Winamax

Interview de la Fédé de la Lose

Par dans

Avec la Fédération de la Lose, revivez les plus beaux échecs sportifs de l'année écoulée. Ou quand la défaite devient un art.

fédé lose

Leur profil Twitter annonce la couleur : « La FFL est un collectif qui rend hommage à la France qui perd. Ici nous célébrons la fougue de Ginola, le mental de PHM et le panache de Laurent Fignon. » La Fédé de la Lose, suivie par 62 000 abonnés, dresse le bilan de l'année 2018. 

Comment expliquez-vous le succès de votre compte Twitter ?

On permet aux supporters qui viennent de voir leur sportif ou équipe favorite se ramasser d’en rigoler. Ça leur permet de passer la pilule et d’avoir la défaite un peu moins morose, et de voir les autres se faire vanner aussi. Bon, en revanche, quand ils gagnent, ils n’hésitent pas à venir nous charrier, c’est le jeu !

Avez-vous eu des retours, positifs ou négatifs, de sportifs ?

Pour les retours négatifs, on en a finalement assez peu, on se fait simplement bloquer en bonne et due forme. Dans le fond, on peut le comprendre, surtout dans les sports individuels. Cependant, d’autres n’hésitent pas à rire d’eux-mêmes lorsqu’ils losent dans les grandes lignes. Par exemple, quand Kevin Mayer mord 3 fois de suite à la longueur à Berlin aux Championnats d’Europe, il répond avec humour à notre tweet quand on lui offre notre licence FFL. Bon, derrière, il assume et s’en va taper le record du monde un mois plus tard. Du coup, on l’a viré, il ne faut pas déconner, on a des principes…

Que trouve-t-on dans votre livre ? Une préface de Richard Gasquet ?

On aurait beaucoup aimé mais il s’est blessé au moment de la rédaction… C’est une éphéméride qui vous permettra pour chaque jour de 2019 de découvrir une lose française (ou internationale les dimanches). On a creusé assez loin pour essayer de proposer un panel assez varié : football, tennis, rugby mais aussi tir à l’arc ou même Eurovision !

Le slogan du livre est : « La défaite est en nous. » Perdre, c’est l’ADN du sport français ?

On essaye d’être une représentation de ce petit côté français qui aime la défaite, si possible avec panache. On a remarqué que, dans la culture sportive française, les grandes défaites sont parfois aussi populaires que les grands succès, voire plus ! On parle beaucoup plus de Séville 82 ou de France-Bulgarie 93 que de la victoire à l’Euro 84, des huit secondes de Fignon en 1989 que de ses deux tours de France gagnés, etc.

Dans un autre registre, on se délecte des craquages mentaux, autre marque de fabrique du sport tricolore. Paul-Henri Mathieu à la coupe Davis 2002 (il mène 2 sets 0 dans le match décisif contre la Russie, s’écroule dans les 3 derniers sets) est l’exemple le plus marquant.

Vous préférez bien jouer et perdre, ou mal jouer et gagner ?

C’est un débat interne à la FFL, et même avant sa création, entre nous ! Par exemple, la Grèce 2004, certains d’entre nous trouvent ça fabuleux quand d’autres te diront que c’est immonde. En tant que FFL, on te dira qu’on préfèrera toujours voir une défaite ! Mais en tant que supporter, franchement, c’est difficile de faire plus jubilatoire qu’une victoire 1-0 sur l’unique occasion de ton équipe. Ça marche aussi pour les victoires à FIFA ou PES, d’ailleurs.

Une chose est sûre, le débat existe en France, à des endroits où même notre mauvaise foi n’existe plus. On trouve quand même des personnes capables de s’offusquer du fond de jeu de l’équipe de France en 2018 une semaine après qu’ils aient soulevé la Coupe du Monde. Il n’y a pas à dire, notre réputation de râleurs n’est pas prête de disparaitre !

Quelle est votre lose préférée de 2018 ?

C’est compliqué de choisir… Ça se joue entre le Roland-Garros calamiteux des Français et la défaite du XV de France contre l’Afrique du Sud. On va partir sur la seconde, parce qu’elle représente beaucoup d’ingrédients de la défaite parfaite : une presque victoire avec un scénario incroyable (ballon français dans les dix mètres sud-africains à trente secondes de la fin).

Pouvez-vous nous proposer un TOP 5 des plus grands losers français de l’année ?

En voila une question difficile… tellement compliqué de tous les départager.

La FFL a bien morflé avec une victoire en Coupe du Monde.
Le tennis français, pour l’ensemble de son œuvre.
Le XV de France, pour l’ensemble de son œuvre.
L’AS Monaco, pour une chute au classement encore plus violente que celle de Philippe Gilbert.
L’USAP, pour une première partie de saison légendaire en Top 14.

Qui est votre loser favori, le vrai sportif nul mais que vous aimez bien quand même ?

Nos losers favoris ne sont pas les vrais nuls comme on a pu en voir passer sur nos terrains de Ligue 1 (on supporte des clubs pas toujours faciles nous aussi), mais plutôt ceux qui ont eu cette dose de panache ou ce craquage mental lorsqu’il ne fallait pas, mais pour lesquels on a une réelle affection…

À choisir, notre préférence va vers Paul-Henri Mathieu, parce qu’en plus de la fameuse finale de coupe Davis, il tient un autre record FFL : c’est contre lui que Rafael Nadal a effectué son plus long match à Roland-Garros. Quatre sets, pas de tie-break et pourtant 4h53 de jeu ! Mais pour finir, évidemment, une défaite avec panache comme on les aime tant.

L’OM et Rudi Garcia vous donnent beaucoup de matière depuis quelques mois. Quel message souhaitez-vous leur adresser ?

On parlait de la chute de Monaco en Ligue 1, mais que dire de Marseille en Europa League ! Passer de la finale à dernier de groupe derrière un club chypriote, on touche au sublime. Si on a un message pour l’OM, c’est surtout, par pitié, n’achetez pas de 9 ! Continuez à nous faire rêver avec ce non-plan de jeu, et surtout, ces magnifiques conférences de presse de Rudi Garcia. 

Les pages à suivre

twitter  @WinamaxSport 
 

facebook  Winamax Sport 
 

winamax  Pariez sur le sport


Maxime

Né en 1984 le jour d'une victoire 5-0 de l'équipe de France contre la Belgique, je prends depuis les années les unes après les autres sans me poser de question. Aime l'ASSE mais aussi le football.