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Interview de l'agent Christophe Mongai

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À quelques jours de la fin du mercato, l'agent Christophe Mongai nous parle de l'évolution de sa profession.

Impossible de parler du mercato sans parler… des agents. Pour en apprendre davantage sur cette profession, nous avons recruté le temps d’une interview le Français Christophe Mongai, agent depuis 1998 et qui collabore auprès de joueurs comme Amavi, Danze ou Lemoine dans le Groupe USM.

Comment êtes-vous devenu agent et pour quelle raison ?

J’étais journaliste à la Provence pour financer mes études à Kedge Business School à Marseille. J’avais donc un réseau important au niveau régional. Je connaissais parfaitement bien les joueurs et les dirigeants de ce secteur. Ensuite, je me suis lié d’amitié avec certains joueurs et je me suis aperçu que le fonctionnement des agents qui géraient leur carrière était totalement archaïque. J’ai donc décidé de bousculer les normes établies, de professionnaliser les services aux joueurs en créant ma structure et en 1998 naissait Groupe USM qui depuis a collaboré avec des centaines de joueurs dont Nene, Sagna, Kanoute, Song, Placente, Adriano, Yepes, Denilson, Ochoa, Cetto mais aussi Lemoine, Danze, Penneteau, Amavi...  

Que conseillerez-vous à un jeune agent qui souhaiterait se lancer ?

Le marché est aujourd’hui bien plus concurrentiel qu’il y a 20 ans. À cette époque, il y avait une trentaine d’agents sur le marché français. Aujourd’hui cela se chiffre par centaines, sans parler des structures étrangères qui pénètrent également le marché hexagonal. Il faut donc pour réussir un solide carnet d’adresses, du temps et de l’argent pour financer les très nombreux déplacements obligatoires pour réussir à signer un joueur. Et bien évidemment une détermination sans faille.

Quelles sont les erreurs à éviter ?

L’erreur serait de croire que cette profession est la poule aux œufs d’or. Sur les centaines d’agents qui officient en France, seule une trentaine en font leur métier principal. Une quinzaine en vivent bien et trois ou quatre en vivent très bien. Pas plus. Il ne faut pas se leurrer et penser que c’est la solution de facilité pour gagner de l’argent rapidement. C’est tout sauf ça.

Combien de matchs regardez-vous par semaine ? 

Cela dépend. C’est très variable. Mais je regarde plus des séquences de matches de mes joueurs. Je suis abonné aux bases de données vidéos professionnelles qui permettent de séquencer toutes les actions des joueurs évoluant aux quatre coins du monde et je les visionne souvent. Sinon, en plus de ce travail-là, je visionne entre cinq et six matches par semaine. Pour être un bon agent, il faut bien sûr connaitre parfaitement le football mais également le droit et le commerce.

Un scout basé en Amérique du Sud nous a dit récemment en interview que les agents étaient désormais le chaînon le plus important dans le mercato d’un club. Etes-vous d’accord ?

Oui, bien évidemment. Tous les joueurs ont désormais des agents et ce sont eux qui fluidifient les transactions.

Quel regard portez-vous sur Mino Raiola ? N’en fait-il pas trop dans sa communication ?

Je ne le connais pas et je n’aime pas porter des jugements sur des personnes que je ne connais pas. La seule chose que je peux dire, c’est que sa communication est ce qu’elle est mais que cela lui réussit plutôt bien si on regarde son portefeuille joueurs.

Les critiques du public formulées à l’encontre de la profession vous touchent-elles ?

Non, pas du tout. Je sais le travail que mes équipes et moi-même fournissons pour nos joueurs. Après, il y a de bons et mauvais agents comme il y a de bons et mauvais boulangers ou architectes.

Vous êtes l’agent de plusieurs jeunes de l’OM. Quel discours leur tenez-vous alors que le club connaît des moments agités ?

Le discours, c’est être solide mentalement, travailler d’arrache-pied et s’accrocher. Car si il y a bien un club où les choses peuvent aller vite dans les deux sens, c’est bien l’OM.

Gérez-vous aussi la communication de vos joueurs sur les réseaux sociaux ?

Non, mais on les prévient des risques et des dangers à éviter. Après, on ne peut pas être derrière chaque joueur. Il faut aussi leur faire confiance et les recadrer très rapidement en cas de manquement aux règles de base.

Que peut apporter Twitter à un footballeur ? 

Pas grand-chose à part de la notoriété rapide. Ronaldo et Messi seraient les deux meilleurs joueurs du monde même si Twitter n’existait pas. Mais ce réseau leur permet de faire passer des messages, de partager leur quotidien et de mieux monnayer leur image auprès des marques.

Quel club de L1 a réalisé le meilleur mercato ?

Question difficile. Réponse à la fin du championnat.

One shot "Mes joueurs"

Le Toulouse de François Moubandje peut-il être la surprise de la saison ?

Ils peuvent être l'une des surprises de la saison. Ils reviennent de très très loin et ils sont sur une dynamique très positive.

Idriss Saadi a marqué un doublé avec Courtrai contre le FC Bruges. Peut-il exploser cette année ?

L’avantage avec les buteurs, c’est qu’il leur suffit d’une saison pour exploser. S'il est en réussite et est épargné par les blessures, il peut réaliser une très belle saison. C’est le prototype de l’attaquant moderne : fort physiquement, rapide et adroit. Et c’est un énorme travailleur.

J’ai déjà floqué mon maillot de Liverpool au nom de Jordan Amavi. C’est trop tôt ?

(Rires). Oui, c’est beaucoup trop tôt. Jordan revient de sa blessure et reprend avec son club d'Aston Villa qui est un des plus beaux clubs d’Angleterre. Maintenant, dans le football, tout peut aller très vite et la vérité d’un jour n’est pas forcément celle du lendemain. 

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Maxime

Né en 1984 le jour d'une victoire 5-0 de l'équipe de France contre la Belgique, je prends depuis les années les unes après les autres sans me poser de question. Aime l'ASSE mais aussi le football.