Winamax

De retour sur les lieux du crime

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C’est l’été, l'édition 2014 des World Series Of Poker est derrière nous, et il est temps de  dresser un bilan de mon parcours dans ces championnats du monde. Pour rappel, c'était seulement ma deuxième participation aux WSOP après l'an passé (où j’avais joué trois tournois dont le Main Event qui m'avait plutôt souri). Pour moi, « spécialiste » de cash-game en ligne, qui ne s’est consacré pleinement aux tournois live que depuis un an, j'attendais cette échéance avec impatience, pour pouvoir essayer de réaliser de nouvelles belles performances sur des tournois à priori moins relevés que sur le circuit européen mais tout aussi prestigieux.

J’avais cette année opté pour un programme assez « allégé » afin d’être frais et motivé sur chacune des épreuves que j'allais disputer et éviter de « burn-out ». Je n'ai ainsi joué que dix tournois au total, dont les prix d’entrée étaient supérieurs ou égaux à 3 000 dollars. C’est aussi car j'ai été assez loin dans pas mal de ces tournois que je n'ai pas eu l'opportunité d'aller jouer des épreuves à 1 000 ou 1 500 dollars où le niveau est bien évidemment plus faible, mais où la chance joue un rôle important à cause du nombre important de joueurs et des structures relativement rapides.

Je suis rentré deux fois dans l’argent durant ces championnats du monde. Sur un tournoi Shootout à 3 000 dollars tout d'abord. J’ai gagné mon premier Sit&Go au format Fullring après un heads-up qui a duré près de sept heures ! Le deuxième jour, nous avons disputé des Sit&Go à quatre joueurs par table. La mienne était assez relevée avec trois pros américains. Mais le Short-Handed, c'est mon domaine de prédilection, et j’étais certain de pouvoir les écraser. C'est d'ailleurs ce qui s’est passé : j’ai très bien joué et je suis arrivé à prendre rapidement un ascendant sur mes adversaires. Cependant, j’ai manqué de réussite en fin de journée en perdant un pot pour près de deux tiers des jetons à trois joueurs restants, un coup à tapis avant le flop avec Roi-Dame assortis contre Roi-Valet dépareillés qui m'aurait ouvert la porte de la table finale ! J’étais forcément déçu, mais extrêmement satisfait de la façon dont j'avais joué, et de la manière dont j’ai pris le contrôle de ma table. C’était de bon augure pour la suite...

J’ai ensuite disputé un tournoi Short-Handed à 5 000 dollars l’entrée. Vu le format, vous l'avez compris, j’étais dans mon jardin. Le début de l’épreuve s’est passé sans encombre, ce qui m'a permis de franchir la première journée avec un tapis relativement confortable. Je suis ensuite arrivé à monter des jetons rapidement lors de la deuxième journée, avant le coup clé de mon tournoi à moins de vingt places de l'argent. Un joueur régulier américain très agressif, avec lequel une grosse dynamique s'est instaurée, a relancé au bouton sur ma grosse blinde. Nous avons 110 000 de tapis effectif sur des blindes à 800 et 1 600 à ce moment-là, et il me couvre légèrement. J’ai décidé de 3-bet avec 67, une main ayant une bonne « deceptive value » et me suis fait payer. Le flop 539 m’a donné une double gutshot. J’ai placé un c-bet et mon adversaire m’a alors relancé assez vite. Vu les montants et les profondeurs, j’ai pensé qu'il pouvait faire ça avec beaucoup de mains : top paire « pour info », une paire « pour info » ou en protection, air total (deux overcards par exemple, car ce flop n'est pas censé beaucoup toucher ma range de 3-bet) et qu'il allait plutôt payer en position avec la majorité de ses tirages. J’ai donc suivi ma lecture en faisant tapis. Mais mon adversaire m’a payé sur-le-champ. J’étais tombé sur le top de sa range : il avait payé mon 3-bet avec 53...  Malgré 34% de chances de gagner cet énorme pot, je n’ai touché aucun de mes outs, mais je suis sorti une fois de plus en étant confiant d'avoir pris les meilleures décisions.

J’ai été éliminé des deux tournois suivants dès le Day 1, puis est arrivé l’épreuve numéro 35, un tournoi à 5 000 dollars au format 8-handed, où j’ai terminé 16e ! Mikedou a également accroché une place d'honneur en terminant de son côté 24e. Une fois de plus, il m’a manqué un brin de réussite pour aller chercher cette grosse performance.

J’ai ensuite été éliminé aux portes des places payées sur le tournoi de Heads-up à 10 000 dollars, une épreuve que j'attendais avec beaucoup d'impatience. J’ai joué mon troisième duel face à Monsieur Daniel Negreanu, qui avait décidé ce jour-là de revêtir une veste des plus originales aux couleurs très « flashy ». Peut-être était-ce sa stratégie pour me déstabiliser ? Toujours est-il que je n’ai pas fait pas beaucoup de paires et que face à un joueur de sa trempe, ça ne pardonne pas. J’ai cédé avec dépit au bout de deux heures de match.

Daniel Negreanu (crédit photo : Jamie Thomson)

Pas plus de réussite dans les deux épreuves qui ont suivi : le Pot Limit Omaha en 6-max à 5 000 dollars ainsi qu’un tournoi de No Limit Hold’em à 5 000 dollars également.

Après tous ces tournois et trois semaines passées à Vegas, je me suis accordé une bonne pause d'une semaine avant de revenir pour le feu d’artifice final : le Main Event. Je suis parti faire un petit road trip en Californie. Au programme : Yosemite National Park, San Francisco, Monterey, Santa Monica... Le Yosemite est de loin l'endroit le plus impressionnant que j'ai pu visiter depuis longtemps. Les paysages sont aussi majestueux que diversifiés, et il est difficile de s'ennuyer tant le parc est immense. La fameuse California Road #1 vaut également le détour, avec un cadre magnifique qui m'a rappelé la Great Ocean Road entre Melbourne et Adelaïde.

May Lake au Yosemite Park

Yosemite Falls

La côte californienne

Une manière idéale de se ressourcer avant de revenir à Vegas pour le plus beau tournoi de l'année... La suite, vous la connaissez probablement déjà. J’ai tiré une croix sur l’exploit d’accrocher une deuxième finale consécutive dans le Main Event dès le Day 2 de la compétition. Certes, les probabilités étaient contre moi avec plus de 6500 joueurs au départ, mais lorsque je dispute un tournoi de poker, mon objectif est de viser la plus haute place possible !

Pour faire un rapide bilan, d'un point de vue financier, c'est forcément décevant puisque le montant total de mes entrées excède celui de mes gains liés aux deux places payées... Cependant je dresse un bilan global très positif de ces WSOP 2014. Je suis très satisfait de la façon dont j'ai joué, et de la confiance que j'ai réussi à garder au fur et à mesure des tournois. Le travail et l'expérience engrangée sur le circuit cette année portent clairement leurs fruits. La réalité des tournois de poker est autre. Il ne suffit évidemment pas de bien jouer pour gagner un tournoi, tant la variance est importante. Je pense que mon choix de limiter le nombre d'épreuves auxquelles j'ai participé était judicieux, même si j'ai logiquement réduit mes chances de gagner un bracelet. J'essaierai probablement de jouer quelques tournois aux prix d’entrée moins élevés l'an prochain.


Loosli

En 2013, Sylvain est rentré dans l’histoire du poker tricolore en accrochant la 4e place du Main Event des championnats du monde. Le début d'un parcours d'exception au sein du Team Winamax.

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