait contre les prix délirants des universités. J’ai participé à plusieurs manifestations massives, j’ai rarement vu un vent de révolte aussi fort. À chaque fois, ces manifs sont réprimées dans une violence terrible par les carabineros, une police militaire héritée de la dictature, qui a encore moins de scrupules que chez nous. Mais l’année dernière, la révolution a permis de renverser les dinosaures qui tiennent le pouvoir depuis des années et une nouvelle constitution est en train de voir le jour. Tout cela a clairement participé à la construction de mon esprit politique, teinté d’anticapitalisme. Ce serait bien de s’inspirer de ce qu’il se passe au Chili et d’exporter la révolution chez nous.

Fausto Machu PichuEt c'est comment, le poker en Amérique du Sud ?

J’ai eu l’occasion de voyager en Amérique latine et j’ai croisé un ou deux casinos au passage. Je me souviens d’une partie au Casino de Miraflores, à Lima (Pérou), où j’ai joué un tournoi régulier à 30 balles et où j’ai même fait une petite table finale. Le casino était plutôt classe et le field était blindé de gamblers asiatiques assez chauds. Mais le poker reste assez marginal, en tout cas au Chili. Il y a quelques jolis casinos mais le poker y est rare. Quand tu vois que le footballeur Arturo Vidal est dans le Top 20 de la All Time Money List du pays alors qu'il n'a qu'une seule ligne Hendon Mob, tu comprends que la marge de progression est grande. En revanche, je me suis bien cagoulé les premiers mois, quand j'ai essayé les tables des sites en .com !

On l'a compris : tu es un vrai globe-trotter, pire que Tintin !

J'essaie de parcourir le monde et d'organiser des trips backpaper dès que je peux. Je suis donc allé au Chili, en Colombie, j'ai pas mal fait l'Europe de l'ouest comme l'Albanie, le Kosovo. Le monde est trop grand pour vivre à un seul endroit, et j'ai bien envie de vivre dans différents pays à l'étranger. Pour la suite, je n'ai pas fait l'est de l'Amérique du Sud, ou encore le golfe de Guinée, je sens que ce serait une énergie qui me plairait. Je suis aussi pas mal allé en Inde quand j'étais jeune, à Goa - chez les hippies chic - et j'aimerai y retourner faire un grand tour et voir autre chose que les plages. D'ailleurs, mon compte Twitter s'appelle GaneshInParis : il faut savoir que Ganesh est le dieu de la chance, qui apporte la bonne fortune et enlève les obstacles, il faut que j'aille à sa rencontre car je crois qu'il m'a pas mal aidé au poker. J'ai aussi lu le bouquin d'un autre grand voyageur du poker, Jonathan Salamon, Récit d'un joueur itinérant, et j'ai trouvé ça super inspirant : un globe-trotter qui joue des parties mal famées pour vivre, c'est le genre de défi auquel j'adhère à 2 000 %, il fallait beaucoup de courage. Toutes proportions gardées, j'avais fait un peu pareil au Portugal.

Exergue Fausto 2
Au départ, d'où vient ta passion pour le poker ?

J'ai toujours beaucoup aimé les jeux, cet univers me plaît beaucoup. J'ai joué aux jeux vidéo Football Manager et Age of Empires, à des jeux de société, des jeux de rôle. Le poker, je l'ai découvert avec des amis pendant des vacances sur la Côte d'Azur. Un pote avait ramené une mallette, et j'ai ressenti des sensations énormes en ramassant mes premiers jetons, le côté gamble m'a beaucoup plu. Après je me suis mis à jouer sur le Net, et avec mes potes on avait l'impression d'avoir trouvé une mine d'or. On a progressé ensemble et on a monté les échelons, cela a fini par devenir une vraie passion.

Fausto SoukComment cette nouvelle vocation a-t-elle fini par devenir ton métier ?

