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Cuts, Manu, ACF, Deauville : le temps des adieux

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Le début d’année

J’ai joué cette année trois tournois aux Bahamas à l’occasion du PCA, quatre tournois à l’EPT Deauville et deux tournois au Winamax Poker Tour à Paris. Sur ces neuf tournois, j'ai atteint à cinq reprises les places payées, participé à trois finales et remporté un titre.

Je n’ai jamais été un joueur réalisant beaucoup de places payées. D'une part parce que je suis assez irrégulier et assume volontairement mes erreurs, et d'autre part car ma stratégie de « jouer pour gagner » implique de grosses prises de risques lors des phases de bulle dans les tournois, dans le but de me mettre dans des conditions idéales pour aller chercher la victoire, étant donné que les structures de paiement avantagent beaucoup les premières places. 

Depuis un certain temps, je suis plus constant dans mes résultats. Et il y a des raisons à cela :

L’accumulation du facteur « confiance » engrangé ces dernières années.
L’expérience de plus de huit ans sur le circuit live.
L’image d'un joueur imprévisible.
Des objectifs fixés en termes de résultat et de classement et non plus en termes financier
Un « run good » qui ne me lâche plus !

Mon classement

Je suis actuellement premier du classement de Joueur de l’année EPT et troisième du classement Global Poker Index  (400 points me séparant de la première place occupée par l’Allemand Ole Schemion)

J’ai là une réelle opportunité de remporter ces deux classements. L’objectif est évidemment très difficile, mais il est réalisable ! Il faudra pour cela accomplir de belles performances lors des deux derniers festivals EPT de la saison (à Malte et à Monte-Carlo). Je compte donc y jouer les Main Event, le Super High-Roller à 25 000€ l’entrée, les tournois High-Roller, ainsi que de nombreux autres tournois annexes.

Changements dans le Team

Après le départ de Manuel Bevand, c’est Ludovic Lacay qui a pris la décision de mettre un terme à sa carrière. C’est un coup dur pour l’équipe ainsi que pour la communauté française.

Ces deux-là étaient des ambassadeurs idéaux : authentiques, charismatiques, à la fois pédagogues et dotés d'une excellente qualité oratoire, pourvus d'une grande intelligence et très disponibles. Ils représentaient le poker comme on l'aime tous : éthique et fair-play, acceptation de la variance inhérente à ce jeu et professionnalisme incontestable.

Ludovic était le réel leader d’opinion du Team Winamax et Manuel se mettait toujours à disposition de ses camarades pour les aider à tout moment. Je comprends leur choix et suis persuadé que leur énorme potentiel leur permettra de réaliser des projets aussi ambitieux qu’eux. Les gars, vous allez nous manquer !

D’un côté, leur choix me rassure, car je me dis qu’une vie après le poker est possible. Mais je ne me sens absolument pas prêt à changer de carrière. Cela me semble assez frustrant de devoir renoncer aux fruits des connaissances accumulées depuis des années, et il m'est difficile d'imaginer un autre domaine d'activité dans lequel je pourrais pleinement jouir de cette grande liberté qui caractérise notre passion commune. 

Mon rôle dans le Team Winamax a évolué après ces départs : je suis maintenant le deuxième plus ancien dans le groupe après notre patriarche Michel Abécassis. L'équipe demeure très soudée, notamment grâce au travail de notre manager Stéphane Matheu qui met tout en œuvre pour que nous échangions des idées et partagions nos expériences, aussi bien lors des tournois qu'au travers de discussions en ligne. Dans cette optique, des séminaires sont également organisés, comme celui à Spa en janvier dernier. Et la récente arrivée du nouveau Top Shark, Adrien Guyon, amène un peu de fraicheur à l’équipe. Je ne serais d'ailleurs pas étonné que son style de jeu, à la fois peu conventionnel et très spectaculaire, lui permette d'aller chercher prochainement un très gros résultat.

L'ACF et Deauville

Davidi à l'ACF en 2014, avec le TD Nicolas Fraioli et son ami Hugo Lemaire, après avoir fini deuxième lors d'un tournoi des EFOP

L'Aviation Club de France a donc définitivement fermé ses portes. Je garde énormément de souvenirs de l'antre de jeu parisien. Il y a eu mes visites régulières l’époque où je débutais le poker en 2004. Je prenais le train Bruxelles-Paris en direction des Champs-Elysées pour disputer des sessions de cash game de douze heures journalières à la table à 100€. Avec une solide formation en ligne, je dois bien avouer que je revenais rarement perdant, et ce malgré les dépenses importantes réalisées pour bénéficier des repas gastronomiques du restaurant de l’établissement. Je me rappelle encore qu'avec les joueurs rencontrés sur place, nous terminions souvent nos soirées à la discothèque juxtaposant le cercle - le Queen - à faire le bilan de nos parties.

À titre d'anecdote, je me souviens d’une session où je gagnais 3000€ sur une table aux blindes à 5€ et 10€, lorsqu’à 4 heures du matin, un joueur imbibé d’alcool arrive à la table, dépose 5000€ devant lui, et décide de relancer à 300€ toutes les mains sans même regarder ses cartes. J’ai terminé la soirée ruiné, après qu’il soit parvenu à me mettre tapis pour 5000€ sur un simple 4-bet pré-flop: j’ai en effet payé avec une paire de Valets alors que lui avait Roi-Dame, et forcément, une Dame est tombée à la rivière. J’en ai été traumatisé pendant un certain temps !

Il y a aussi mon premier succès en live, en 2006, lors de l’EFOP Gold à 1000€ l’entrée, un moment à marquer d'une pierre blanche. Outre le souvenir mémorable de cette victoire, c’est un tournant de ma carrière m'ayant permis d'assurer la transition entre le monde du cash game et celui des tournois, qui par la suite a retenu ma plus grande attention.

Je n’oublierai pas non plus le haut niveau de compétence des employés du cercle, en particulier les directeurs de tournois (notamment Nicolas Fraioli) et les croupiers.

L’EPT Deauville était quant à lui un rendez-vous incontournable du circuit. Il est évident que la période retenue n'était probablement pas des plus alléchantes avec des rues quasi désertes et des joueurs internationaux qui brillaient par leur absence. Néanmoins, les joueurs français venaient en nombre, les tournois étaient très profitables, les dotations n’avaient rien à envier aux autres tournois internationaux. Et que dire des moules et des plateaux de fromages normands des pittoresques restaurants de Trouville…

La fermeture de l'ACF et la disparition de l'EPT Deauville sont incontestablement un gros coup dur pour le poker français. Je ne comprends pas qu’il n’y ait plus aucun tournoi international sur le territoire français. Oublie-t-on les belles affluences de ces tournois aux droits d’entrée élevés, que ce soit à Deauville, Cannes, Enghien-les-Bains ou encore Amnéville ? Les français aiment le poker...le beau poker, sain et réfléchi. Si certains veulent leur mettre des bâtons dans les roues, qu'ils sachent que la liberté finira toujours par l’emporter. Comme le disait Victor Hugo, sauvons la liberté, la liberté sauve le reste !


KitBul

EPT, WPT, WSOP : pas un circuit majeur n’a résisté à l’appétit de victoire du Belge du Team Winamax, qui n’est pas pour autant rassasié.

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