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[Blog] Un mauvais rêve ?

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Ma « trêve » hivernale en tournoi live touche doucement à sa fin avec le lancement de la Grande Finale du Winamax Poker Tour, marquant en même temps le début d’une saison prometteuse et palpitante. Depuis mes débuts, j’ai toujours du mal à imaginer, à l’aube d’une nouvelle année, quelle sera ma situation douze mois plus tard. J’espère que 2018 parviendra à me surprendre. Car cela fait maintenant trois ans que le schéma se répète : je vais de bonne surprise en bonne surprise, et je ne m’en lasse pas !

Encore aujourd'hui, je me demande comment j’ai pu ne serait-ce qu’envisager pouvoir un jour participer à une émission de télé-réalité, rejoindre le Team Winamax ou encore gagner 100 000 € à une partie de cartes ! Dans la vie, je crois qu’on s’habitue trop facilement aux excellentes choses et qu’il est toujours bon de prendre quelques pas de recul pour apprécier pleinement ce qu’on est en train de vivre.

Vous l’avez compris, les choses sont allées beaucoup plus vite que je ne pouvais les imaginer, alors autant y aller franchement. J’allais partir sur un blog traditionnel pour vous présenter mes objectifs et ce que je comptais mettre en place pour les réaliser, mais à la place, j’ai choisi de m’évader dans un monde imaginaire. Imaginaire mais pas forcément rêvé, attention ! Car le rêve, vous le visualisez probablement déjà : une magnifique photo, prise au cours de l'été, dans une certaine ville du Nevada, avec une très belle équipe autour de moi, poings de guerriers en l’air et sourire aux lèvres, un drapeau français en arrière-plan et un bracelet doré au poignet. Non, je vais plutôt partir sur quelque chose de différent, une projection deux ans dans le futur qui, je l'espère, vous fera sourire. Car comme le dit une expression anglaise que j’aime tout particulièrement : plan for the worst but hope for the best. Préparez-vous au pire mais espérez le meilleur ! Let’s go.

[Extrait du coverage de Juan Pablo Diaz (traduit en français), couvreur et journaliste espagnol chez Winamax.]

Manuel Ayin détrôné, longue vie à Romain Lewis !

​Samedi 9 mai 2020. Marrakech, Es Saadi Hotel&Resort.

"Le soleil resplendissant qui nous accompagne depuis le début de la journée commence doucement à se coucher sur Marrakech, alors que les joueurs du Main Event viennent enfin d'entrer dans l’argent sur ce Day 2 du SISMIX, au terme d'une bulle particulièrement longue.

Lors des éditions précédentes, nous avions l’habitude de voir les malheureux éliminés partir rapidement se consoler autour de la piscine du Es Saadi et de son décor sublime. Cette fois, quelques heures d'attente auraient pu suffire avant de voir le bubble boy oublier sa déception au Theatro avec un verre à la main, prêt à envoyer à tout moment un moonwalk entre deux ravissantes danseuses. Mais quelque chose me dit que cela n'arrivera pas.

Romain Lewis SISMIX

Tous les regards étaient tournés vers l’ex-Team Pro Winamax Romain Lewis, qui a aujourd'hui battu l’improbable record de l’Hispano-Japonais Manuel Ayin. Cent vingt-cinq tournois live sans réussir une fois à faire l’argent, dont onze bulles, c’est tout simplement du jamais vu. Alors que les écrivains du Guinness Book of World Records avaient découvert le poker "grâce" au bad run irréel de Ayin, on les imagine ravis d’avoir trouvé en Romain Lewis leur nouvelle perle. Nul doute qu’ils suivront les prochaines sorties live du Bordelais avec beaucoup d’intérêt, pour voir jusqu’où cette malheureuse série peut aller.

Vous pensiez que les onze points inscrits par Derby County lors de la saison 2007/2008 de Premier League ou que les quatorze défaites consécutives de Benevento en Série A en 2017 représentaient le paroxysme des séries cauchemardesques ? Essayez donc de faire onze « vraies » bulles et de ne pas remporter un seul euro en une saison complète de poker. Il y a de quoi avoir un peu d’empathie pour ce garçon.

Celui qui est désormais connu comme « le blanc le plus noir du circuit » nous a quand même glissé trois mots après son élimination : « Écoute, pas maintenant. » Oui, littéralement trois mots. Il faut dire que, depuis l’ultimatum du mois de décembre 2019 envoyé par Winamax à Romain lors de l’EPT Prague, nos échanges se sont écourtés, avant de carrément s’interrompre. À cette époque, Lewis portait encore fièrement le W rouge et était à trois tournois d’atteindre la funeste barre des cent tournois consécutifs sans ITM. Une situation difficilement tolérable, puisqu’en parallèle, plusieurs prodiges ont rejoint le Team et ont contribué à faire grimper l'équipe en première position du nouveau classement des Teams internationales (Global Poker Team Index, ou GPTI), tout en se classant numéros 1, 3 et 5 au classement individuel GPI (Global Poker index).

La presse était mauvaise. Romain Lewis ne gagne jamais semblait être le titre le plus utilisé en 2019 par mes confrères des sites concurrents et l’humeur de ses derniers supporters tendait de plus en plus vers le maussade.