J'étais à Sciences Po, donc j'étais promis à un avenir brillant dans la politique [rires], mais j'étais intéressé par d'autres choses. J'ai découvert la fête, la techno, je suis parti au Chili, j'écrivais déjà des carnets de voyages à l'époque, et quand je suis rentré, j'ai fait un stage à So Foot, puis j'ai enchaîné avec deux ans de formation en journalisme. En sortant, je voulais écrire sur des sujets qui m'intéressaient : le sport, la musique, le poker, alors j'ai regardé les médias qui en parlaient. J'avais déjà traîné sur le CP à une époque, mais je ne suivais pas les reportages de tournois. Fin 2018, j'ai envoyé un mail à Laurent Dumont [le boss du CP, NDLR]. On a discuté, il m’a proposé d’aller à Rozvadov pour couvrir le GP Germany, un tournoi pour amateurs à 220 € l'entrée. Et c'est dans l'avion qui m'emmenait là-bas que j'ai lu pour la première fois un coverage en entier. Moi j'étais chaud pour tout à ce moment-là, même un tournoi à 200 balles avec des Tchèques et des Allemands… Pour certains, ça aurait été une punition, mais de mon point de vue ce fut une expérience magique. Ça a été un tournant pour moi.

Parlons de ton père, que l'on connait tous au moins de loin puisque Michel Munz a co-écrit, entre autres, la saga La Vérité si je mens !. Tu n'as pas été tenté de suivre ses traces dans le monde du cinéma ?

Il m'a fait regarder beaucoup de films, je l'ai accompagné sur des tournages où j'ai rencontré des acteurs, j'ai fait des avants-premières... Pour l'anecdote, il m'avait un jour prêté un de ses vieux portables pour un stage de tennis et dedans il y avait tout son carnet d'adresses, avec notamment les 06 de Jean Dujardin et d'Alice Taglioni : tout le monde voulait que je balance les numéros ! Mon père a essayé de me transmettre sa passion, mais je ne suis pas aussi cinéphile que lui. Il m'a quand même donné le goût de la vie artistique, il m'a montré qu'on pouvait vivre de son écriture. Tous les jours, je le voyais à son bureau taper des scénarios : peut-être qu'il m'a légué un peu de ses talents... Aujourd'hui je me rends compte que la vidéo me tente beaucoup. Je ferais bien du documentaire, caméra à l'épaule.

Quelles sont tes références en termes de films sur le poker ?

Je ne suis pas un expert dans ce domaine, et mon père non plus même s'il a vu des millions de films. Ma seule référence, c’est Casino Royale. Pas vraiment un film de poker à proprement parler. Évidemment, les coups sont un peu surréalistes mais l’atmosphère est prenante et ça me dirait bien de jouer des parties privées de ce calibre et dans cette ambiance-là. Et James Bond qui repart avec la voiture et la femme de son adversaire après un joli coup avec brelan d’As contre brelan de Rois, ça c'est un joueur solide !

Fausto ReportageFausto concentré pour couvrir la table finale de l'UO Paris 2019 - Crédit photo : VIM/CP

Avec une dizaine de reportages live à ton actif, ta plume commence à être bien affûtée. C’est quoi un bon coverage poker, pour toi ?

Les meilleurs sont ceux qui ne parlent pas forcément de poker, mais plutôt d'une salle, d'un endroit. Il faut aussi amener les personnnages qui vont animer ton coverage comme des personnages de roman. Je me rappelle qu'à Rozvadov il n'y avait presque aucun joueur connu. Dans cette situation tu es obligé de créer ça pour que le reportage soit plus plaisant à faire et à lire. Le but est de mettre de la couleur et de raconter l'ambiance pour que les gens aient l'impression d'y être. Après, plus le tournoi avance, plus on va se mettre à parler de poker proprement dit, surtout sur un tournoi prestigieux. Et c'est bien de savoir en parler avec des métaphores filées, qui donnent un peu de magie. Sur le CP on est très libre dans notre écriture, c'est un kiff et les lecteurs le ressentent aussi.

Et toi, comment définirais-tu ton style d'écriture ?

