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Interview de Paul Bernardoni

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Il n'a pas eu besoin d'utiliser FaceApp pour se vieillir : Paul Bernardoni n'a que 22 ans mais déjà l'assurance d'un vieux briscard dans les buts.

paul bernardoni

Cet été, au sortir d'un championnat d'Europe espoirs réussi (demi-finaliste et qualification pour les Jeux Olympiques), Paul Bernardoni a eu le choix entre rester à Bordeaux ou continuer avec Nîmes. Il a fait le choix de prolonger l'aventure avec les crocodiles. Un décision sage pour un gardien gentiment chambré pour son âge sur les réseaux sociaux. 

Comment c’était le football dans les années 60 ?

Ah ! Les poteaux carrés, tout ça… La belle époque… Il n’y avait pas Twitter en ce temps-là.

Comment prends-tu les blagues sur ton âge ?

Très bien ! Elles me font rire, j’ai beaucoup de recul sur ça. Je préfère jouer sur cette image et interagir avec les internautes, même si je ne traîne pas si souvent que ça sur les réseaux sociaux. Je préfère me poser devant le Tour de France ou promener mon chien ! Le community manager de Nîmes m’a même chambré sur mon âge dans un tweet. Bien sûr, il m’avait demandé l’autorisation.

C’est important d’avoir du second degré dans un milieu où la communication est très contrôlée ?

J’ai une agence – Circle Business – qui s’occupe de certaines choses (la publication des tweets, les fautes d’orthographe), mais je contrôle tout. Dans ce milieu, je pense qu’il faut se prendre au sérieux sans l’être vraiment. Le public attend que tu joues de ton image, il te taquine, et je le prends bien car cela me fait rire. Même s’il y a parfois des attaques agressives dans le tas.

Tu n’es pas né dans les années 60… mais t’intéresses-tu à l’Histoire du football ?

Je regarde beaucoup de vidéos sur mon poste, comme des tops arrêts de gardiens connus. Je suis fan de Grégory Coupet, c’est mon idole. Il dégageait une assurance extraordinaire. Edwin Van der Sar, lui, je l’admire pour son jeu au pied. Je regarde aussi des tutoriels sur les équipements, le matériel, les protections à mettre à l’entraînement, etc. Je recueille des avis, je m’intéresse à tout, ça peut faire la différence à mon poste. Mais je ne suis pas un obsédé du foot : si j’ai le choix entre L’amour est dans le pré ou bien un match, je peux choisir L’amour est dans le pré.

Aujourd’hui, les gardiens percent de plus en plus jeune. Comment l’expliques-tu ?

On fait de plus en plus confiance aux jeunes car le foot moderne veut ça. Un jeune joueur titulaire, on peut vite le revendre et gagner de l’argent dessus. C’est le business. La CFA est devenue un championnat vraiment relevé, donc le saut au niveau supérieur est moins exigeant qu’avant pour un jeune gardien.

N’est-ce pas trop de pression de gérer une défense à 20 ans et de se faire respecter par des défenseurs trentenaires ?

À Troyes, à 17 ans, il y avait des vieux devant moi, des mecs de 32 ans, ou même Benjamin Nivet ! Florian Jarjat m’avait dit un truc qui m’a marqué : « Si tu dois nous chier à la gueule, chie nous à la gueule. 17 ans ou pas, rien à foutre. » Il faut se dire les choses ! Maintenant, je demande à mes défenseurs de se parler, eux et moi. Si je fais une erreur, ils doivent me le dire, même si je viens de réaliser un super arrêt avant. C’est un poste à responsabilité, il faut l’assumer.

Quel est ton style dans les buts ? Détendu du slip à la Barthez ou hyper concentré ?

(Rires) Avant les matchs, je suis détente, je me relaxe. Puis je me concentre en m’échauffant. Je rentre dans ma routine, je me mets dans mon match. J’ai quelques habitudes et je n’aime pas en changer : toucher la barre, suivre le même régime alimentaire, etc.

Pourquoi as-tu voulu continuer avec Nîmes ?

Je voulais continuer à jouer, tout simplement. Pour progresser. Pour un gardien de 20-22 ans, l’important est de jouer. C’est le temps de jeu qui a dicté mon choix. Avec l’Euro espoirs, j’ai fini tard, le 28 juin, puis j’ai enchaîné par quinze jours de vacances. Vu le timing, c’était beaucoup plus simple de reprendre avec Nîmes, car changer de club demande un temps d’adaptation. Je voulais également enchaîner une seconde saison dans un même club pour la première fois de ma carrière.

Quel est l’objectif de Nîmes cette saison ?

Se maintenir le plus rapidement possible. Il sera ensuite temps de viser plus haut, comme l’an dernier. Mais la priorité est bien le maintien. Des joueurs importants sont partis, comme Téji Savanier. On a eu la chance de l’avoir la saison passée mais ce transfert pouvait difficilement se refuser, car Nîmes a l’un des plus petits budgets du championnat. Je connais plusieurs des nouvelles recrues : avec Clermont, j’ai affronté Zinedine Ferhat au Havre et Romain Philippoteaux à Auxerre. On est contents de les avoir avec nous !

Session One-shot

Ton Bernard préféré ?

Bernard Hinault.

Le moment de ta carrière que Bernard Montiel aurait pu présenter dans Video Gag ?

Mon premier match avec Bordeaux (ndlr : une défaite 3-0 contre Lyon avec une faute de main).

Comme Bernard Pivot, lis-tu beaucoup de livres ?

Eh bien j’ai commencé l’an dernier ! En déplacement, comme je ne suis pas très Playstation, je me plonge dans la lecture pour m’occuper. J’ai lu la biographie de Christian Prudhomme et La Nuit du renard de Mary Higgins Clark.

Comme Bernard Hinault, comptes-tu bientôt escalader le Ventoux ?

Mais je l’ai fait l’an dernier ! On s’était fixé un défi avec plusieurs de mes coéquipiers, Paquiez, Briançon, Bobichon, Valls… J’ai terminé avant-dernier mais l’objectif était ailleurs. Grimper une côte de 10 % avec vent de face. Dépasser ses limites. C’était tellement dur !

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Maxime

Né en 1984 le jour d'une victoire 5-0 de l'équipe de France contre la Belgique, je prends depuis les années les unes après les autres sans me poser de question. Aime l'ASSE mais aussi le football.