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Interview de Mathias Coureur

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Globe-trotter du foot, Mathias Coureur a posé ses valises au Kaysar Kyzylorda, au Kazakhstan, où il cartonne. Espagne, foot de l'Est, Martinique, joies et déceptions : un parcours atypique pour un joueur attachant.

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Crédit photo : Alanig Keltz

Parle-nous d'abord de tes débuts en France, de ta formation au Havre et ton passage au FC Nantes. Là-bas, cela ne s'est pas passé comme prévu. Pourquoi ?

Je suis parti à 12 ans de chez moi. J’ai beaucoup pleuré à l’époque, je me souviens. L’année précédente, Amiens voulait me recruter, mais mes parents avaient refusé parce que j’étais trop jeune. Et lorsque j’ai eu une deuxième opportunité, je leur ai bien fait comprendre que je ne laisserai pas passer l’occasion ! J’avais des propositions de plusieurs clubs en France, mais j’ai choisi Le Havre. Sans regret ! J’ai passé six ans et demi là-bas. Cinq années géniales, puis une année et demi plus compliquée, puisqu’on me faisait comprendre que je passais au second plan. Donc je suis parti à Créteil, à côté de chez moi, ou tout s’est bien déroulé. Comme à Beauvais, en National, où j’ai fait 6 mois au top avant de signer à Nantes le jour du match Nantes - Le Havre. Cela devait être une belle histoire, mais finalement cela s’est très mal passé. Dès le premier entrainement avec les pros, je sens bien que le coach ne veut pas de moi, que je ne suis pas son choix. Moi j’étais jeune, et moralement cela m’a mis un gros coup. Après, je n’ai certainement pas réagi de la bonne façon à l’époque. J’aurais dû lui montrer que j’étais capable de jouer à ce niveau-là, qu’il devait croire en moi. Les torts sont partagés dans cette histoire. C’est 50 % de ma faute, et 50 % de la faute du club qui m’a fait croire que je venais là pour remplacer Da Rocha, que j’aurai du temps de jeu, etc… C’est le plus gros échec de ma carrière, parce que cela aurait pu être un vrai tremplin pour moi. Après ce passage à Nantes, j’ai galèré. Et en grande partie par ma faute, je le répète.

Après des passages réussis en Espagne, une courte pige en Martinique, tu décides d'aller au-delà du Mur : direction l'Europe de l'Est ! Première année à Cherno More Varna en Bulgarie, où tu remportes la Coupe Nationale. Expérience folle, non ?

En Espagne, tout va pour le mieux dans mes deux premiers clubs. Durant deux années de suite, on passe tout près de la montée en seconde division. D’ailleurs à l’Atletico Baléares, je suis élu meilleur joueur par les supporters et termine meilleur passeur décisif. Mais après, j’ai un peu craqué, pour plusieurs raisons, et j’ai décidé de rentrer en Martinique. Je voulais arrêter ma carrière. En venant me ressourcer auprès des miens, je me suis rendu compte de la chance que j’avais d’être footballeur. Donc je repars en Espagne, toujours en troisième division. Paradoxalement, cela ne se passe pas au mieux, mais cette fois, je ne lâche pas l’affaire ! Je bosse en plus des entrainements, je réagis comme un vrai professionnel. Je reçois un appel pour aller jouer en Bulgarie. J’y vais direct. Au départ, je ne joue pas trop. Puis le coach m'installe titulaire, et là je sors une très grosse saison. Je termine meilleur buteur du club, on gagne la Coupe de Bulgarie ! L’année d’après, on remporte la Supercoupe, je termine encore meilleur buteur du Cherno More Varna. Je suis élu meilleur joueur par les fans, les journalistes. Bref, un truc de malade. Plus que ça, je pense que c’est la meilleure chose qui me soit arrivée dans ma vie. Je ne pense pas que j’aurais un jour la chance de revivre ça dans un autre club. Pour l’anecdote, il y a des supporters qui ont milité pour donner mon nom à une tribune, car selon eux j’étais devenu une légende ! Tu vois un peu ? C’est le genre d’expérience complètement inattendue qui te marque à jamais. J’aurais préféré le vivre en France, mais malheureusement je n’ai pas eu cette chance. Donc je remercie infiniment la Bulgarie et le Cherno More Varna, ainsi que la ville de Varna pour ces moments de dingues.

Tu sors d'une première saison pleine avec Kaysar Kyzylorda, 32 matchs et 6 buts au compteur. À quel niveau situerais-tu le championnat kazakh ? 

Oui, superbe première saison. Pas vraiment au niveau des stats, mais plus pour le jeu produit, de mon apport pour l’équipe. J’ai quand même terminé meilleur buteur avec six buts seulement ! D’ailleurs, mon club a reçu une proposition des L.A Galaxy il y a quelques semaines. Preuve que je n'ai pas si mal joué et que le championnat kazakh peut être un « tremplin » si tu fais les efforts. J’espère faire encore une belle saison, mais en scorant un peu plus, cela serait génial. Même si ce dimanche-là, j’ai déconné en loupant un but tout fait dans les dernières minutes du match. Mais cela peut arriver. Je suis un esthète, un amoureux du football. Je ne suis pas obsédé par les stats, même si je sais que c’est primordial, surtout pour un attaquant.