Je pense que j'avais déjà un style à moi et que je l'ai importé dans mes coverages. J'aime bien les récits de voyage, quand tu as un rôle d'observateur, assez spontané et oral dans l'écriture sans trop faire dans le littéraire. J'essaie d'être décontracté, de ne pas me prendre au sérieux, le poker étant un prétexte pour parler de culture et d'ambiance. Il faut rapporter des trucs insolites. Mais je n'ai pas un style arrêté, je peux être influencé par une musique, par plein de choses.

Racontes-nous tes meilleurs souvenirs de coverages.

Le meilleur de mes coverages, c'était clairement le premier à Rozvadov. J'étais dans un casino dans une bourgade au fin fond de la République Tchèque en plein hiver, il faisait moins dix degrés dehors. Je me demandais ce que je foutais là, mais le côté découverte et le fait d'être seul faisait que je vivais une aventure de ouf, en mode Tintin. Je découvrais comment ça marchait, les rencontres avec les joueurs, en plus il y avait le cash game post-session, les Pils qui défilent au bar... Après on va pas se le cacher, on est bien mieux à Marrakech, je préfère le combo mojito, piscine et soleil. Mais tous les coverages sont cool, il y a moyen de kiffer partout. Par exemple, une des soirées que j'ai le plus appréciées, c'était à Marrakech : en fin de journée je parle avec Tristan Forge [un grinder Français installé là-bas], et il me propose de le retrouver à trois heures du mat' devant le casino Es Saadi. Il m'a embarqué avec ses potes dans les meilleurs établissements de la ville, comme le Raspoutine. On s’est régalé... Tu rentres à l'heure du petit dej', tu déglingues celui de ton hôtel, tu dors deux ou trois heures et puis tu repars au boulot.


En pleine découverte des coutumes et des stars marocaines...

Chez les joueurs, qui est le meilleur « client » que tu as rencontré autour des tables de poker ?

Il y en a deux qui me viennent en tête. Anas Tadini, forcément, car quand il entre dans une salle de poker c'est difficile de ne pas l'apercevoir : il a des épaules larges comme une maison, il parle fort, il n'hésite pas à rire aux éclats ou à pousser des coups de gueule. Le premier article que j'ai écrit sur lui, je le décris comme un personnage truculent, et je me souviens de mes collègues me disant : "Tu ne peux pas écrire ça sur lui, tu ne sais pas de quoi il est capable !" J'ai entrevu l'envers du personnage... Mais j'aime bien la team d'Anas à Marrakech, il y aura toujours des posts sur lui et ses potes. Le second "bon client", c'est Martin Kahbrel. Un tiers de mes papiers à Rozvadov, je les ai écrits sur lui. Pour le coup, c'est un des mecs les plus détestables du circuit : une pipelette insupportable qui rentre dans ta tête et arrive à la faire exploser. Mais là, j'étais admiratif de sa malice et de son vice... d'autant qu'il a gagné le tournoi ! Techniquement, il était incroyable, mais en plus il a écrasé la finale, il possédait 70% des jetons alors qu'ils étaient encore neuf joueurs, tout le monde avait déjà signé pour la seconde place en se prosternant à ses genoux. Bon, son attitude à la table ne réflète pas le poker que j'aime, mais il a fait craquer tout le monde. Ses adversaires n'en pouvaient plus. En plus il se prenait pour le roi du casino... La "vibe" était donc parfois mauvaise, mais au moins ça m'a donné de la matière pour écrire ! Pour le reste, un bon client peut aussi être un joueur complètement inconnu : je me souviens d'un Italien à Rozvadov qui hurlait à chaque double-up, qui offrait des bières à tout le monde et qui appelait sa mère en table finale.

Fausto PianoQu’est-ce qui te manque le plus dans la vie de couvreur ?

