[Blog] Very Good Trip
dansHello tout le monde ! Je vous écris depuis chez moi, on est dimanche et il est 6 heures du matin. Je suis déjà debout avec le décalage horaire et je meurs d'envie de vous raconter mon dernier voyage. Inutile de vous dire que c'est avec des étoiles plein les yeux que j'écris ce blog. Non pas parce que j'ai deep run le Main Event des WSOP (ça, c'était dans mes doux rêves de la nuit dernière), mais simplement parce que j'ai découvert Las Vegas pour la première fois, en ayant la chance de disputer plusieurs tournois des WSOP pendant plus de quinze jours. Allez, c'est parti !
Le grand départ
À peine le temps de reprendre le boulot au retour du SISMIX Marrakech qu'il est déjà l'heure de redécoller pour Vegas. Après avoir lu consciencieusement le blog d'Adrián Mateos offrant des conseils pour un premier Vegas réussi, les valises sont prêtes pour faire le grand saut. Réveil à 4 heures du matin et départ pour l'aéroport en compagnie de mon frère, qui est du voyage pour son premier Vegas à lui aussi.
Le trajet est long, très long, avec un avion pas forcément des plus confortables. Mais qu'importe. L'excitation prend le dessus... jusqu'à l'arrivée et la découverte de cette ville de fous ! Tout est grand, très grand. La démesure à l'état pur. Une chaleur étouffante, des bâtiments immenses, des restaurants partout, des shows tous les 10 mètres dans la rue... Pas de doute, c'est ici que ça passe !
Nous prenons un premier taxi en direction du Horseshoe, où nous avons logé pendant tout le séjour. Un choix qui s'est avéré assez pratique car tous les tournois WSOP se déroulent sur place. Ah oui, au fait : on a essayé de gruger le décalage horaire en se couchant vers 22 heures, heure locale. Perdu ! Pendant quatre jours, je me suis réveillé à 6 ou 7 heures du matin, les yeux ronds comme des soucoupes.
Revenons à nos moutons. Après avoir pris notre chambre, nous faisons un tour du propriétaire avec ce cher Melvin (un grand merci d'ailleurs à lui et à Stéphane, notre vie de joueur est tellement plus simple grâce à eux). Mais pas le temps de tergiverser, on est venu là pour voir des cartes. Let's go!
Place au jeu
Dès le lendemain, je prends place dans le Millionaire Maker à 1 500 $, l'un des gros tournois des WSOP. Après une journée bien remplie et une dernière main de Day 1 complètement folle (deux Rois qui gagnent contre deux Dames et As-Dame), je bag une soixantaine de blindes pour le Day 2.
La journée démarre avec quelques petits coups perdus, je subis ensuite un peu la bulle, mais le plus dur est fait : je suis ITM sur mon premier tournoi WSOP. Quel rêve ! L'aventure continue jusqu'à la 700e place pour 3 700 $, où je suis éliminé au retour du dinner break sur un hero call de Safiya Umerova que l'on qualifiera d'original.
Après ça, pas grand-chose à signaler. Je signe un min-cash sur le Colossus à 400 $, et des journées blanches sur le reste. Ah oui, j'ai passé une journée complète sur le 5 000 $ 6-Max à la table de Daniel Rezaei (un joli clin d'œil du destin après avoir commenté une main jouée contre lui pour la Top Shark Academy) et Chance Kornuth. Et vraiment : waouh ! Chance m'a impressionné, en termes de poker évidemment, mais surtout par sa présence à table et son regard ultra-perçant, très perturbant. Il a été pour moi une vraie source d'inspiration pour la suite de mon Vegas, et je pense ma carrière live en général. Malheureusement pour moi, ce tournoi s'arrêtera à la fin du Day 1, sur une confrontation préflop As-Roi suité contre une paire de Valets pour un pot de 120 BB.
Bon, le Main Event approche, mais pas question pour autant de lever le pied. Le Mini Main sera un bon échauffement. Le field est énorme et le niveau relativement faible. Un bon mélange pour deep run. Je passe la bulle assez short stack et la moyenne sur ce tournoi est assez basse. Une bonne boucherie à dix par table : il va falloir run good. Le début du Day 2 se déroule plutôt bien, jusqu'à ce coup fatal à 200 joueurs restants où je saute, une nouvelle fois avec As-Roi contre une paire de Valets pour un pot de 60 BB, soit 3,5 fois le tapis moyen. Siiiiick!
