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Interview de Simon Fourcade

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Le plus expérimenté des biathlètes tricolores, Simon Fourcade, donne sa vision sur l'évolution du biathlon tout en revenant sur la saison de son frère, Martin, étendard de l'excellence française.

Simon Fourcade

Comment as-tu commencé le biathlon ?

J’ai commencé le biathlon dans un club, dans les Pyrénées. Mon père était maître-nageur, il a voulu devenir accompagnateur en montagne donc on a déménagé de Perpignan à Font-Romeu. C’est là que j’ai pris une licence dans un club de ski de fond. J’ai alors participé à une activité biathlon et ça s’est fait comme ça. Je ne connaissais pas vraiment ce sport à la base, je n’étais pas vraiment passionné à l’origine mais finalement l’amour est venu avec la pratique.

Comment se passe le quotidien d’un biathlète, entre la préparation et la compétition ?

Il faut savoir que la saison se termine le 10 avril et que l’on reprend le 1er mai. Les gens pensent parfois que l’on ne s’entraîne que l’hiver mais ce n’est pas du tout le cas. On a une préparation d’environ 6-7 mois avant d’entamer la saison d’hiver. Pour le reste, ce sont des entraînements biquotidiens avec des exercices de vélo, ski-roues, course à pied et musculation, essentiellement des sports d’endurance.

Le gros de notre préparation s’effectue l’été, de mai à Octobre, car ensuite les compétitions s’enchaînent très vite pendant l’hiver. On fait surtout de la récupération entre les courses pendant l’hiver. Pour la partie physique, on tourne entre 780 et 850 heures d’entraînement par an.

Que penses-tu de l’évolution de ton sport ?

Je suis arrivé il y a un petit peu de temps maintenant, j’ai eu la chance de connaitre plusieurs générations de biathlètes et donc de voir l’évolution de la discipline. À l’international, le biathlon n’a pas tellement changé, notamment dans des pays scandinaves ou l’Allemagne où le biathlon était déjà très développé. Il y a eu une accélération de la notoriété et de la médiatisation de notre sport avec les résultats de mon frère essentiellement, et toute la part de communication qu’il a amené au sein de notre discipline. Des médias comme l’Equipe se sont intéressés à notre sport suite à cela.

Comment expliques-tu le succès médiatique de cette discipline ?

J’ai toujours su que le biathlon avait intrinsèquement un fort potentiel en termes de médiatisation. C’est un feuilleton qui se renouvelle toutes les semaines et où les choses peuvent changer à tout moment avec le tir. Il y a énormément de suspense. J’étais convaincu que ça pouvait énormément plaire. Il fallait un déclic, un grand champion et je crois que Martin a été ce déclencheur qui a fait que notre sport a pris une autre ampleur en France.

Ton frère Martin est une véritable star. Quel est le secret pour être une famille de champions ?

(Rires) Chez nous, on s’est très vite passionné pour les sports outdoor, comme notre père. On a passé énormément de temps en extérieur, on a un contact privilégié avec la nature. Je crois qu’il ne faut pas avoir peur de passer du temps en montagne et sur les routes, ne pas craindre non plus les intempéries car il faut savoir jouer avec les conditions météorologiques. Ensuite, je pense que notre réussite est issue d’une grande part d’envie, avec très certainement un grand frère – moi-même – qui a su transmettre à son petit frère – Martin – un intérêt commun pour la même passion.

La France est une nation majeure du biathlon. Pourquoi ?

Je pense qu’un effet boule de neige s’est produit. Par le passé déjà, la France avait de très bons résultats. On a toujours fait partie des cinq meilleures nations mondiales. Ensuite, je trouve que l’on a un système de formation en France qui laisse le temps aux jeunes de se développer. Puisque l’on n’a pas un nombre de licenciés excessif comme ça peut être le cas en Norvège, en Russie ou dans d’autres pays, on ne crame pas nos athlètes. Les jeunes ont tout le temps d’éclore et de sortir prêts à performer. On le voit notamment cette année avec quatre mecs qui figurent dans les premiers au classement. On a vraiment une équipe solide avec un leader incontesté, Martin, et des individualités qui peuvent venir combler les trous dans les moments où le leader traverse des périodes compliquées.

