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[Blog] Le Vegas de tous les frissons

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Adrien Delmas - Blog
Dans mon dernier article, je réfléchissais à comment j’allais me préparer afin d’affronter les échéances à venir : EPT Monaco, SISMIX en Espagne, et surtout les WSOP, 50e édition. Et le moins que l’on puisse dire c’est que ces mois-là furent riches en frissons.

J’évoquais notamment trois points : planifier les jours de repos et le temps « off »; planifier les tournois que j’allais jouer pour mieux y être préparé; et bien travailler mes objectifs (les « plans d’action »), afin de pouvoir performer au maximum.

Il est bien beau de se fixer des objectifs, mais encore faut-il les analyser a posteriori afin de pouvoir rebondir et s’améliorer pour les prochaines échéances. Les objectifs, beaucoup de joueurs s’en fixent pour, mettons, un festival, mais ne reviennent jamais dessus ensuite pour essayer d’en tirer des leçons claires, et créer des lignes de conduite efficaces pour les tournois futurs. C’est que je me propose de faire ci, avant de revenir sur les moments les plus marquants de mon été (et il y en a eu un joli tas !)

Les jours off sont aussi importants que les jours de boulot

C’était mon troisième Vegas, donc je commençais à avoir pas mal d’expérience vis-à-vis de pas mal de quelques données personnelles. A savoir mon temps de sommeil, le jetlag, le pull qu’il faut toujours apporter au RIO (merci la clim à 18 degrés), mais surtout ce qui est pour moi le plus important : les plages de repos.

En effet, l’an passé je n’avais pas particulièrement organisé de journées off, ou même de breaks au milieu d’un séjour long de 45 jours. Résultat : j’étais souvent fatigué, sans énergie, sans envie et par conséquent je ne performais pas au maximum.

Cette fois, j’ai changé mon fusil d’épaule en organisant un road trip « nature » au milieu de ces sept semaines. Avec Ivan et César (un très bon ami de la fac en pleines vacances aux USA), on a pris la route et une bonne dose d’air frais durant cinq jours, traversant Zion Park, le Grand Canyon, North Rim et quelques autres endroits à couper le souffle.

Grand Canyon
Se découper un bout de camembert en admirant le Grand Canyon : voilà ce qui s'appelle vivre sa meilleure vie

Le reste du séjour, je me suis imposé une journée de pause par semaine. J’ai bien suivi le plan que je me suis fixé, avec en ligne de mire mes tournois les plus importants : 10K de l’Aria, 5K 6max, 3K online et enfin LE Main Event. Tout s’était merveilleusement bien passé jusque-là, mais après mon bust du « Main » j’ai ressenti une bonne baisse de motivation pour aller jouer les 1K qui traînaient à droite à gauche. S’il devait y avoir un gros bémol, ce serait celui-là. Je sentais que je n’étais plus dans la zone, je n’étais plus aussi concentré et je n’avais aucune idée de comment faire ni comment me sortir de ça.

J’ai joué le Little One Drop, le 800 $ online et le 3 000 $ dans ces conditions puis je me suis dit qu’il était peut-être bon de refaire un break, afin de tout donner sur le 10K 6-max programmé pendant le Main. Du coup, je me suis senti très bien sur ce dernier.

Pour l’heure, je ne sais pas vraiment comment analyser cette “défaillance”, mais dès la rentrée je vais pouvoir en discuter avec [mon coach mental] Pier et j’ai hâte de pouvoir combler ce manque d’information, car honnêtement, pendant 80% de mon séjour j’étais frais comme tout.

S'organiser en amont est crucial

Adrien Delmas
En ce qui concerne mon programme de tournois, c’était assez simple : j’ai fait un fichier Excel basique, notant tous les tournois qui m’intéressaient et leur emplacement dans Vegas. Après, je me débrouillais pour caser une journée de pause par-ci par-là. Attention : il s’agit d’un travail à faire en amont, avant de partir pour Vegas, car une fois sur place notre énergie doit être utilisée dans quelque chose de plus utile.

