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[Blog] Un EPT Prague fou, fou, fou !

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Pierre Calamusa Blog

Comme chaque année, l’EPT Prague était marqué d'une pierre blanche sur mon calendrier. Il marquait le début de mon travail avec mon entraîneur personnel Déryc Mousset. Un changement important dans ma préparation. Je suis arrivé la veille du festival afin de mettre en place avec lui la routine la plus efficace possible.

Très vite, nous nous sommes mis d'accord sur un rythme totalement différent de celui que j'adoptais avant. Le principal changement était l'heure du réveil : 6h du matin, contre environ 11h30 les années précédentes. Le but était assez simple : petit déjeuner ultra copieux au Hilton, puis repos de 7h à 9h, échauffement et séance de cardio ou musculation de 9h à 10h puis une petite sieste. Je n'ai late reg aucun tournoi, me présentant à chaque fois au shuffle up and deal. Dès le premier tournoi, j'ai senti que ce rythme était optimal. Il m’a aidé à maintenir constance et concentration. À ce moment-là je ne savais pas encore à quel point j'allais en avoir besoin...

Le Roi des Day 1

Une 31e place sur le premier 1 100 € freezeout a commencé par me mettre en jambes, avant d'attaquer l'EPT National à 1 100 €, et y viser les 300 000 € à la gagne. J'en profite pour établir un record en finissant le Day 1 avec 900 000 jetons soit l’équivalent de… trente tapis de départ. Tout cela pour finir de nouveau à une honorable 31e place, pour 8 700 €. L’EPT National Highroller à 2 200 € ne donne rien, et je me retrouve assez vite engagé sur le Main Event à 5 300 €. Et là… je saute sur la première main du tournoi, ne respectant pas une règle pourtant basique au poker, stipulant de "ne jamais tenter de bluffer un milliardaire". Je me sens pourtant encore bien dans ma tête et plein d'énergie. Re-entry s’il vous plait !

Pierre Calamusa Main Event Day 1

La deuxième bullet se passe comme dans un rêve. Derrière un open UTG, je découvre une paire d’As UTG+1 et surrelance. Quelle douce musique que d’entendre ensuite la voix de Remi Castaignon annoncer "reraise" juste à ma gauche. Mes flèches tiennent contre ses deux barbus et me voilà avec un tapis de départ multiplié par deux !

C'était une de ces journées un peu mystiques, où toutes les paires font brelan, toutes les mains suitées se transforment en flushes et les mains un tant soit peu connectées deviennent des quintes. J'établis un nouveau record : 450 000 jetons à la fin du Day 1. Adrián vient alors me taper sur l'épaule : "De toute ma vie je n'avais jamais vu ça," me souffle-t-il. Après la traditionnelle photo de fin de Day avec les survivants du Team Winamax, je file directement à ma chambre. Le réveil sonne tôt en ce moment.

Vaincre la peur

La nuit, les souvenirs remontent. L'excitation des gros tournois génère de l'adrénaline qui ne facilite pas l'endormissement. Je me repasse dans la tête les épisodes de Dans la Tête d'un Pro à Prague, ceux du PCA... Autant de situations similaires à celle que je suis en train de vivre, et qui réveillent cette peur de reproduire les erreurs passées. J’ai parlé de mes doutes et de mes craintes chaque matin avec Steph’. Toujours au même moment, à 10h30, devant deux doubles cafés, pendant une demi-heure. Et chaque matin, à 11 heures, je n'avais plus peur.

Prêt à vaincre le signe indien.

Le début du Day 2 est pourtant catastrophique : je perds deux lancers de pièce et un énorme coup avec Q9 sur Valet-10-8. Je slowplay ma quinte contre un joueur amateur, d'autant plus que le turn est un second cœur. La river complète le flush draw et je perds un énorme coup pour retomber à 200 000 jetons. Déplacé en table TV, un coup du sort me permet de remonter un stack dominant, sous la forme d’une paire de Valets trouvant un brelan à tapis préflop contre les deux Rois du plus dangereux adversaire de la table ayant la position sur moi.

Regonflé à bloc et profitant à fond de l'effet bulle, je punis systématiquement toutes les tentatives adverses. Je value bet comme un sale une flush max, bluff tous les coups et domine la table. Malgré une belle frayeur à trois mains de la fin, avec une paire d'As à tapis préflop pour un énorme pot face à AQ. Le flop vient Dame-Valet-6 avec un trèfle. Le turn est terrifiante : le 10. Je ne gagnerai pas ce coup... mais ne le perdrai pas non plus : K river ! Everyone loves a chop pot!

