Et Elky laissa un vide …

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Salut à tous,

Je vais reprendre mes comptes rendus de tournois sur le blog en vous racontant mon tournois de Monte Carlo, dont la fin n’est pas glorieuse du tout, plutôt que mon Itm de San Remo.

Un besoin ce matin, de mettre sur papier, de coucher sur l’ordi la succession des événements tels que je les ai ressenti hier dans mon day 2 à Monte Carlo. L’envie de faire place nette pour les tournois à venir : le ladies event dans quelques heures et surtout Venise dans cinq jours.

Mais c’est promis, vous n’y couperez pas, vous aurez mon récit de ma 57 ième place et même de mon Day 1 ici à Monaco puisque ce n’est pas tous les jours qu’on bluff l’un des meilleurs joueurs du monde, John Juanda, 4 bracelets et une manière très raffinée de prendre son thé.

 

Je débute donc à midi le day 2 avec un stack correct de 65000, mieux que l average, de quoi jouer.

 

Mon mari regarde les tableaux de composition des tables pendant que je joue avec les enfants sur le parvis de la salle du tournois.

« J’ai une bonne et une mauvaise nouvelle »

« je suis à la table d’Annette ? »

«  non, tu as Elky … mais tu as la position sur lui »

 

Je garde le sourire, non pas pour l histoire de la position mais juste parce que j’aime beaucoup Elky et que notre historique de jeux est plutôt positive

 

La partie commence 

Les deux premières heures, je descend un peu, je remonte, deux joueurs sautent, à ma gauche un nouvel arrivant qui monte un gros stack sur un seul coup mais il me parait moins dangereux que d’autres. Elky (à ma droite donc) remonte bien, se montre agressif fidèle à sa réputation, et je reconnais à sa droite, un jeune joueur pokerstars déjà vu sur le circuit. Il attaque systématiquement ma bb et joue donc tous ses boutons avec un bon tapis.

 

Voilà pour la mise en bouche.

Et puisque je parle de bouche, je dois dire que de la même façon qu’il est difficile pour la majorité des joueurs de la team de jouer le matin, il m’est très compliqué de jouer le ventre vide. Là-dessus, je suis comme les enfants quand j’ai faim, il faut que je mange et avec un début de tournois à midi et une pause dîner prévue vers 18h30… comment faire ? une pomme et un bout de pain m’attendent dans mon sac, prêts à me secourir mais je suis incapable de manger à table … bref

 

Si je pense à l’image que j’ai à ce moment là à table, disons que c’est mitigé.

J’ai été plutôt active sans show down, j’ai remporté des petits pots sur mon image (parce que les cartes sérieux le désert mes amis !) mais j’ai laché deux pots moyens sur des reraise

et j’ai montré une main pas très bien jouée (et pourtant je sais parfaitement comment je dois la jouer …) :

je limp au bouton 99 on est 4. flop 952 rainbow tout le monde check moi y compris (jusque là je suis d’accord avec moi-même) puis turn une brique tout le monde check et là je check à nouveau et je me demande ce qui m’a pris: si je bet petit la turn au bouton, je pense être suivie au moins par un joueur, sinon par deux avec la côte du second … mais bon je check… à la rivière, tout le monde check et je bet un demi pot, un seul payeur et je remporte mon maigre pot)

Je me retrouve une fois en bataille de blinds avec Elky. Il me raise, je le reraise avec rien. Mais besoin de me faire respecter. Non Elky tu ne vas pas me la faire à chaque fois …

La situation n’est pas simple pour moi dans mes blinds. Le joueur au bouton aggresse, Elky fait parfois barrage en défendant lui sa petite blind et je fold derrière.

Je joue pourtant un gros pot avec mon agresseur qui fold sa main à la rivière contre moi sur un board avec quinte et flush possible (je n’avais rien de tout ça mais comme lui non plus c’est finalement lui qui a pris peur)

 

Nous étions plus de 500 joueurs, nous sommes encore 390 au bout de 4 heures de jeu et j’ai le sentiment de ne pas voir le bout du tunnel, un peu de découragement surement, un manque de protéines surement aussi. Nous sommes à 600/1200 ante 100 j’ai 55000 de stack pas de quoi s’affoler.

Et puis Elky saute. Sur quoi ? je m’en fiche un peu mais il saute.

Et se lève.

Et je ressens le vide.

Le coup juste après, je suis seule en BB. Tout le monde passe et mon agresseur du bouton me raise une fois de plus.

Nous sommes en prise directe. Plus personne entre nous et oui, je me sens « physiquement » agressée à ce moment là

Je soulève mes cartes JQo. Je décide de défendre ma blind. je call.

Flop KQ9

Je donk bet 5000. Alors oui, bien sur je pouvais check.

Imaginons d’ailleurs que je check. Ca ne changeait rien. Il bet comme à chaque fois et avec ma paire et mon gutshot, et contre ce joueur là, je call au minimum. Mais je décide de prendre la main et il me raise (presque un mini raise) . Le pot est déjà conséquent, son tapis à lui imposant, je viens de lui prendre des jetons … son mouv peut être mis sur tellement de choses, tellement d’interprétations possibles … je call en espérant trouver un 10 ou une Q sinon je révise mon plan de route.

Mais je trouve ma Q et là c’est foutu mais je ne le sais pas encore. Et quand mon tapis est payé je sais bien que j’ai perdu mais il a quoi ? c’est idiot de me raise avec la quinte au flop et je ne le prend pas pour un idiot ! Non, il a juste la pire main qui soit KK donc full des K par les Q. Drawing dead la petite Alexia

 

Alors à quel moment je pouvais me sortir de ce guêpier ? C’est vraiment cette question là qui me prend la tête et qui fait que ce matin, ma fille me demande cinq fois si j’ai mis du chocolat dans son lait et que je ne lui réponds pas.

Pré flop ? Certainement pas. Nous sommes table 21, une table qui ne cassera pas de si tôt. Il a un gros stack, le mien est encore décent, nous allons jouer ensemble encore de longues heures (en tout cas je le pense à ce moment là). Je ne peux donc pas fold et lui laisser encore ma blind sans me défendre.

Au flop ? Peut être oui.

Ce besoin que j’ai eu de me défendre et de bouger pour qu’il se passe quelque chose devant l’immensité de ce qui reste à parcourir. Tenter pour avancer, plus vite, plus loin, quitte à m’embarquer là où il ne faut pas (pourquoi pas faire boîte ?).

Voilà une journée, un moment dans lequel je ne me reconnais pas. Sans cette succession de sensations, j’aurai sans doute fold au flop en me disant peut être il a rien mais c’est sans importance, notre rencontre, ce sera pour une autre fois …

 

Voilà, je finis de vous écrire et je me sens mieux, prête à affronter ces dames (accompagnatrices de joueurs ? joueuses ? un mélange des deux sans doute) et bien que ce ne soit pas ma spécialité, j’attends 17 heures avec impatience !

 

A très vite !

 

Alexia