Concernant chaque journée proprement dite, c’était la première année où j’ai essayé de mettre en place une routine quotidienne. En l’occurrence :

Réveil 3h30 avant le début du tournoi
30mn de petit-déjeuner
60mn de japonais (mon apprentissage se poursuit !)
30mn dans la salle de bain
30mn de relecture d’objectifs et de méditation
30mn modulables, où je pouvais aussi bien faire la cuisine que prendre l’air au bord de la piscine.
Et enfin 30mn de transport.

Cette routine a bien fonctionné durant la quasi-totalité de mon séjour à Vegas, jusqu’à mon élimination du Main Event : comme je l’ai évoqué plus haut, j’ai eu du mal à m’y tenir ensuite.

Quelque chose qui m’a sûrement manqué dans cette organisation quotidienne : du sport ! Même si j’ai fait quelques sessions, la chose ne fut clairement pas assez régulière. Objectif pour septembre : me trouver une activité physique qui me convienne et que je puisse pratiquer partout, peu importe l’endroit où je suis. J’ai déjà ma petite idée en tête…

Les objectifs, c’est dans la tête

Adrien Delmas
Mes objectifs pour les WSOP portaient surtout sur l’approche mentale générale, un domaine dans lequel je pense avoir encore beaucoup à apprendre.

Dans le détail, mes buts pour Vegas étaient :

Apprendre à mieux gérer mes émotions à table (ce qui implique une prise de conscience, et de prendre des notes)
Analyser les tells de mes adversaires plus fréquemment
Travailler aussi le « lâcher prise », par rapport aux résultats et à la défaite
Je voulais trouver des tendances dans les fields, pour mettre en place les « exploits » (stratégies d’exploitation) les plus adaptés.

Tous les matins, je me remettais ces objectifs en tête et j’ai pu en tirer quelques notes. Dans l’ensemble, je suis plutôt satisfait de mon approche, et compte bien poursuivre le travail lors des prochains festivals afin de consolider tous les acquis.

Parlons argent

Arrive maintenant le moment des résultats :

Au total, en comptant les re-entries, j’ai joué 31 tournois à Vegas pour un total de buy-ins de 81 111 $ (buy-in moyen : 2 616 $).
J’ai fait rentrer 63 612 $ en ITM, notamment grâce à deux tables finales (dont une sur les WSOP, j’y reviens dans un instant).

Je suis assez content de ma façon de jouer dans l’ensemble, et satisfait d’avoir disputé deux finales. Grâce à quelques « swaps » avec d’autres joueurs, je repars légèrement gagnant de Vegas. Mais les vraies raisons pour lesquelles ce troisième Vegas fut le plus beau de tous résident dans les paragraphes ci-dessous…

Des frissons à tous les étages

Adrien Delmas
En finale du Shootout 3 000 $

Disputer une table finale sur une épreuve des World Series of Poker, c’est un privilège, et cela restera comme une super expérience, malgré une amère 8ème place. J’ai donné 100% de moi-même et je n’ai absolument rien à regretter : les cartes n’ont juste pas été en ma faveur.

Cette finale m’a aussi permis de pas mal progresser mentalement. J’ai fini le Day 2 aux alentours de 16 heures, donc j’avais quasiment vingt heures pour préparer ma TF. Les trois premières heures ont été horribles : je me sentais aussi stressé qu’excité. J’avais envie de jouer tout de suite, de partir au combat pour aller chercher cette première place synonyme de statut de champion du monde de poker. Passé cette étape, je me suis mis à bosser avec mes colocs et a « run » des simulations pour savoir comment aborder le scénario un peu particulier de cette TF : en Shootout, tout le monde débute avec le même tapis, c’est un Sit&Go, quoi ! Le soir, j’ai (étonnamment) bien dormi, puis un petit entretien avec Pier Gauthier le matin m’a appris quelques derniers trucs avant que je ne parte pour le Rio, où ma finale s’est déroulée comme expliqué plus haut.

Maintenant, passons aux copains ! Quelle délectation cette année d’avoir autant de rails et autant d’occasions de vibrer ! Je pense bien évidemment à Thomas Cazayous, Jérémy Saderne et tous les autres grinders français qui ont fait comprendre au reste du monde que l’époque où les tricolores n’étaient que des figurants dans le poker de haut niveau est maintenant révolue.