Les loisirs au pays de Borat et Vinokourov, ça donne quoi ?

Pour tout t'avouer, il n'y a pas grand-chose. Au Kazakhstan, contrairement à la Bulgarie, je sors peu. Notamment parce que les gens ici peuvent parfois te mettre mal à l’aise. Comme ils n’ont, pour certains, jamais vu un homme de couleur de leur vie, ils t’interpellent dans la rue pour prendre une photo. Pas parce que tu es footballleur mais parce que tu es noir ou métis ! En fait, c’est plutôt une question de culture et d'ignorance que du racisme pur. Comme il y a plusieurs Français dans l’équipe, on est souvent ensemble, même si on se marre bien avec tous les joueurs, Kazakhs ou pas. La mentalité est différente mais les gens sont gentils.

Tu es né à Fort-de-France et tu as même évolué en équipe de Martinique. Peux-tu nous en parler ? 

Effectivement, et très fier d’être martiniquais ! La sélection me tient à coeur, mais l’entente est loin d’être parfaite entre le staff et moi pour une histoire idiote, une phrase que j’aurais exprimée dans les médias et qui ne leur a pas plu… Alors que moi, je veux juste faire avancer mon île. Ils ont d’ailleurs un peu changé leur fusil d’épaule depuis quelques temps sur la gestion du groupe.
Cela a été une fierté incroyable de porter ce maillot. J’espère un jour avoir la chance de rejouer pour mon île, même si c’est mal embarqué. J’espère sincèrement que l’équipe continuera d’avancer et que des gens comme Frédéric Piquionne, qui ont enfin l’importance qu’ils méritent dans cette équipe, vont pouvoir aider cette sélection à se professionnaliser et a être plus attractive. 

Pourquoi peu de joueurs natifs des Antilles passent-ils le cap du haut niveau ?

Ils ne passent pas le cap parce que les joueurs locaux sont très loin de la France et l’île n’a pas réussi a créer des partenariats forts avec des clubs de Ligue 1 notamment. Nous n'avons pas cela, bien que nous ayons certainement un plus gros potentiel de joueurs qu'en Guadeloupe… Il faudrait aussi que la France nous laisse la possibilité de devenir une équipe FIFA. Des destins peuvent changer grâce à la sélection, comme Kevin Parsemain ou Jordy Delem, qui ont réussi à signer en MLS suite à leurs bonnes prestations en Gold Cup.

As-tu des projets en cours pour l'île ?

Déjà, je le répète, mais la sélection martiniquaise a été une super opportunité de découvrir de nouveaux horizons, d’autres football. Malheureusement, j’ai appris que des responsables de la Ligue martiniquaise avaient des soucis avec moi, pour des raisons que je ne connais pas vraiment puisque ce sont des paroles qui m’ont été rapportées… Je suis ouvert à la discussion. Pour l'instant, cela ne me permet pas d’aider ces jeunes martiniquais à signer pro en Europe. Donc c’est dommage. Mais je crois en l’avenir et j’espère vraiment pouvoir trouver un moyen d’aider notre jeunesse. Et si ça ne se fait pas en Martinique, j’aiderais alors des gens de ma ville, de mon quartier, afin qu’ils puissent réaliser certains de leurs rêves. C’est encore un peu flou mais j’avance dans le processus.

Ton club favori, le PSG, désormais éliminé, qui vois-tu remporter la Ligue des Champions cette année ? 

Ah oui… Mon coeur s’est brisé lors de l'élimination contre le Real ! L’année dernière, j’en ai pleuré. Cette année, j'ai failli lâcher ma larme aussi. Je vois bien le Barça aller au bout. Messi est chaud encore cette année. S’il décide de gagner, il gagne ! Comme je me définis comme un joueur qui aime le ballon, je vais dire Barcelone. Après, le Barça, ce n'est pas trop compliqué. Si tu ne sais pas quoi faire, tu donnes le ballon à Messi. Mais ça me semble assez ouvert cette année, donc on verra bien !

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Session one-shot « Coureur rapide »

Thierry Henry ou Nicolas Anelka ? 

Anelka ! Une idole de jeunesse et un exemple de réussite. C’est le Al Pacino du football ! Parti de rien, pour arriver tout en haut en restant lui-même.

Beignet antillais ou yaourt bulgare ? 

Tu me poses vraiment la question (rires) ? Team beignet antillais à fond ! Désolé pour mes amis bulgares !

Union Soviétique ou USA ? 

USA !

Ta série préférée ? 

Ma série du moment, c’est « La Casa de Papel » ! Cette série m’a rendu dingue, j’ai dévoré tous les épisodes pendant la préparation d’avant-saison en Turquie ! Après, la série indémodable que je peux regarder tous les jours sans problème, c’est « H ».

Le club de Ligue 1 ou à l’étranger dans lequel tu te vois bien jouer ? 

Le PSG, évidemment ! C’est l'un des rêves que je ne pourrai jamais réaliser. Je n'ai jamais rêvé de Barcelone, du Real, de Manchester United etc… Depuis que je suis tout gamin, c’est le PSG et rien d’autre. Et depuis mes premières interviews, je n'ai toujours parlé que du PSG, tu pourras vérifier. 

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Maradodine

Parisien pour l'OM. Banlieusard fan de Sardou. Très tchatcheur avant tout.