Il y a le côté assez cool d'atterir dans un hôtel à Marrakech et de se prendre un petit thé à la menthe au buffet du Palace Es Saadi, de se balader dans des grandes salles, de faire des pauses dans les jardins, de rencontrer les grandes gueules des casinos... Et on est tous des passionnés de poker, donc voir des mecs s'envoyer des parpaings pour aller chercher cent patates au bord d'une piscine, c'est kiffant. Et rencontrer les joueurs "IRL", c'est tout de même autre chose que juste les voir en photo ou suivre un pseudo.

En ce moment, les tournois live hibernent, et il n'y a donc plus de travail pour les couvreurs poker. Comment tu t'en sors ?

À défaut d'aller à Marrakech, je fais des comptes-rendus de festivals en ligne sur le CP. Ce n'est pas le même genre de taf, c'est moins fascinant mais on tient les gens au courant. Depuis l'an dernier, j'essaie aussi de me tourner vers la musique. Je bosse sur un podcast hip-hop, ce qui m'a pris beaucoup de temps entre les recherches, les interviews, les enquêtes et le montage. Le concept, c'est de donner la parole à des rappeurs qui racontent comment ils ont fait leur premier album. Les maquettes sont terminées, j'essaie de vendre le concept à des médias. On est obligé de se diversifier.

As-tu envisagé une éventuelle reconversion ?

J'ai trouvé le métier qui me plaît, alors pour l'instant je vais essayer de mener ma bataille dans le journalisme. J'ai mis beaucoup de passion dans mon podcast et j'espère que ça me permettra d'élargir ma palette et de réussir à faire parler de moi dans le journalisme musical. Je m'intéresse à d'autres choses mais c'est plus de l'ordre de la passion. Je ne vais pas devenir trader ou joueur de poker pro. Le but, c’est de trouver ma place dans le journalisme.

Fausto So FootFausto écrit aussi sur le ballon rond. On vous invite à lire son reportage sur les matchs truqués au sein du championnat albanais dans le numéro 166 de So Foot (mai 2019) - Crédit photo : Martin Garagnon/Poker52

Selon toi, le rôle des journalistes/reporters est-il reconnu à sa juste valeur dans l'industrie du poker ?

Je n'ai pas l'impression d'être négligé. On est les petites mains du poker, et la meilleure place est celle des joueurs, mais eux nous aiment bien, et sont très reconnaissants du travail effectué sur les médias poker. Les gens en parlent et nous suivent, la communauté a envie de contenu. Et comme le milieu est petit, les contacts se font facilement, tout le monde se connait, c'est assez fluide, tout est super calé, bien traité, et on essaie de se serrer les coudes entre nous, ce qui n'est pas forcément le cas partout dans le journalisme. Je suis assez content d'être journaliste poker.

Exergue Fausto 3

Fausto Lyon VertPour finir, que penses-tu du traitement du poker dans les médias généralistes ?

Il ne représente pas du tout la réalité du milieu. Même avant d'être dans le poker, je ne pensais pas que ce serait autant "à la cool". On dépeint le milieu comme un truc un peu sombre, et les médias généralistes veulent des histoires de triche ou autres car ils doivent faire du clic et du buzz. Ils n'ont pas la curiosité d'aller plus loin et ce n'est pas intéressant pour eux de parler d'autre chose que de cet aspect-là. C'est dommage car les parcours de certains joueurs sont très inspirants, et on peut tirer de bonnes leçons du poker. Mais ça ne me surprend pas. Si des médias font l'effort d'aller parler des joueurs et de s'intéresser aux transformations du jeu en ce moment, tant mieux, mais sinon, tant pis pour eux. Le poker reste un milieu de passionnés, il y a du beau contenu sur les sites spécialisés, sur Youtube, sur Twitch, et il n'a pas forcément besoin d'une exposition médiatique dans Libération ou Le Monde pour se développer. Et même avec l'énergie de l'ouverture des clubs de jeu ou du boom online entraîné par le confinement, les médias généralistes ne changent pas leur approche pour l'instant. Mais je suis sûr que des journalistes compétents vont faire leur travail, et peut-être alors que l'opinion du grand public évoluera.

Retrouvez les coverages et articles de Fausto alias cosmictrip sur le ClubPoker.

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