Jérémy Saderne
Aux côtés de Jérémy Saderne, l'un des trois vainqueurs WSOP français de l'été

Malheureusement, je n’ai pas eu l’occasion de suivre beaucoup de finales françaises, ou alors très brièvement (cf. Jérémy, où j’ai pu me libérer juste à temps, pour les trois dernières mains). Mais si vous lisez ça les gars : c’est énorme ce que vous avez accompli, félicitations du fond du cœur !

Parmi les finales que j’ai vécues au premier rang et en intégralité, il y a bien sûr le 5K 6-max avec Pierre Calamusa et Joao Vieira. Deux pros du Team en table finale d’un des plus prestigieux events des Championnats du Monde, c’était très beau à voir. On a chanté, crié et vibré derrière eux. Malheureusement, notre Pierrot national a dû s’incliner en quatrième position, mais je ne m’en fais pas pour ce lascar : il aura d’autres occasions de devenir champion ! Si vous suivez l’actualité du poker, vous savez qui a gagné… Joao ! C’était vraiment un moment très émouvant à voir quand on sait à quel point c’est un travailleur acharné, qui donne tout depuis des années avec une ardeur indéfectible. Voir son travail enfin récompensé par un titre correspondant à son rang fut quelque chose de très inspirant.

Vous savez probablement déjà de qui je vais parler pour conclure cet article… Le pêcheur de carpes, amateur de barbecues et fin twerker à ses heures perdues, j’ai bien entendu nommé : Ivan Deyra ! Ivan, c’est avec lui que j’ai débuté l’aventure du poker pro, c’est lui qui au début m’a tout appris : la patience, la rigueur, l’exploitation sur les limites les plus faibles. Depuis toujours colocataire et ami de très grande valeur, c’était un pur plaisir que de le voir couronné (ou plutôt braceleté ?) et sacré Champion du Monde. Quand de plus on sait ce que ça représente pour lui, sa merveilleuse famille et ses potes, c’est juste magique !

Rail Ivan Deyra
Cet été, la France a aussi gagné le championnat du monde des rails !

Je dois avouer avoir été un peu frustré d’avoir manqué le rail de sa première table finale (8ème sur le Double Stack). Pendant sa pause repas j’avais run pas mal de simulations ICM (tandis qu’il se calait sa traditionnelle micro-sieste du break), histoire qu’à son retour il soit prêt à tout défoncer. Malheureusement, le temps que le taxi arrive Ivan avait déjà sauté, au bout d'à peine cinq mains. C’est pour ça que pour sa seconde finale, je suis arrivé dès le coup d’envoi.

Ce fut d’ailleurs un moment assez compliqué pour moi, car à côté d’Ivan était assis un autre ami et très bon joueur, quelqu’un avec qui je bosse toute l’année : l’Anglais Patrick Leonard. Il me fallait donc faire preuve d’une éthique irréprochable vis-à-vis des deux joueurs, ce qui ne fut pas toujours facile.

La suite, vous la connaissez : Ivan se défait de ses adversaires les uns après les autres, et s’adjuge la victoire, le bracelet ainsi qu’un joli pactole. Je n’ai pas de mots pour décrire ces moments-là… mais c’est certains, ils resteront gravés, aussi bien dans l’histoire du poker français que dans nos esprits !

J’oublie des tas d’autres moments : le deep run de Romain sur le Main Event, les perfs en pagaille du Team Winamax… Mais vous l’aviez déjà compris : cette cuvée Vegas 2019 fut exceptionnelle à tous points de vue. En attendant une future première place, je sais déjà ce que je vais devoir mettre en place pour y arriver et les résultats encourageants de cette année ne vont que me renforcer ma motivation. Je vous remercie à tous d’être restés jusqu’à la fin et je vous dis : à la prochaine !

Adrien "Ragnarok235" Delmas

Direction Barcelone pour Adrien Delmas et le reste du Team Winamax, pour le premier tournoi European Poker Tour de la saison. Nous serons sur place dès samedi pour un maxi-reportage de neuf jours !


Ragnarok235

Tous ses pairs vous le diront : le vainqueur de la Top Shark Academy 2018 est l'un des talents les plus prometteurs de sa génération.

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