Voici un petit compte-rendu de mon tournoi au FPT Dijon. Non, il n’y aura pas de blagues « moutarde » dans cet article.

J’arrive le matin même en TGV avec le sémillant YueStud et sa compagne Axelle. Après avoir posé nos affaires à l’hôtel (un très charmant **** en plein centre de Dijon, Winamax nous a gâtés sur ce coup là !) nous nous dirigeons prestement vers le palais des congrès où tout est prêt pour nous accueillir. Première impression : l’organisation est impressionnante de professionnalisme. Floors en costards, matériel de qualité, ponctualité irréprochable, service de sécurité et d’accueil… Bref la grande classe, un tournoi qui n’a que peu à envier aux grosses machines du circuit. Seul manque évident : les croupiers. Mais quelque part, on retrouve le plaisir de dealer soi-même comme en home game, de mélanger à force « riffle shuffles » ! A noter aussi que les organisateurs ont eu la brillante idée d’engager la charmante Marion au coverage, quitte à donner le torticolis aux participants.

Une horde de joueurs un peu tendus (mais enthousiastes) s’installent aux tables. Petite annonce au micro des organisateurs, j’enchaîne sur le « shuffle up and deal » rituel et c’est parti !

Nous ne sommes que sept à ma première table où j’ai le plaisir de retrouver Axelle. Ca commence fort ! Première main, j’ai J9s au bouton, je raise à 15, le BB veut sur-relancer à 25 mais ne met que le jeton sans annoncer. Je lui explique que sa relance est bonne mais qu’il doit faire attention à l’annoncer quand il ne met qu’un seul jeton, etc… Bref je fais le « prof », jusqu’au moment ou je réalise que dans mon emportement j’ai moi-même raisé à 15 en blinds 5/10 ! Quel boulet…

Un âne se cache sur cette photo... Saurez-vous le retrouver? (photo coverage officiel)

Je perds ce premier coup et les mains s’enchaînent rapidement. Les joueurs sont plutôt timides et serrés, avec quelques tight agressifs dans le mix. Je ne m’attendais plutôt à un festival de calling stations et de loose passif, bad read ManuB ! Le niveau poker en France a monté, ce n’est pas encore la Bobby’s Room du Bellagio mais on sent que certains concepts ont été intégrés.

Un coup amusant : Je limp au bouton derrière deux limpers avec A4o. Le flop vient KK7, le premier limper mise, je raise, il call. Deuxième barrel au turn sur une brique, il passe son sept… Je reçois JJ deux fois, avec lesAquels je smooth call des petites relances et remporte des petits pots. Peu à peu, j’ouvre mon jeu en découvrant que finalement tout le monde est assez tight et que personne ne prend le tournoi à la légère. Malheureusement, cette première table casse et me voilà reparti en vadrouille à la recherche de ma nouvelle table, avec 2300 jetons sur les 1500 de départ.

Nouvelle table, encore plus tight que la précédente. Je me mets à relancer pas mal de coups, autant que la profondeur de tapis me le permet. Assez vite, je me rends compte que personne n’a envie de sauter et qu’en conséquence les très short stacks de 4-5 grosses blindes se mettent à pulluler… Ce qui restreint un peu la marge de manœuvre preflop.

Néanmoins, je trouve aussi du jeu : AA en big blind, un limper pour 70, je relance à 270 et il fait tapis pour 900 avec QQ… Pas de bol, mais c’est ça de jouer avec des professionnels ! :-D

Puis je trouve QQ UTG, relancé à 300, payé par le bouton. Flop assez moyen, QTT… Check check. Turn 8, je mise 300, il call. River Q! A ce moment, je réfléchis de cette manière : il aura rarement un as pour checker la river. S’il a un T, il fera probablement un value bet. S’il a une paire sous le dix, ou un air quelconque, il va sans doute essayer de bluffer. Je checke, il mise, je check-raise et il instamucke sa paire de cinq… Je montre mon carré bien entendu !

Situé au bouton, je relance fortement derrière trois limpers avec 78o, l’un d’entre eux me paie avec KQ… Mais quelle inconscience ! Évidemment le flop tombe 2345….6 ! Ya pas à dire, je suis en forme.

Enfin sur l’avant-dernier niveau j’ai une main difficile que j’ai décrite et analysée en long et en large sur wampoker.com : voici l’adresse pour en savoir plus : http://www.wam-poker.com/forums/viewtopic.php?t=36907

La fin de la journée approche, tout le monde se resserre encore plus, j’en profite pour resteal all in sans regarder mes cartes deux fois, et ça marche. Je termine la journée avec 7800 jetons, avec 51 joueurs restants et une moyenne à 8100.

Le soir, dîner dans un petit restau dijonnais avec toute l’équipe du FPT et le redoutable duo Yu/Axelle qui n’a malheureusement pas survécu à la journée. Je mange d’ailleurs à l’œil suite à un pari « last longer » remporté contre mon estimé team manager. Allez, je prends un dessert…

Deuxième jour : en blinds 400/800, avec dix blindes de tapis, la marge de manœuvre est ténue. Je suis en mode push/fold et fini par envoyer mes 7000 restants avec KJs en début de parole alors que la grosse blinde n’est pas assise. Une joueuse tight me paie pour son petit tapis de 2200, et le joueur de petite blinde réfléchit un moment et annonce « je crois que je vais me faire plaisir » et me call avec K9s ! La joueuse a AJ et on dévoile le flop :

J … T …. 8 qui lui donne en plus un flush draw. J'ai l’impression qu’on va faire plaisir à quelqu’un.

Et paf, le trois de trèfle au turn scelle mon destin dans ce très réussi tournoi.

Je poursuis la journée avec un sit and go super-turbo-mad-tilt-all-in dans lequel j’utilise toutes mes « skillz » pour arriver en heads-up avec 880 jetons contre 120 à ma jeune adversaire. Bien entendu, je me fais totalement démonter lors du HU et elle remporte à la fois le premier prix et le bounty placé sur ma tête!

Un second sit and go deux tables se lance, avec comme prix le droit de m’affronter en tête-à-tête dans une structure un peu plus deep. Quand arrive le moment du HU, je suis un peu inquiet : mon adversaire est remonté de moins d’un big blind et a gagné à peu près 5436 coups d’affilé. Je pense que je vais passer à la casserole à mon tour, je décide donc de passer en mode « Sir Cuts » en revêtant lunettes de soleil et sweat à capuche. (Je cherche d'ailleurs une photo pour commémorer ce grand moment. Si quelqu'un a, envoyez-moi ça en MP sur wampoker svp)

Je fais preuve de tout mon talent dès la première grosse confrontation ou je call un reraise preflop, un check raise au flop et un gros bet turn avec K3 sur 8935, pour évidemment toucher le K à la river et battre son QQ. Hé oui, comme le dit si bien mon pote Jaybee, « C’est ça d’affronter un professionnel ! ». Mon adversaire se débat encore un moment mais finit par succomber sous mes coups de boutoirs.

Séance photo avec les qualifiés, et nous revoilà en partance pour Paris, fatigués mais avec un sourire jusqu’aux oreilles. Vivement Lille, Lyon et Paris!