Toujours plus fort

Je dors curieusement assez bien avant d'entamer le Day 3. Je réplique à l'identique ma journée type, avec un lever retardé vers 8h pour me permettre de dormir un peu plus longtemps. Sport, puis brief avec Stéphane. Je suis prêt à 100% physiquement et mentalement. Je me sens mille fois plus fort qu'il y a trois ans dans la même position. Je n'ai pas beaucoup de cartes et tombe en dessous du million de jetons lorsque vient le coup charnière. Un joueur russe assez tight ouvre en milieu de parole, payé par le bouton. Je complète de BB avec KQ.

Pierre Calamusa - Gaëlle Baumann

En route pour le Day 4 avec Gaëlle.

Le flop vient Valet-9-5 avec un cœur et le Russe c-bet, payé par le bouton. Je m'aligne. Le turn est un 8. Je donk bet et le Russe me snap call. La river est un 6 et j'envoie mon tapis avec une simple hauteur Roi. Trente secondes suffiront à faire passer mon adversaire. À court de time banks, sa main est brulée aussitôt. Je lâche un ouf de soulagement. Je dispose maintenant d'un tapis d'1,4 million. De quoi finir le Day 3 tranquillement et me gagner le droit de rêver, une nuit de plus, au million d'euros à la gagne.

Ma nuit est agitée. Je me retrouve exactement au même endroit de l'EPT Prague que lors des épisodes 7 et 8 de cette fameuse saison de Dans la Tête d'un Pro. Avec le dénouement malheureux que l'on connait. Je garde en tête mon nouveau mantra : "Si l'on répète les mêmes erreurs, ils deviennent des choix." Je me lève donc avec la ferme intention de ne pas les reproduire et donner le meilleur de moi-même. Le début de Day est pourtant (une fois de plus) catastrophique : je perds un tiers de mon tapis dès la première orbite. En cause, une paire de 7 jouée agressivement 35 blindes deep bouton contre big blind. Mon 4-bet shove est payé dans la seconde par une paire de Valets.

Battu mais pas abattu

Je fais pourtant preuve de patience. Il me reste 80 blindes et un joueur asiatique à ma droite en fout de partout. Je le chauffe en le 3-bettant avec 104. Il passe, je lui montre ma main et lui dit "Je ne vais pas arrêter de te bluffer aujourd'hui !" Un peu plus tard, le spot parfait : il ouvre au bouton et je reçois deux As en BB. Je le surrelance et il paye assez rapidement. J'envoie deux énormes parpaings à 175 000 puis 400 000 sur 10834. Le pot fait 1,4 million et il reste 600 000 à mon adversaire. Je prie pour ne pas voir de 10 ou de carreau river. La river est un huit. Plutôt une bonne carte. Après tout, il a assez peu de mains dans son range contenant un 8. J'envoie la boîte.

Pierre Calamusa OUT

Je n’ai besoin que de quelques secondes pour comprendre la mauvaise nouvelle. Les secondes qu’il faut à mon adversaire pour jeter instantanément un jeton en guise de call et tabler 87. Le pot est énorme, je suis sonné. Il ne me reste que 10 blindes. Je me remets néanmoins rapidement de mes émotions. Après tout, je suis encore en vie dans le tournoi et j'ai toujours une carte à jouer. Je fais tapis au cut-off avec K6. La SB paie avec paire de 5. Rien ne viendra me sauver.

Je quitte la salle de tournoi, un peu hagard. Dix minutes plus tôt, j’avais un stack dominant à une vingtaine de joueurs restants sur cet EPT et me voici dehors, 21e pour 38 900 €. Je me précipite dans ma chambre. Quelques heures plus tard la tristesse est passée et j'ai le sourire. Contrairement au PCA, contrairement à ce même EPT il y a trois ans, j'ai surmonté mes peurs. Que ce titre majeur vienne ou pas, je chéris cette leçon de vie que le poker m'a apportée. Donner le meilleur de moi-même, voilà la seule chose qui importe. Et advienne que pourra.


LeVietF0u

L'enfant terrible du Team Winamax a remporté les plus gros tournois W et fait souvent parler la poudre en live. Un talent ravageur, à la table comme sur les réseaux sociaux.

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