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[Blog] Complot, vous avez dit complot ?

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Internet et les médias sociaux offrent aujourd'hui une plus grande place et de meilleurs outils à tous les sympathisants des diverses théories du complot - et il y en a. Le milieu du poker n’est pas épargné avec bon nombre des joueurs n’hésitant pas à accuser les sites de poker d’être truqués, d’utiliser un algorithme précis destiné à les faire perdre. Des accusations vieilles comme le jeu online.

Même s'il vaut mieux en rire, et ignorer la plupart du temps ces allégations rarement pertinentes et peu subtiles, je ressens néanmoins le besoin de m'exprimer à ce sujet et d’offrir une réponse d’ordre général. Le tout, en sachant pertinemment que j'aurai du mal à convaincre qui que ce soit avec des arguments rationnels, tant ces "attaques" dépassent parfois l’entendement.

Il faut admettre qu'accepter ses propres erreurs n’est évident pour personne. Lorsqu'on perd, il est plus facile de rejeter la faute sur un facteur qu’on ne contrôle pas, plutôt que de remettre en question son propre jeu. Les conspirationnistes ont une vision binaire simpliste selon laquelle "le hasard n’existe pas." Si le facteur chance ne peut être blâmé, le seul coupable possible est donc l’organisme qui contrôle le site.

Sur le papier, il est évident qu’un site de poker pourrait tricher s’il le désirait. Il y a une dizaine d’années, des preuves confirmant la présence de superusers (comptes frauduleux pouvant notamment voir les cartes des autres joueurs) sur certains sites ont éclaté, tandis que plusieurs plates-formes de poker ont fermé avant même de rembourser leurs joueurs. Qu'en est-il aujourd'hui ?

Un secteur très réglementé

En France, le poker est désormais régi par l’ARJEL et soumi à de strictes réglementations. Afin de s’assurer que la distribution des cartes et des boards est équitable et aléatoire, et pour répondre aux exigences de l’ARJEL en matière de sécurité, toutes les rooms de poker en ligne agréées en France font appel à des sociétés indépendantes, pour contrôler rigoureusement la fiabilité de leurs différents algorithmes.

Les sites de poker risquent de gros problèmes juridiques en trichant, et apportent - à raison - beaucoup d’importance à leur réputation. Un scandale de triche conduirait inéluctablement vers le boycott des joueurs réguliers du site et une faillite inéluctable.

Des réguliers avantagés ?

C’est un fait, la rentabilité pour un site est plus élevée si ses clients ne dilapident pas leur bankroll trop rapidement. Plus un joueur reste longtemps sur le site, plus il permet à l’opérateur d'engranger du rake. En toute logique, les sites de jeu n’auraient donc aucun intérêt à faire perdre les joueurs récréatifs par rapport aux réguliers du site.

Tricher, c'est pas gagné

Avec les nombreux outils et logiciels de types trackers que les joueurs peuvent faire tourner sur les différentes plateformes de jeu, il est facile de démontrer une anomalie sur le tirage des cartes. Par exemple, si on analyse tous les coin flips joués sur le site pendant une longue période, l’échantillon des mains étant très élevé, on peut être certain que As-Roi gagnera grosso modo 47% du temps face à une paire de 2, respectant de fait la probabilité statistique.

La loi des grands nombres

En statistique, on utilise la formule "déviation standard" pour estimer les fluctuations possibles autour de la moyenne. Si on joue mille fois un pile ou face, en misant 1 euro à chaque fois, notre espérance de gain est de 0, la logique voulant que l’on termine exactement à l’équilibre. Néanmoins, il est très improbable que le résultat final soit de 500 "pile" et 500 "face". Sur mille flips, la déviation normale est de 31,62 euros (soit plus ou moins 3%), sur cent flips elle est de 10 euros (10%), et sur 10 flips elle de 3,62 euros (36%). À l'inverse, si on pratique cette expérience aléatoire un très grand nombre d'occurrence, la fréquence d’apparition de pile - et par extension de face - sera de plus en plus proche de 50%.

Malheureusement pour la complexité des calculs - mais heureusement pour notre jeu - les résultats au poker sont plus complexes que de simples pile ou face. Comme n’importe qui, un bon joueur ne peut pas éviter les badbeats ou les setups, et ne pourra faire face à une série négative que si sa bankroll le lui permet. C’est ici que rentre en compte la théorie des grands nombres : "Si l'on répète un grand nombre de fois une même expérience aléatoire, qui a comme résultat une certaine valeur numérique, alors la moyenne des résultats obtenus tend à se rapprocher de l'espérance mathématique de l'expérience." C’est cette théorie qui permet de savoir qu’à long terme un bon joueur est toujours gagnant, et d’estimer ses futurs bénéfices.

Pour espérer durer suffisamment longtemps afin d'atteindre ce fameux long terme, et donc réduire drastiquement la variance, il est important d’avoir une bonne gestion de bankroll. La base pour débuter est de jouer à des limites en corrélation avec son propre capital. Par exemple, si vous êtes prêts à consacrer 100 euros au poker, l’idéal est de jouer des tournois aux prix d’entrée compris entre 1 et 2 euros. Si vous jouez bien, vous devriez être gagnant sur le long terme, et à mesure que votre bankroll augmente, vous pourrez augmenter de limite.

Certains évoquent la succession de coups malheureux. Or, comme le résultat de chaque main est indépendant des précédents, il n'y a rien d'anormal à connaître des cycles plus ou moins longs de malchance ou - parce que oui, ça arrive aussi - de réussite.

Online Vs Live

Pourquoi les opposer quand on peut faire les deux en même temps ?
Crédit photo : Mounir Mahroug

D’autres joueurs tentent de démontrer leur "théorie" sur le fait qu’au casino, où dans n'importe quel tournoi live, ils n’ont pas autant de malchance, qu’il y a plus de badbeats ou des coups irréels en ligne. Cette impression vient uniquement du fait que le nombre de mains jouées est bien plus important sur Internet qu’autour de tables en dur.

Accepter la variance

Le poker reste un jeu de cartes où le hasard prend une place importante, même si la part de connaissance et d’habilité font la différence sur le long terme. C’est une perte énorme d’énergie que de se mettre dans tous ses états à propos de facteurs qu’on ne peut pas contrôler. Il est bien plus productif de donner la priorité à des éléments sur lesquels on peut réellement avoir un impact, comme la stratégie, les maths, la logique…  Ce n’est pas bon pour le cœur de trop s’enflammer contre les badbeats et la variance en général. Qui plus est, cela affecte aussi inévitablement votre mental et se ressentira sur vos décisions futures.

Autant l’accepter une fois pour toute, ce jeu est cruel ! Ce ne sont pas les sites de jeu qui le rendent ainsi, c’est son essence même. Et c’est peut-être pour cela qu’on l’aime autant.


KitBul

EPT, WPT, WSOP : pas un circuit majeur n’a résisté à l’appétit de victoire du Belge du Team Winamax, qui n’est pas pour autant rassasié.

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