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[Interview] Michaël Abiteboul : portrait du (plus tout à fait) jeune homme en feu

Par dans

Acteur dévoué et joueur exalté, ce nouveau venu parmi nos WIP s'est livré au difficile exercice du double entretien poker et cinéma, avec plaisir, sans peur et sans tilt.

Michaël Abiteboul

Faut pas pousser Mémé dans les orties (crédit photo James Weston).

Pour tous ceux qui ont dévoré Le Bureau des Légendes, il est le Mémé de l'excellente série d'Éric Rochant. Pour d'autres, il est Cédric, l'un des membres de l'étonnante et déjantée bande des Crevettes Pailletées. Pour beaucoup sûrement, il est cette tronche de cinéma que l'on repère vite au deuxième plan, en essayant de se rappeler où on a pu la croiser. Second rôle endurci le long d'une carrière théâtrale, cinématographique et télévisuelle qui s'étend maintenant sur plus de vingt ans, et fraîche recrue au sein de notre écurie des WIP (Winamax Important People), Michaël Abiteboul est avant tout un passionné doublé d'un grand curieux, qui s'investit pleinement dans tout ce qu'il fait. Rencontre avec un acteur (et futur producteur ?) qui assume parfaitement son (second) rôle, mais sans jamais faire de la figuration.

Bonjour Michaël ! Commençons par LA question que tout le monde se pose : tu joues sous quel pseudo sur Winamax ?

Snowball. Je sais que ce n'est forcément un nom qui inspire la terreur et le respect mais c'est mon pseudo de gamer depuis longtemps. Ça date du temps où je jouais à WarCraft. Et c'est l'un des Warriors dans le film du même nom de Walter Hill (NDLR : Les Guerriers de la nuit en V.F.).

La rencontre avec le poker s'est faite à quel moment ?

On a commencé à jouer avec des copains autour de 2004. Il y avait un premier mini-boom du poker à peu près à ce moment-là. Ça s'est fait naturellement puisque j'ai toujours aimé les jeux de plateaux et bien sûr, jouer avec mes potes. En revanche, sur Internet ça me paraissait beaucoup plus obscur. Et puis ces dernières années, j'ai quand même eu envie de progresser, d'étudier le jeu plus en profondeur, d'être moins en dilettante. Il y a une science derrière le poker, d'ailleurs quand j'entends des phrases du style "Moi, je joue à l'instinct," ça me fait toujours marrer.

Le confinement a aidé dans ce sens ?

Complètement. On se faisait environ deux tournois privés par semaine sur Wina avec mon groupe habituel, à savoir un ami auteur/producteur et des amis d'enfance à lui (des gens qui ne sont pas forcément tous dans le cinéma)... mais je me faisais dégager assez vite ! Les mecs sont des machines de guerre, ils jouent trop bien pour moi, et c'était déjà le cas à l'époque où on se retrouvait en live. Alors face à ça, je me suis plongé dans des livres, des vidéos, notamment celles de la Poker School et les Dans la Tête d'un Pro. Et puis il y a un bouquin qui me passionne en ce moment, je le dévore, ça s'appelle Le poker au-delà du hasard, c'est une histoire romancée, construite comme une fiction, mais qui est en même temps assez technique [NDLR : signé de l'excellent Alexis Beuve, aussi auteur du premier vrai bon livre de poker en Français, L'illusion du hasard]. Le livre suit le trajet d'un joueur confirmé qui en rencontre trois autres dans un cercle de jeu. Ils sont bien meilleurs que lui mais décident en quelque sorte de "l'épargner" et même de débriefer avec lui leur partie, en démontant pas mal de ses arguments et de ses idées reçues. Là-dessus, il vont ensuite lui proposer de lui apprendre chacun leur style de poker (grossièrement mathématique, risqué et psychologique), dans une sorte d'association qui rappelle un peu celle des Trois Mousquetaires avec d'Artagnan. À partir de là, le défi pour le héros sera de les battre un à un.

Michaël Abiteboul - Crevettes Pailletées #1

Quand tu sautes à la bulle d'un Double or Nothing.

Parfaite transition pour te demander quel type de joueur tu es, toi.

En ce moment je joue plus safe. J'essaie de plus comprendre la table, analyser la dynamique, le temps d'avancer de mon côté sur la maîtrise du jeu. D'ailleurs, en parlant de progression, j'ai fini par comprendre que le bluff ne sert pas à grand-chose, que l'on peut jouer au maximum sur les erreurs de ses adversaires. Et je connais moi-même très bien ce fameux moment de frustration où tu lâches le bon vieux "Pfff, put*** !" En tout cas une chose est sûre, je n'ai jamais autant joué que pendant le confinement. Je me suis pris de passion dernièrement pour les Double or Nothing. Se maintenir en vie sans chercher la gagne à tout prix, ça me parle. À l'inverse, sur les tournois, ce n'est pas fameux. J'ai un problème avec la durée, je préfère les formats courts. Mais globalement, il y a un vrai côté ludique sur Winamax qui me plaît beaucoup.

Et alors, des perfs à célébrer pendant ce confinement ?