Pour ajouter encore plus de drame à ce mauvais sketch, Romain était devenu de plus en plus superstitieux et rejetait la faute sur chaque petit détail. Lors de l’EPT Barcelone par exemple, les caméras l’avaient surpris en train de reprocher au directeur de tournoi Thomas Gimie d’avoir parlé dans son micro juste avant qu’une énième river ne vienne à nouveau anéantir tout espoir de place payée. « On ne parle jamais entre la turn et la river, sinon c’est toujours un sept qui tombe, merde ! » La colère était montée, les jetons avaient volé… Une sombre histoire qui serait liée à une dépendance au craps de plus en plus tenace.

Ces derniers temps, les seuls moments de consolation se passent sur les terrasses lilloises, accompagné de bières flamandes et de quelques rares amis. Les autres, nombreux il n’y a pourtant pas si longtemps, l’ont progressivement lâché en cours de chute. Le poker n’avait plus le même goût et ne faisait plus partie de ses sujets de préoccupation à partir du fameux « été dévastateur » des WSOP 2018, marqué par une bulle de plus sur le Main Event. Peut-être en valait-il mieux ainsi.

Volatile - Romain - Aladin

C’est alors que je rédige ces lignes que le nouveau recordman débarque au niveau du banc de presse :

« Ola Juan, comó estás ?
- Bien, gracias. Vraiment désolé pour cette bulle mais hey, regarde le positif : tu as toujours voulu un record et maintenant tu as de propre place dans le Guinness Book ! »

On s’est toujours bien entendu, donc je savais que cette petite pique allait passer mais sa réponse m’a tout de même fortement pris de court. « Crois moi ou non, mais je suis en super forme !, lâche-t-il en riant. En fait, j’avais arrêté le poker pendant un petit moment pour écrire un livre éducatif. » Ma surprise est telle que je ne peux me retenir de pouffer, mais je le laisse poursuivre.

« Ça s’appelle Seul face à la malchance. J’y raconte d’abord mon expérience, puisque les gens étaient curieux de connaître mon histoire et se considèrent tous comme les joueurs les plus malchanceux de la Terre à ce jeu. Et puis je donne aussi des conseils sur quel comportement adopter et sur quoi se focaliser pendant ces périodes difficiles. Et ça cartonne ! Il a été traduit en deux langues, s’est vendu à 850 000 exemplaires, et j’ai eu le droit à une critique dans le magazine Sciences & Vie du mois dernier. Eh ouais mon gars ! Donc maintenant, je considère le poker uniquement comme un passe-temps. Les gens sont devenus tellement sympas avec moi, que certains ont lancé une cagnotte Leetchi pour m’aider juste après le PCA : j’ai récupéré assez pour pouvoir vivre tranquillement le temps d’écrire mon livre ! Je vais même donner une conférence TedX dans deux semaines à Manchester pour parler de la performance face à la malchance et de l’acceptation d’une variable non contrôlable, puis je m’envole pour Miami présenter mon livre au public américain. »

Romain Lewis SISMIX 2

Je ressors de cette discussion agréablement surpris, voire même estomaqué. Je m’étais toujours demandé comment l’on peut poursuivre sa vie normalement en enchaînant autant de déceptions dans un domaine précis mais, visiblement, Romain a su bien rebondir après avoir touché le fond.

Une décharge d’optimisme qui me donne envie d’extrapoler et de vous dire de suivre vos rêves, chers lecteurs, peu importe ce qu’il se passe, quels que soient les aléas de la vie. Si vous donnez tout comme l’a fait Romain pour le poker, vous avez de grandes chances de réussir. Ce ne sera peut-être pas dans le domaine que vous pensiez mais qu’importe. Voyagez, voyagez loin, laissez-vous guider par les rencontres faites en chemin et ne vous dites jamais : « Ah, j’aimerais bien faire ça, mais ce n’est pas pour moi. » Je connais bien Romain et je suis persuadé qu’il ne s’est jamais dit qu’il pouvait devenir un écrivain reconnu. Qui sait, peut être dans dix ans le retrouvera-t-on moniteur de ski ou chef cuistot. Personne ne peut vous le dire, car ainsi va la vie.

Adios, amigos !"

Au moins, si je suis à Miami dans trois ans pour présenter mon livre sur la malchance, vous ne pourrez pas dire que je ne vous avais pas prévenus ! Après cette longue digression, l’heure est venue de bien préparer ma grosse période de tournois live qui arrive. Tout compte fait, je ne suis pas sûr d’avoir envie de battre le record de mon ami Manuel. Je vais donc filer de ce pas relire le blog Mes huit commandements pour 2018 de Sylvain Loosli. Ses objectifs pour l’année se rapprochent des miens et j’ai envie de suivre ses conseils de très près pour réussir.

On se dit à très vite pour la Finale du Winamax Poker Tour. Soyez sûrs que je paierai mon coup au bubble boy !


rLewis

Étoile montante de sa génération, le Bordelais a confirmé tous les espoirs placés en lui en 2021 en décrochant un premier bracelet WSOP !

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