Prague m’a laissé un goût amer en bouche. Après une première journée assez folle, après des reads parfaits et de bonnes décisions, je quitte le tournoi sur ma première main du Day 2. Ironie de la journée, c’est une main que je suis à deux doigts de ne pas jouer. Je quitte mon hôtel d’un pas vaillant, coince mon talon de botte dans un rail de tram, « crac », repars à cloche pieds dans la direction de l hôtel le rire au bout des lèvres, change de chaussures et file, cette fois en courant, vers la salle du tournoi. Je m’apprête à regarder la liste des joueurs avec leur placement quand Paco, notre cameraman, me dit « vite, vite, ta table est là ! » et je cours m’asseoir pour découvrir, en même temps que j’enlève mon manteau, AK au bouton. Je raise, la petite blind me reraise et je décide de simplement call. Si je touche au flop, il ne mettra pas facilement sur cette main là. Les premières mains de la journée sont toujours plus difficiles à jouer : qui sont ces joueurs, leur parcours, leur motivations ... tout ce qui reste à éclaircir et qui au moment où je joue cette main me fait dire "pfffff j'aime pas jouer de gros pots la première heure sans historique"

Le flop est A-J-8 avec deux piques. Il bet 11000, je réfléchis et le raise à 25000.

Et il boîte ... il peut avoir un gros draw, un bon as, ne pas me voir avec une si bonne main vu que je ne l'ai pas 4 bet préflop. Pourquoi faire boîte s'il a brelan ? Il va faire fuir des mains qu'il domine très largement comme AQ que je représente facilement.

La décision est difficile. Je le regarde et je lui parle. J'empile mes jetons, je les compte et recompte, il ne bouge pas. Et je paye. Il dévoile JJ. Je n'espère même pas 10 Q ou runner full (ça n'arrive qu'aux autres) et je renfile mon manteau. Est-ce que j’ai des regrets ? Oui …

Maintenant, il faut passer à autre chose. Regretter c’est se tromper deux fois. Je développe depuis cet automne un jeu plus agressif, je paye plus de bluffs, j’en réussi plus aussi et je maîtrise de mieux en mieux mon image et ses avantages … de quoi penser à l’avenir avec gourmandise.

   Début décembre, tout le Team est convié à participer à un freeroll avec une soixantaine de journalistes lors d’une soirée organisée par Winamax. En attendant que la partie se termine, des SNG et des HU s’improvisent aux tables. Et Guillaume me lance « on se fait un petit heads up ? ». Nous ne jouons pas d’argent mais un enjeu personnel. Un croupier vient nous proposer ses services et je redécouvre un plaisir immense : rentrer dans le cerveau de mon adversaire. En tête à tête.

L’image la plus exaltante pour moi est le visage de Guillaume, incrédule mais amusé, se retournant vers Nico, Anto et Pedro Canali  « Elle value bet hauteur AS! Tu vois mes cartes ou quoi ? ». C’est vrai que j’avais une bonne lecture de son jeu.

Pourquoi est ce que je ne joue plus de HU en live, moi qu’on surnommait «la reine des heads up»? Retourner à mes premiers amours ? … Et pourquoi pas …

Je me souviens de mon dernier HU live. C’était à un tournoi de l’ACF avec une centaine de joueurs : je ne lâche rien mais je dois partir récupérer ma fille. Je propose au joueur adverse de dealer les prix mais comme il pense qu’il va me plier (une fille ? ahah), il refuse … et un quart d’heure plus tard, c’est moi qui vais repartir avec le premier prix et des excuses en bouche pour la baby-sitter.

Nous terminons la partie avec Guillaume sur des poufs en skaï dans une salle vidée. Je demande au patron les clés du lieu « des fois qu’on en ai pour la nuit » … mais finalement Guillaume va rendre les armes après 2h30 de jeu. 1-0 pour moi.

Nous remettrons ça très prochainement, c’est certain. Peut être même que ce duel prendra la forme d’un rendez vous régulier, qui sait … on vous tiendra au courant !

  La fin de l’année approche, les boutiques vendent des articles dont nous n’avons que rarement besoin. Alors pour ceux qui n’ont pas ou plus d’idées de cadeaux (tout le monde a déjà sa mallette de jetons ? obv), je vous laisse en conclusion ma wish list à moi :

 * Alain Bashung  « A Perte De Vue » coffret de 27 CD et un très bel objet pour découvrir ou redécouvrir cet homme immense.

* « La Trilogie Amoureuse » de Philippe Caubère : 3 DVD, un one man show ahurissant par cet acteur génial sur ses débuts au théâtre de la cartoucherie de Vincennes.

* « En Analyse » : nouvelle série, amateurs d’effets s’abstenir puisque c’est une plongée aride dans un cabinet d’analyse. Avec Gabriel Byrne.

Pour réfléchir et faire pleurer : « Welcome » de Philippe Lioret et « D’autres Vies Que La Mienne » d’Emmanuel Carrère.

Et pour votre cousine, votre petite sœur ou votre ado rebelle, foncez sur les comics book Made In Usa « Emily the strange » vous y croiserez même un chat nihiliste prénommé … Nee chee …

 

Je vous souhaite de belles fêtes et à bientôt

 

Alexia