Eh bien oui, j'ai gagné le Tea Time et j'ai fait troisième de La Fièvre ! Enfin ça, c'est dans mon pays imaginaire. [Rires] Au risque de décevoir... rien du tout ! Pourtant j'aurais adoré te répondre autre chose. Cela va prendre un peu de temps, mais j'ai envie de passer à un poker plus sérieux, plus travaillé. Mais ça ne me fait pas peur de m'y mettre maintenant : je viens de commencer la guitare, c'est dire !

Est-ce qu'il n'y aurait pas un parallèle à dresser entre le joueur de poker et l'acteur, notamment concernant le comportement à table, jouer à être quelqu'un d'autre ?

Au poker, il faut maîtriser ses nerfs et son image. Jouer au poker avec des acteurs peut être très marrant et/ou très éprouvant. Ça bluffe beaucoup, ça met des coups de pressions et il peut y avoir beaucoup de parlotte, d'enfume. C'est marrant mais ça peut brouiller une partie. Cela dépend aussi beaucoup contre qui tu joues : certains restent en représentation tout le temps, que ce soit à la table ou ailleurs. Je me dis parfois que cela doit être assez épuisant.

Michaël Abiteboul - Crevettes Pailletées #3

Le roi de la classe, style le grand playboy des fonds-marins.

Pendant presque trois mois, comme beaucoup d'autres, l'industrie cinématographique s'est arrêtée. Qu'est-ce que ça fait un acteur au chômage technique pendant tout ce temps ?

Pour être honnête, je me suis surtout employé à ne rien faire ! Un événement dans la journée, quel qu'il soit, c'était le climax. Plus sérieusement, j'ai aussi passé beaucoup de temps avec mon fils et c'était génial. Et pour le reste, j'ai fait comme beaucoup de gens : j'ai rangé, j'ai lu, j'ai regardé des films, j'ai fait de la guitare et j'ai joué au poker. Cela m'a quand même permis d'avancer sur un projet que je mûris depuis un an avec un de mes frères : monter notre boîte de production pour y développer des films et des séries. Au fil des années, à force de jouer, j'ai commencé à m'intéresser aussi à tout ce qui se passait hors-champ, de toute l'industrie autour qui permet à un moment précis de réunir un, deux ou plusieurs acteurs devant une caméra et, dans ce moment suspendu, de donner l'illusion du réel. Quand on y réfléchit deux secondes, c'est fou ce qu'il faut réunir de talents extrêmement pointus pour que les acteurs puissent "jouer" et oublier justement toute cette infrastructure qui les entoure. Chaque film nécessite des mois voire des années de préparation. Alors oui, j'adore jouer et j'adore mon métier d'acteur mais j'ai aussi envie d'accompagner un projet d'un bout à l'autre. Des premières lignes d'écriture jusqu'à la dernière retouche en post-production. Dans l'ensemble, j'ai l'impression qu'autour de moi, beaucoup de personnes ont pris le temps de remettre des choses en question sur leur vie. On a été obligé de prendre notre temps, de nous mettre sur pause, de réfléchir à nos envies, ce que l'on ne fait jamais ou en tout cas rarement en général. Je ne serai pas étonné de voir prochainement des changements de cap radicaux dans les vies de certaines personnes.

Maintenant que la situation semble évoluer dans le bon sens et que s'amorce un début de retour à la normale, quels sont tes projets pour le reste de l'année ?

Pour commencer, je dois reprendre fin juin un tournage qui a été interrompu mi-mars. Il s'agit de l'adaptation en fiction de l'Affaire Grégory Villemin, sous la forme d'une série pour TF1 qui s'appellera Une Affaire française. C'est un projet que je trouve très enthousiasmant, ambitieux et qui va porter un autre regard sur cette terrible histoire qui continue aujourd'hui de passionner et interroger les Français. On devait le terminer en mai, j'imagine que la fin s'annonce désormais plutôt pour septembre. En revanche, je n'ai pas encore beaucoup de visibilité sur le reste de l'été. Je serai au théâtre en décembre, au Rond-Point, pour The Normal Heart de Larry Kramer (le fondateur d'ACT UP, décédé récemment), une pièce en grande partie autobiographique qui raconte la montée en puissance du SIDA à New York dans les années 1980 et le combat de Ned Week, un écrivain activiste qui est un peu l'alter ego de Kramer. J'y jouerai Ben, le frère de Ned, joué lui par Dimitri Storoge, dans une mise en scène de Virginie de Clausade. Je suis hyper heureux de revenir au théâtre avec cette pièce. J'ai une formation classique et pendant mes 10-12 premières années dans le métier, c'est là où je me produisais principalement. Le cinéma et la télévision sont venus plus tard et je crois qu'il est bon de revenir régulièrement aux bases de notre métier, à savoir le jeu sur un plateau face à un public. Sans filet, sans deuxième prise, sans montage. Le jour d'une première, on a souvent la même sensation que l'on doit avoir dans un manège à sensation de fête foraine : "Mais bordel comment j'ai pu dire oui et me retrouver là ?" Et puis passé cette première fois, on en redemande !

