Winamax

[Blog] Un bracelet... et maintenant ?

Par dans

Romain Lewis Blog

Entre le moment où j'ai découvert les WSOP sur YouTube et celui où j'ai décroché mon premier bracelet de Champion de Monde, une quinzaine d'années se sont écoulées. Quinze années passées en un clin d'œil et qui représentent en même temps plus de la moitié de ma vie. Tout ce temps à me passionner pour ce jeu de 52 cartes, à voyager à travers le monde en quête de mon prochain succès. Et vous le savez au moins aussi bien que moi : c'est difficile de gagner un tournoi. N'importe quel tournoi.

Jusqu’à ces World Series 2021, j'avais signé beaucoup de deep runs, mais seulement une poignée de "petites" victoires. Après sept ans sur le circuit - ce qui paraît à la fois long et court - je courrais toujours après un "vrai" titre, après ce sentiment de consécration. Bien sûr, je l'imaginais assez bien pour avoir vu gagner un certain nombre de mes amis, mais je me contentais de mes résultats, et je n’avais guère la sensation de défaite lorsque je ne gagnais pas. Au contraire, je restais positif et assez heureux. Trop peut-être. Perdre (bien) avant de jouer la dernière main d’un tournoi arrive plus de 99% du temps. La gagner et sauter dans les bras de mes amis, en ce mardi soir de mi-novembre à Las Vegas, était la première fois.

C’est presque dommage de ne pas célébrer davantage les deuxièmes et troisièmes places, car ce goût d’inachevé est palpable chez tout le monde. C'est aussi ce qui rend la victoire d’autant plus belle. Et alors, c’est l’euphorie. L’histoire est magnifique. Je prends conscience de tout le chemin parcouru, j’ai réalisé l’un de mes rêves de gosses. Now what?

Un titre et des questions

Le rendez-vous est pris avec notre Coach Stéphane Matheu quelques jours après ma finale. L’objectif est simple : se focaliser sur la suite. Il faut placer de nouveaux objectifs, pour ne pas rester trop longtemps dans cet état de flou post-victoire. Il m'arrive encore de lancer des petits pas de danse lorsque je m’aperçois dans le miroir de ma salle de bain, mais globalement, l'adrénaline est retombée et je suis redescendu de mon nuage. Plus vite que je ne l'aurais cru d'ailleurs ; plus rapidement qu'après mes deuxièmes et ma troisième place de 2018.

Romain Lewis

Un sentiment étrange m’envahit : c’était ça mon rêve ? La moitié de ma vie a été guidée par l’envie d’accomplir ce que je viens d’accomplir… Un titre, en soi, ce n’est pas plus que ça. Je tourne un peu dans ma tête et dans ma chambre. Une tonne de questions fuse dans mon crâne pour donner un peu de sens à ma joie, du moins celle que je me sens obligé de laisser paraître. On vit dans une société qui nous demande perpétuellement plus et où se reposer sur ses acquis semble être la plus grande des faiblesses. Le questionnement laisse place à de la pression. Que faire pour la suite ? Gagner un deuxième titre ? Ça donne envie, mais moins que l’idée de gagner le premier. Pourquoi ne suis-je pas en train de sauter partout depuis deux jours ? Pourquoi n'ai-je pas retourné le Strip avec tous mes amis ? L’idée de célébrer ma victoire entre en conflit avec l’immense fatigue que je ressens après ces six semaines de grind dans le désert du Nevada. Quelques bons restaurants avec des petits groupes de potes triés sur le volet feront l’affaire. C’est parfait. Je ne suis pas le seul à ressentir cette fatigue. C’est sympa. Mes amis n’attendent pas trop de moi, ne me forcent à rien. C’est exactement ce que je voulais. Je me rends compte que la vie a bien fait de nous lier : on se comprend vraiment bien.

Stéphane frappe à ma porte et ce rendez-vous à un goût d'inédit. Je me rends compte du chemin parcouru depuis l’entrée dans cette équipe, la plus belle du monde. J’ai un flash d’après le SISMIX 2017, où le Coach m’appelle pour m’annoncer la bonne nouvelle. Ce rôle d’ambassadeur que j’estimais plus important que tout, je l’ai embrassé pleinement et aujourd’hui, je réalise à quel point ce chemin fut tortueux, mais non moins magnifique. Tout cela m'a poussé à me professionnaliser, commencer à écrire et me poser des règles de vie. Personne n’allait le faire pour moi. Si j'ai décidé de quitter Bordeaux à 19 ans, c'était pour pouvoir me construire petit à petit. Représenter Winamax m'a permis de trouver un sens, un "pourquoi" à tout ce que je faisais. Je viens de ce monde amateur où beaucoup sont animés de grands rêves et de grands espoirs, donc si je peux en aider quelques-uns à avoir une différente vision d’un monde diabolisé par tout un pan de la population, et potentiellement changer leur vie comme la mienne a changé, alors c’est gagné.

