Sur la route
dansAu poker, on parle souvent d'objectifs, qu'ils soient de moyens ou de résultats. J'ai longtemps été un farouche opposant à l'idée même de se fixer des objectifs de résultats, préférant ceux de moyens. Mais avec le temps (le coaching mental, la thérapie et les engueulades avec mes amis), j'ai compris que sans objectifs de résultats, on ne pouvait pas mettre en œuvre de manière efficace des "moyens".
Ici, nous ne sommes clairement pas en train de savoir si la poule était là avant l'œuf : sans objectifs définis, il n'y a pas de moyens. Après, on s'avoue ou non ses objectifs. C'est le problème de beaucoup de personnes et pas seulement des joueurs de poker.
Si on se fixe pour objectif de jouer 50,000 mains à une certaine limite juste « pour voir comment on s'en sort », l'objectif non avoué est de battre la limite mais on ne le verbalise pas par peur de l'échec.
Du coup, on ne l'avoue pas publiquement et on ne se "mouille" pas. Ainsi, on se met moins de pression pour réussir, et on s'en tient à un objectif de moyen alors qu'on aurait pu tout mettre en œuvre pour atteindre l'objectif de résultat non avoué.
La peur de l'échec, c'est aussi et surtout la peur du regard des autres, et non pas la peur de s'auto-décevoir comme beaucoup pensent. Si on met tout en œuvre pour atteindre un objectif et qu'on échoue, on en retire toujours une forme de satisfaction qui durera bien plus longtemps que la brève déception. Et on aura en plus une réponse quant à notre capacité ou non à réussir.
Le vrai problème, c'est le regard des autres au sens large mais aussi le regard de nos proches. Il est très important d'être soutenu par notre entourage et je sais - comme beaucoup d'entre vous - qu'il est parfois difficile d'assurer quand notre famille doute de nous. Il est donc important qu'ils comprennent ce que l'on fait et pourquoi on le fait.
Aujourd'hui, je suis content de pouvoir répondre en permanence à la question dont les journalistes raffolent : « quels sont vos objectifs Ludovic ? »
A long terme, je veux gagner des titres en live et redevenir performant en highstakes online, cette fois-ci en Pot-Limit Omaha. Je ne pense pas que cela arrivera du jour au lendemain. J'ai donc établi une feuille de route modulable pour y arriver.
En live, je dois persévérer, améliorer ma concentration mais aussi la qualité de mon jeu. Cela passe par une bonne hygiène de vie et par du temps passé à jouer online ou à réfléchir au jeu de tournoi.
Online, il faut que j'apprenne à battre les limites progressivement en PLO tout en travaillant mon jeu en profondeur. Quand j'ai commencé le Omaha, je jouais très cher en cash game contre des idiots finis. J'ai bien run en pensant que j'avais le niveau pour battre les 2/4, 3/6 ou encore 5/10 online sans travailler. Et comme je n'ai jamais vraiment joué de gros volumes sur un temps réduit, j'attribuais mes pertes répétitives à un bad run permanent.
Mais force est de constater qu'un bad run qui ne s'arrête jamais... n'en est pas un !
Je dois donc retravailler mon jeu et changer tout ce que je pensais être acquis. Je vais le faire sans pression, en montant les limites sur Winamax une à une comme cela devrait être fait.
A la lecture de mes objectifs, vous devez penser que je me focalise bien plus sur le Omaha en ligne que sur les tournois. C'est faux, les enjeux sont bien plus gros en live et une énorme part de mon énergie est focalisée là-dessus... Disons que comme j'en parle tout le temps, je me suis dis que je n'allais pas m'étendre une fois de plus sur la question.