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[Blog] Pour l'amour du jeu

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Pour comprendre cette histoire, il faut revenir quelques décennies en arrière. Nous sommes en 2001 - disons à un an près. Le lieu : Funchal, sur l'île de Madère, plus précisément dans la salle de basket du CAB Madeira.

À l'époque, je quittais l'école autour de 13 heures. Je me précipitais alors à la maison pour manger quelque chose en vitesse et je filais à la salle, où j'arrivais vers 14h30. L'entraînement commençait à 18h30 et parfois aucun joueur n'était là avant 17h30. Je passais dans les haut-parleurs du gymnase les CDs préférés que j'avais piratés et je jouais au basket pendant des heures. Seul. Pas de supporters, pas d'encouragements, pas d'argent, pas d'adversaires. Je jouais, tout simplement. Pour m'entraîner. Apprendre. Rêver. Sans nul doute des moments parmis les meilleurs de ma vie.

J'ai enchaîné sur une bonne carrière en jeunes : j'ai été appelé pour m'entraîner avec l'équipe 1 à 15 ans et j'ai fait quelques années en tant que pro, même si j'ai pas mal ciré le banc. Nous avons gagné de nombreux titres régionaux, quelques-uns au niveau national, et j'ai remporté une poignée de distinctions individuelles. Finalement, j'ai fait ma place au sein de l'équipe pro, et j'ai joué contre Porto et Benfica devant les caméras de la télévision nationale. Le basket est encore l'amour de ma vie et, quand je jette un regard en arrière sur ces seize années à jouer, mes meilleurs souvenirs restent ces moments passés à jouer seul dans ce gymnase. Pas les titres, pas les gros matchs, mais ces moments de jeu, face à moi-même. Le temps s'arrêtait entre chaque rebond du ballon sur le parquet et ce sentiment de plénitude que je ressentais outrepassait tout ce qui pouvait se passer dehors. Cette sensation apaisante et incomparable de s'améliorer en travaillant.

Savoir jouer

João Vieira Doyle Brunson

Fin du flashback, retour au présent. 2021, Rio All-Suite Hotel and Casino, Las Vegas, Nevada. Je suis professionnel de poker depuis que j'ai arrêté le basket. Cela fait plus de dix ans maintenant - disons à un an près.

Je suis aux World Series of Poker. C'est un endroit spécial qui est en même temps devenu familier. J'aperçois l'un de mes plus vieux adversaires, Niklas Astedt. Vous le connaissez sans doute sous le pseudo 'Lena900' comme vous me connaissez moi en tant que 'Naza114'. On discute, amicalement, comme toujours. On se joue à fond, comme toujours. On se souvient du bon vieux temps. Combien de joueurs parmi les pros de MTT high stakes de l'époque jouent encore régulièrement chaque semaine aujourd'hui ? Combien sont toujours gagnants 10, 12 années plus tard ? La liste se raccourcit, encore et encore. Non, il n'en reste pas beaucoup. Beaucoup de ces joueurs sont encore gagnants. La plupart sont encore là. Mais peu aujourd'hui jouent assidûment en dehors des dimanches et des périodes de Series.

Alors pourquoi est-ce que nous continuons à le faire ? Cela n'a rien à voir avec le profit que l'on peut dégager sur un mardi ou un jeudi random. Rien à gagner que nous n'avons déjà gagné. Nous avons discuté encore et encore, jusqu'à nous retrouver sur ce qui nous lie et que - du moins c'est notre ressenti - peu de joueurs peuvent comprendre, même d'autres professionnels : l'amour du grind. Peu importe ce qui est en jeu. Peu importe si les caméras sont braquées sur nous ou non.

Sans rien attendre en retour

João Vieira WSOP 2021

Les Japonais ont un principe de vie, qui pourrait se traduire par "l'amour de la tâche". Quel que soit ce vous êtes en train de faire - la vaisselle, lire un lire, courir un marathon ou faire cuire un steak - vous pouvez avoir une vie remplie et épanouie si vous vivez selon "l'amour de la tâche".

Je vis ce que je considère être une carrière de rêve. Je suis numéro 1 de la Online All-Time Money List, j'ai remporté une pelletée de titres, atteint je ne sais combien de tables finales... Je fais partie des meilleurs joueurs sponsorisés qui existent, j'ai joué à la télévision nationale et fait la couverture d'un magazine. J'ai gagné bien plus d'argent que je n'en avais besoin, voyagé autour du monde et vécu dans trois pays différents. Et quand je m'arrête et que je jette un regard en arrière sur ma carrière de joueur de poker, je ne pense à rien de tout ça. Pas le bracelet, pas les titres, rien de tout ça. Mes meilleurs souvenirs de poker restent ces longues journées solitaires durant lesquelles je commençais tout juste à m'intéresser à ce jeu. Le temps s'arrêtait entre chaque clic et ce sentiment de plénitude que je ressentais outrepassait tout ce qui pouvait se passer dehors. Cette sensation apaisante et incomparable de s'améliorer en travaillant.

Pourquoi est-ce que je continue à jouer aussi souvent et si dur ? Pourquoi je grind autant ? On me pose souvent cette question, la même que lorsque je jouais au basket seul pendant des heures. La plupart des gens ne semblent pas comprendre. Je ne le comprenais pas non plus avant. Mais j'imagine qu'il n'ont pas (encore) trouvé ce quelque chose qui les rendrait épanouis et en paix avec eux-mêmes. Une tâche qu'ils aimeraient accomplir juste pour le plaisir. Sans aucun autre but derrière. Jusqu'à ce qu'ils le trouvent, ils ne pourront pas comprendre pourquoi pour moi, le grind, c'est la vie, et pourquoi je me lance toujours à fond dans tout ce que j'entreprend, jour après jour. Parce que faire quoi que ce soit d'autre, ce serait du gâchis.

Les pages à suivre

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Naza114

En ligne comme en live, l'ancien basketteur pro devenu triple Champion WSOP collectionne les records et trophées avec une régularité effrayante.

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