Blast from the past

Je me souviens de mes premiers rendez-vous avec le Coach : l’idée même de poser des objectifs sur cinq ou dix ans me faisait tourner la tête. Steph' a retrouvé ses notes de notre tout premier meeting de ce genre, à Vegas en 2017. Je me souviens être dans le flou le plus total. Quand je vois que presque tous mes objectifs à dix ans sont aujourd'hui remplis, ça m'emplit de joie, mais je ne peux m'empêcher de remarquer en même temps mon évolution sur le plan personnel : ça me fait sourire de voir à quel point j'ai changé sur certains aspects. Par exemple, à la question "Quel serait un obstacle potentiel pour réussir tout ce que nous venons d'énoncer plus haut ?", j'avais répondu assez clairement : "Une rencontre amoureuse/ une copine." C’est dingue ! J’en ris aujourd’hui.

Romain Lewis Rail

Je me souviens que j’avais aussi une vision des choses beaucoup plus speed. Je n’avais pas le temps ! Je ne vais pas vous mentir, c’est un certain plaisir de voyager partout et de ne pas passer plus de deux semaines d’affilée au même endroit pendant des années, mais cela complique les rencontres stables ou durables. Parfait pour un gamin de 20 ans, peut-être moins pour le moi d’aujourd’hui qui se rapproche dangereusement de la trentaine. Enfin dangereusement... Vous m'avez compris.

Peu importe notre âge, nous sommes tous en constante évolution et revoir quelques écrits du passé ne peut que faire du bien. Si vous avez la possibilité de mettre la main sur des documents à vous de ce genre, je le conseille à fond. Et pas uniquement lorsque vous vous sentez mal ou d'humeur nostalgique, bien au contraire. Dès maintenant, vous pouvez écrire pourquoi vous êtes joyeux et ce que vous ressentez à l'intérieur : la gratitude est quelque chose qui se travaille et cela peut être contagieux. Cela peut également aider de mettre sur papier ce que vous voulez. Dans le cadre de ce rendez-vous avec Steph', les objectifs étaient de nature professionnelle, mais vous pouvez tout aussi bien prendre le temps de vous poser et d’écrire à propos de tout et n'importe quoi. Un peu comme un journal intime finalement. Pour vous. Pour votre "vous" du futur, pour l'aider à retrouver un peu de sens à un moment où il en manquerait.

Merci Coach

Aujourd’hui, je suis heureux de ces dernières années. Non pas parce que le titre a permis de valider ce que je fais, loin de là. C'est au contraire le chemin parcouru et l’entourage que j'ai construit qui donnent du sens à ma vie. J’ai posé les bases pour une vie heureuse en mettant en place les premiers moments de ma vie d’adulte avec des gens d’exception, devenus des amis pour la vie. Je suis content de ne pas avoir sacrifié plus que je ne l’ai fait et de m’être trop renfermé sur moi. Et même en admettant que le joueur de poker est un loup solitaire - ce qui se discute - ça ne me va pas d’être trop seul, et ce mélange est parfait.

Romain Lewis - Stéphane Matheu

Le rendez-vous se termine avec Steph'. On se check et on se quitte sur un câlin. Je crois que j'ai rendu le Coach fier. Il faut dire qu'il a pris des risques à l'époque en venant chercher un petit gars dont il ne connaissait pas grand-chose. Grâce à la structure et l'encadrement qu'il a créé autour du Team, il a contribué à transformer ce gamin que j'étais en jeune adulte. Tu peux être fier Coach : tu as joué un grand rôle. Si je me sens si bien aujourd’hui, c’est que tu as réussi à captiver et unifier un groupe d’humains venus d'horizons différents en une équipe soudée bien au-delà de la simple envie de bien jouer et de gagner et au poker.

Ce qui nous rassemble, c’est un ensemble de valeurs et une vision globale de la vie. Quelques joueurs du Team font aujourd'hui partie de mes tout meilleurs amis, cela dépasse de très loin le simple cadre du poker. Alors je souhaite profiter de ce blog pour remercier non seulement le Coach, mais aussi tous ceux qui m'ont aidé à un moment ou un autre. