Winamax

Brelan indien

Par dans

Depuis les coups de pieds au cul reçus au Havre par Louvel et sa bande, l'histoire avec l'Inde (mes partenaires financiers pour la reprise du club étaient de là-bas) dormait au fond d'un tiroir. Et puis, récemment, ma boite de production Trompe le monde s'est mise en tête de réaliser le long métrage d'un jeune réalisateur indien : Siddharth Sinha. Nous avons obtenu le Fonds Sud. Tout s'enclenche et le financement se met en place avec un coproducteur Indien renommé. Nos rêves de cinéma indien commencent à se concrétiser. D'abord sous la forme d'un court tourné il y a une semaine,  et ensuite pour son long métrage dont le tournage débutera en octobre. Au même moment, nous avons été relancés  pour imaginer l'avenir du foot en Inde. Comment le faire exister, comment développer ce sport dans un pays où le cricket est le sport roi ? La demande est gigantesque, l'enjeu génial : imaginer le foot de demain. Jonathan, indien d'origine, nous a reboosté. FIFD est né. Nous ne sommes pas 11 dans notre équipe mais 3 joueurs complémentaires. 1 par ligne : Pierre, Jonathan et moi.



La ville de Mumbai © FunOnTheNet


Lundi 14 février, 3 heures du matin. Sortie de l'aéroport bondé, traversée de Mumbai du nord au sud, sans embouteillages. Sur une bonne partie du chemin, plusieurs centaines d'indiens et d'indiennes, pieds souvent nus et couleurs tranchantes, marchent les uns derrière les autres d'un pas sûr. Ils savent où ils vont. A 3h. Pas nous... Kunal nous éclaire : on est mardi (on est effectivement mardi... matin) et ils vont au temple de Ganesh, un temple très populaire. Certains font plusieurs dizaines de kilomètres pour aller prier. Nous, on pensait qu'ils allaient au stade...


Mardi, plus tard... Les rendez-vous s'enchainent dans une légère brume cérébrale. Pour le déjeuner, le patron d'une boite de logistique de Pune nous donne sa version du crime, exagérant sa colère à la manière d'un tenancier de bar de Little Italy : « C'est criminel ! On prive les indiens depuis des années ! On leur ment, on leur impose une vérité dont ils ne veulent plus. Mais ça va changer... »  Un scandale lié à la corruption ? à la pollution ? aux conflits religieux ? Non, non, il parle de foot...


Un businessman indien ressemble souvent à un businessman du reste du monde : mêmes Blackberry en double vibrant et tiltant toutes les 30 secondes, même air exténué et pressé, mêmes excuses bidons pour montrer qu'on est vraiment un type sans lequel le monde peut difficilement tourner (« Je suis so sorry, mais je dois VRAIMENT prendre cet appel... ») pour finir par gérer devant nous une commande de tee-shirts promotionnels.


Sanpath, notre chauffeur, est un type génial. Lors de chaque trajet (à Mumbai, un trajet peut être très long), il fait un concours de chansons bollywood contre nous. Comme toujours, nous gagnons. Par contre, Sanpath est imbattable sur sa spécialité : remettre la clim à fond 30 secondes après que Jonathan ait tenté de l'éteindre. Trois jours que ça dure, et Sanpath est sans pitié : vainqueur par KO.


Fin de journée totalement irréelle lorsque l'un de nos derniers rendez vous nous parle sans discontinuer dans un anglais certainement parfait mais musicalement très proche de Peter Sellers dans The Party. La fatigue aidant, on décroche tous les trois, finissant par hocher mécaniquement de la tête sans avoir la moindre idée de la proposition que nous venons d'accepter. Je viens peut être de signer dans un club de Mumbai... Vivement la présentation du maillot.


Mercredi, tandis que Pierre tente de convaincre la future actrice de notre long métrage indien, je visite l'intégralité des toilettes de Mumbai. Rendez-vous incroyable au siège de l'un des plus grands groupes Indiens : 3 huiles nous reçoivent, pile à l'heure (A Mumbai, moins de 2h de retard n'est pas considéré comme malpoli). Capitalisme familial, écoute totale, questions précises et fines. Une heure et demi plus tard, nous sortons rincés et un peu ahuris. En nous quittant, le grand chef nous rappelle  « Et ne nous oubliez pas pour le cinéma, ça aussi on fait... » La classe.


Côté cinéma justement, diner avec Siddharth et son équipe de guerrilleros, pour fêter la fin du tournage de son court métrage. Plats démoniaques, vins... disons plus discutables mais bus en grande quantité et grosse rigolade. Vers minuit, discussion sérieuse pendant 10 minutes sur la démocratie. Forcément, 1 milliard de personnes qui vont régulièrement voter, ils ne voient pas tout à fait les choses de la même manière que nous...

Allez, jeudi soir, départ pour Kolkata, capitale du foot indien ! On va regarder si on peut aussi y développer le poker, juste au cas où...

Vikash Dhorasoo et Pierre Walfisz