Quelles sont tes ambitions actuellement ? On rappelle que tu as débuté l’hiver en IBU Cup…

Mes ambitions étaient claires en début de saison : je voulais remonter sur le circuit international. C’est chose faite avec les bons résultats que j’ai obtenus en IBU Cup. En janvier, je monte sur Oberhof et Ruhpolding.

La seconde étape pour la suite de la saison, ça va être d’essayer d’obtenir une qualification pour les championnats du monde. Ce ne sera pas une tache simple puisque quatre athlètes sont nettement en forme cette année. Il faudra performer pour prendre une des places restantes sur le sprint et la poursuite des championnats du monde, et plus si affinités…

Tu as remporté un beau succès en Autriche qui pourrait peut-être te permettre de renouer avec l’Equipe de France A…

Oui, forcément, ça donne envie de retourner avec eux ! En plus, j’ai effectué toute ma préparation estivale avec les gars. Ça va être un réel plaisir de pouvoir monter et de les retrouver.

Quel est ton plus grand fait d’armes ?

C’est compliqué… Je dirai que mon plus beau fait d’armes reste mon titre de vice-champion du monde à Ruhpolding en 2012. C’étaient des championnats du monde magiques où l’on s’est partagé beaucoup de médailles et de podiums avec mon frère. C’est l’un des très bons moments de ma carrière, durant lequel j’ai enchaîné une multitude de bonnes performances consécutivement.

Il y a les résultats mais il y a aussi les courses. Parfois, on estime en avoir réussi certaines même si les autres ont été meilleurs. Je pense à une course en particulier, en Suède, avec une neuvième place anecdotique. C’était certainement l’une des plus belles courses de ma carrière. Si on omet le résultat sportif, c’était vraiment une course pleine. 

Te vois-tu continuer aussi longtemps que Ole Einar Bjørndalen ? On a pu lire que tu avais pensé à la retraite récemment…

Alors non, c’est sûr que non ! J’ai déjà 34 ans… J’estime avoir de bonnes lignes à mon palmarès… J’ai d’autres projets, qu’ils soient professionnels ou familiaux par la suite. Je pense que mon avenir, la saison prochaine, ne sera pas forcément dans le biathlon en tant qu’athlète. Beaucoup de choses dépendront quand même de cette fin de saison car, dans le fond, j’aimerais continuer jusqu’aux championnats du monde d’Antholz-Anterselva l’an prochain. C’est là-bas que j’ai effectué mes premiers championnats du monde, je trouve que ce serait un joli symbole de pouvoir terminer sur ce même lieu un peu plus de treize ans après…

Quel est ton favori sur la saison qui a débuté ?

On va dire que Johannes a déjà planté de très belles bases de manière à se positionner en tant que favori. Je sais par expérience que les Norvégiens ont tout le temps tendance à commencer la saison sur les chapeaux de roues et à faiblir un petit peu par la suite. C’est l’inverse de mon frère qui pour sa part a tendance à monter en puissance au fur et à mesure des courses. Il faudra voir comment se passe la fin de saison mais j’ai quand même peur que Johannes ait tiré suffisamment avantage des petits passages à vide de mon frère durant ce début de saison pour pouvoir asseoir sa domination sur le classement général. Après, il peut avoir un coup de mou… Mine de rien, en biathlon, tout est possible !

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Session one-shot « Biathlon »

Tir couché ou tir debout ? 

Debout !

Sprint ou poursuite ? 

Poursuite !

Relais ou Mass Start ?

Mass Start !

Quentin Fillon ou Emmanuel Macron ?

(Rires) Quentin Fillon !

Trop de ski ou Trotsky ? 

Hum, même si je ne suis pas libéral, je ne suis pas Trotsky non plus donc trop de ski ! (Rires) 

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