Parmi la dernière vague en date de mesures qui ont été annoncées par le Premier Ministre figure la réouverture des cinémas le 22 juin. Qu'est-ce que ça t'inspire ? Les salles t'ont manqué ?

Ça m'a vachement manqué ! Avec mon fils on adore se lever tôt et partir en vélo ou en skate pour assister aux séances du matin au MK2 Bibliothèque. Et c'est ce qu'on fera, peut-être dès le 22 ou le 23, symboliquement. En tout cas ce sera un réél plaisir d'y retourner et d'y acheter des disques, des bonbons ou des trucs complètement inutiles (et donc formidables) dans la boutique. En général, j'essaie d'aller voir beaucoup de films. Les premiers films de réalisateurs français notamment, m'intéressent particulièrement. Après, ça c'est la version officielle. On adore aussi aller voir de bonnes grosses bouses où tout explose de partout ! Et parfois, mon fils a bien meilleur goût que moi : il est acteur également et a tendace à préférer les films d'auteurs. Et puis au-delà de ça, il y aura un vrai charme à retrouver les terrasses et avec un peu de chance les gens seront tellement content de se retrouver qu’ils seront un poil plus sympas les uns avec les autres. Moi y compris.

Michaël Abiteboul - Tu Honoreras ta mère et ta mère

Sur la route du MK2.

Tu as été pompier dans Les Hommes du feu, docteur dans la série Les Bracelets rouges ou encore gendarme dans L'Intervention : c'est ta façon de rendre hommage au service public ?

La vérité c'est que c'est à chaque fois l'occasion de s'immerger dans un milieu qu'on ne connaît que de loin, de s'en imprégner. D'aller là où normalement on n'a pas le droit d'aller. De passer cette porte où il y a marqué : "Interdit au personnel non autorisé". Et ça permet parfois de se sentir un petit peu plus légitime, d'avoir de meilleurs réflexes ou automatismes. De ne pas débarquer comme une fleur le premier jour de tournage en attendant qu'on nous montre tout. Pour BAC Nord par exemple (NLDR : le prochain film de Cédric Jimenez, initialement prévu pour cette année, avec notamment Gilles Lellouche, François Civil et Karim Leklou), j'ai pu aller passer un peu de temps avec un copain des Stups et des gars de la BAC de Paris. À chaque fois, j'y vais sans a priori, je me fais discret, je regarde et j'apprends. Et puis c'est bien aussi d'échanger avec eux, de voir la complexité de leur quotidien. Ils sont en général curieux de notre métier et nous du leur et l'expérience est extraordinaire à chaque fois. Pour Les Hommes du feu de Pierre Jolivet, on a pu passer du temps et se former dans une caserne à Bram dans le Tarn, où on a ensuite tourné. Je ne voulais plus partir tellement je m'étais attaché à eux ! Le troisième jour de formation, la sirène a retenti en plein déjeuner : c'était un feu dans un champ de blé. J'ai entendu "Équipe-toi, tu viens avec nous !" J'ai mis dix secondes à réaliser et puis j'ai bougé mes fesses. Ça a duré six heures. Six heures dans leurs pas à courir, dérouler les lances et parfois en tenir une face aux flammes. J'en suis ressorti épuisé mais heureux... pour finir par un bizutage à la lance à incendie au retour à la caserne. Je faisais partie de la famille. Donc oui, pour tout ça, pour ce genre d'expériences, notre métier peut aussi être génial. Évidemment, il en faut en avoir envie. Parce que c'est du temps en dehors du tournage. Du temps que l'on donne, nous comme eux.

Michaël Abiteboul - Pompiers

Who you gonna call?

Pour finir, une tradition : donne-nous ta table 6-max de rêve, avec en plus de toi, cinq personnalités, réelles ou fictives, qu'elles soient encore de ce monde ou non.

Haha, c'est difficile au débotté ! Alors il y aurait Desproges en face de moi qui préside, Jean-Pierre Marielle à ma droite, Jean Rochefort à ma gauche et enfin Victor Lanoux et Guy Bedos. Toute la bande d'Un Éléphant ça trompe énormément en fait (sauf Desproges qui est un joker), parce qu'on doit bien se marrer avec eux ! J'en parle au présent parce qu'évidemment ils sont éternels grâce au cinéma. Et puis j'ai une tendresse pour les seconds rôles qui sont aussi parfois des premiers. C'est formidable les seconds rôles au cinéma quand ils sont bien écrits, les méchants aussi d'ailleurs. Ça n'engage que moi évidemment, mais il peuvent être bien plus drôles à jouer dans certains films que les héros. Et si je pouvais monter une deuxième table dans un style complètement différent, je rêverais de me retrouver au milieu de ce fameux club de jeunes réalisateurs surdoués des années 80 : Steven Spielberg, Martin Scorsese, Brian De Palma, Francis Ford Coppola et George Lucas. Juste pour le plaisir de les entendre parler de cinéma entre eux.

Crédit photos : allocine.fr.

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Adorateur de Cheick Diabaté. Goûteur semi-professionnel de reblochon. Enchaîne les tapis. Finit souvent carpette.

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