Encore un min-cash, le quatrième du séjour. Ça pourrait être mieux, ça pourrait être pire, mais l'essentiel arrive. Place au Main Event.
Du rêve à la réalité
Ça y est, je suis dans le tournoi qui m'a tant fait rêver durant toutes ces années. Le Main Event des WSOP papa ! Je décide de démarrer sur le Day 1B. Si c'était à refaire, je choisirais plutôt le 1D, la journée de départ préférée des joueurs récréatifs. Je tire quand même une belle table, et je vais y passer toute la journée. Mis à part un joueur régulier espagnol, je n'ai que des amateurs face à moi. Le ressenti est incroyable : on commence avec 300 blindes, mais on sent la tension à chaque coup joué, un peu comme un instinct de survie. Personne ne veut lâcher des jetons, il faut se battre à chaque coup pour grappiller des miettes.
On m'avait dit que ce tournoi était très particulier en termes d'émotions et de concentration. Je ne pensais pas à ce point-là. La journée se déroule assez bien pour moi, je double mon tapis de départ sans jouer de gros coups. Le contrat est rempli. J'aurai 150 blindes au départ du Day 2. Après deux journées de repos bien méritées, je repars au combat plein de rêves et d'espoir. La journée va être longue et je suis prêt à donner le meilleur de moi-même à chaque seconde. Je commence par perdre quelques petits coups au showdown (deux paires contre brelan, top paire contre quinte...). Rien d'alarmant toutefois, j'ai toujours 100 BB devant moi.
Puis, 45 minutes après le début de la journée, arrive cette main.
Ouverture à 2,5 blindes UTG d'un régulier canadien très actif, qui joue 150 BB. Call du low-jack et du joueur en petite blinde. Je découvre As-Roi suité en BB et je décide de squeeze à 15 BB. Le joueur UTG me regarde et me 4-bet assez rapidement à 55 BB ! Qu'est-ce qui est en train de se passer ? Si j'ai bien regardé sa fiche Hendon Mob, il a l'air d'avoir un profil sérieux. Mais pourquoi ce sizing ? Je ne comprends pas. Je l'observe pendant un long moment. Il a l'air mal à l'aise. Bon déjà, on enlève deux As de sa range. Clairement, il n'aurait pas 4-bet si cher, du moins je l'espère pour lui ! Qu'est-ce qu'il lui reste ? Deux Rois ? Deux Dames ? Pas sûr qu'il voudrait faire aussi cher avec ces mains-là. Le combo qui a le plus de sens reste As-Roi. Beaucoup de joueurs ont ce défaut de relancer très cher avec cette main "non faite". À part ça, est-ce qu'il est capable d'être en bluff avec un tel sizing ? Il est clairement commit contre mon tapis, donc je ne pense pas. Je décide de prendre mon courage à deux mains, et après deux minutes de réflexion, j'annonce à la croupière "I'm all-in!"
Snap call de mon adversaire ! Aïe, ça ne sent pas bon : iI retourne deux Rois. J'appelle intérieurement, à la manière du VietF0u : "Toujours l'As !", mais il ne viendra pas. Je suis éliminé moins d'une heure après le départ du Day 2. C'est brutal, trop brutal. J'étais prêt à batailler toute la journée, et tout s'écroule d'un coup. Quel jeu de fou !
Pour être honnête avec vous, j'ai ressassé ce coup dans ma tête pendant plusieurs jours. Peut-être bien que j'ai fait une erreur, mais je n'en suis toujours pas convaincu. De toute façon, on ne peut pas revenir en arrière. Cela fait partie de l'apprentissage, et j'en tirerai les leçons nécessaires pour, je l'espère, le Main Event de l'année prochaine.
Je quitte donc Vegas là-dessus, ce qui me laisse un goût amer sur le moment. Avec un peu de recul évidemment, le résultat global de ces premiers WSOP reste positif et l'expérience inoubliable. En résumé, c'était une grosse dose de kiff' et une expérience à jamais gravée dans ma mémoire. J'en profite pour remercier une nouvelle fois Winamax sans qui tout cela ne se serait jamais réalisé. Mille mercis !
Pour la suite, l'EPT Barcelone va arriver très vite, et j'ai déjà hâte de (re)voir certains d'entre vous à Bratislava. À bientôt pour de prochaines aventures !