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Bahamamamas

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Dans mon blog précédent, je vous annonçais mon intention de lancer mon année par un déplacement aux Bahamas. Cette étape du LAPT/NAPT/EPT (jamais trop compris) est un véritable mini-WSOP : nombreux tournois, buy-in et variantes multiples et, bien entendu, ricains à gogo. Question hébergement et restauration, c'est un véritable braquage : les chambres sont moyennes, le service est lent à en mourir et tout est en extra.

Le summum est atteint à la poker kitchen qui, en plus d'être dégueulasse (le chef serait Greg Raymer),  fonctionne avec un système de tickets (comme à la cantine) et où tout coûte une montagne (4 dollars la bouteille de 250ml d'eau, 8 dollars le coca, 9 dollars la salade de fruits).

"Welcome to Paradise" vous hurle un mec à l'accueil quand vous descendez du taxi. Mouais, surtout le bootcamp idéal pour tout européen avant les WSOP. Il va falloir que je reste calme et que je me concentre sur mon objectif.

J'arrive donc le 4 janvier à Nassau, trois jours avant le début du Main Event histoire de m'acclimater au décalage horaire, de prendre mon coup de soleil habituel ET d'avoir le temps de le guérir (en partie), et de jouer un petit satellite a 1 000$, histoire de retrouver le live avant de jouer le Main qui s'annonce relevé.

Cette année le soleil est au rendez vous (pas forcement évident en cette période aux caraïbes, voir coverages de Benjo en 2008, 2009 et 2010), et je profite donc de mes trois jours pour mettre en application mon plan. Ma peau brule progressivement atteignant un vermillon très satisfaisant, le 1000$ est une entrée en matière agréable, je retrouve quelques sensations et me fais éliminer sur un flip apres trois heures de jeu.

Je peaufine mon conditionnement par une petit discussion avec Pier Gauthier sur skype, je suis prêt, je bosse bien depuis plusieurs mois, il faut que je me concentre sur les détails, la différence entre un bon joueur et un grand joueur c'est une addition de détails. Je repense au stage du Team à Sofia Antipolis, la nutritionniste, l'ostheo, le coach mental. Je suis prêt.

Ce voyage à Nassau coïncide aussi avec ma première "collaboration" avec un ami de Toulouse, Etienne.

Etienne est un golfeur de haut niveau et nous nous connaissons maintenant depuis quelques années, nous discutons très souvent de nos deux disciplines et y voyons beaucoup de similarités. J'ai fait le caddie pour lui au Grand Prix de la Nivelle cet été et depuis nous partageons fréquemment les enseignements que nous tirons dans nos deux sports. Etienne a pris quelques jours de vacances pour venir profiter du soleil et m'aider à être dans de bonnes conditions pour les tournois des Bahamas. Nous avons établi un plan d'attaque comprenant golf, tennis, repos, soleil, alimentation, et bien entendu poker. Un plan pour tirer le meilleur de moi-même.

Autre nouveauté, concernant ma préparation physique, j'ai décidé de bosser avec Lincon Rodriguez qui s'occupe aussi d'ElkY et d'Eugene Katchalov. Lincon m'aidera à être en meilleure condition physique pour les tournois, ça passe par un entrainement régulier à la salle de sport, mais aussi et surtout par une alimentation de qualité et un sommeil régulier. Lincon est aussi une source d'inspiration de par sa philosophie et son parcours et l'avoir à mes cotes ne peut qu'être très bénéfique.

C'est donc remonté comme une pendule que je me rends à la poker room pour le Main Event. Prêt a en découdre avec les 1000 joueurs du PCA. La journée est tout d'abord longue et frustrante puis ma patience paie et je peux tirer profiter de mes reads et de mes cartes pour monter à 80,000 jetons. La journée se finit avec un peu moins mais je mets tout de même 52,000 jetons dans le bag, le scelle, et rentre me coucher.

Le dimanche est le jour du day 1B et donc un jour off pour moi, avec Etienne et Benjo (venu en vacancier) nous décidons donc de louer un bateau pour aller faire un peu de plongée et se poser sur une ile déserte. Tout se passe bien, le vermillon devient carmin et nous rentrons tranquillement à l'hôtel nous reposer. Le Lundi alors que je me dirige vers la poker room avec Etienne, nous croisons l'espagnol Juan Manuel Pastore accompagné d'un autre joueur. Je n'y prête pas attention mais Etienne lui le reconnait immédiatement. Il s'agit de Sergio Garcia une légende du Golf mondial. Coincidence amusante.

Il me raconte un peu le parcours de ce joueur, connu pour avoir hurlé "Come On !" après un putt de folie en Ryder Cup. Je me dis que je devrais crier plus souvent. Au poker, manifester sa joie est assez mal vu et finalement, j'envie parfois le "Il est là papa !" de Bateau. Je cherche ma table au milieu des 200 autres de la salle et, quand je l'aperçois, je reconnais immédiatement le joueur à ma droite, Sergio Garcia. Coincidences...

La suite est assez banale, je joue quelque coups, je suis changé de table et perd AKs vs QQ allin preflop en bataille bouton contre cutoff, mais je voulais tout de meme raconter cette brève rencontre car c'est ce qui fait parfois la beauté du poker. On rencontre des légendes vivantes qui sont à la table comme des gamins passionnés, et plus ces champions sont grands plus ils vous impressionnent par leur humilité. C'est toujours une sacré leçon et après avoir visionné une centaine de vidéos de Garcia sur internet, je suis vraiment époustouflé par sa simplicité, sa sympathie et son intelligence.

Deçu de mon élimination mais satisfait de mon jeu, je décide de rajouter un side event à mon planning. Le Highroller n'est prévu que jeudi et je peux donc participer au 5k PLO prévu le mardi à 13h. Le field s'annonce très relevé mais j'ai quand même accumulé de l'expérience ces dernières années en Omaha et me sens de taille. De toute façon, j'ai besoin d'affronter les meilleurs pour devenir le meilleur, quitte à prendre des leçons.

Finalement, le niveau n'est pas si relevé que ça, et quand il ne reste plus que 24 joueurs sur 69 entrants, je suis large chipleader avec la moyenne de la finale à huit. Je gère tranquillement mon avance jusqu'à ce qu'il ne reste plus que 13 joueurs, et là, la donne change complètement. Les blindes sont maintenant grosses et les joueurs plus agressifs, les ranges s'élargissent et il faut donc s'adapter en conséquence pour ne pas oublier de jouer "la gagne".

Les mauvais coups s'enchainent et je tombe en dessous de la moyenne. Un coup se développe contre un joueur allemand, je suis sur la river avec AKKJ sur Q2398, j'ai misé le flop, check call la turn, et je fais face à une mise river. Je sais que je suis contre un value bet de deux paires et ai une profondeur suffisante pour c/r allin. Mais avant même d'avoir reflechi à la fold equity de ce play je me retrouve à simplement payer et mon adversaire me montre AQJ9.

Je tiens jusqu'au break et sors furieux contre moi même, déjà d'avoir call, ensuite de ne pas avoir eu le courage de ne serait-ce qu'envisager le bluff. J'envoie un message à Pier, en parle à Etienne, je dois me concentrer sur l'instant présent et pas sur le fait que je viens de perdre tous les coups et que j'etais chipleader à peine une heure plus tot. Je dois oublier la bulle en tant que facteur d'échec ou de réussite et la considérer juste pour son intérêt technique. Je repars remonté pour deux heures de plus.

Je termine tranquillement la journée bien plus concentré grâce à cette petite piqûre de rappel, et rentre me coucher vers 2h30 pour un restart prévu a 13h. Nous sommes 9 joueurs sur deux tables, 8 seront payés et tous les tapis se tiennent entre 45 et 100bb.

Le matin nous décidons avec Etienne d'aller courir un peu sur la plage plutôt que d'aller à la gym, de m'économiser un peu pour être en forme si la journée dure. Je prends mon ptit dej en discutant un peu avec Pier, puis ma douche et me dirige vers la poker room. Etienne lui part pour jouer le 18 trous de l'Ocean Club, un des plus beau et relevé du monde.

Deux heures plus tard, Etienne arrive à la poker room, il n'a pas joué le 18 trous mais un practice et ne pouvait pas supporter le suspense. Nous ne sommes plus que 7 et je suis short avec 12bb. Il m'observe me battre pour remonter à progressivement 25bb. Je joue très bien et suis très concentré. Puis un joueur se fait éliminer et nous ne sommes plus que 6.

Un joueur allemand open utg et je decide de flat en position avec KQJT. Ma main est très forte multiway donc je ne préfère pas 3bet, les payouts sont assez flat jusqu'à la 4ème place : il faut donc que je prenne un léger risque pour monter au max mon tapis. Le flop tombe Q95 avec deux carreaux, mon adversaire check et je decide de miser le pot comme je l'aurais fait avec une range assez wide. Il me checkraise allin et je paie, il a A357 et les carreaux. Il touche turn et je rate river. Je termine 6ème pour ma première place payée de 2012 et satisfait de presque tout mon tournoi. Je pars manger du homard dans Nassau avec Etienne et rentre me coucher.

Le lendemain matin, nous décidons d'aller jouer les 18 trous de l'Ocean Club le matin à 9h, le golf est exceptionnel, il fait beau et il y a peu de vent. Etienne finit en 3h et nous déjeunons ensemble sur place. Je pars pour le High-Roller et le laisse au trou numéro 1 alors qu'il repart pour dix-huit de plus. Ma table de départ est la plus relevée que j'ai jamais vue, mais je me concentre et m'en sors bien : je monte progressivement de 50,000 à 80,000 quand arrive un spot intéressant. J'opte pour un gros 5-bet allin avec A4o, il a KK et je tombe à 30k. Au moins je ne suis pas scared money.

Je survis péniblement jusqu'à 23h30 et finis par sauter sur un coup assez standard : TT vs KK. Je suis satisfait de mon jeu tout au long du tournoi et achève donc mes tournois prévus aux Bahamas.

La suite n'est que détente et repos avant le retour en Europe vers ma prochaine étape, les EFOP a l'Aviation, puis l'EPT Deauville !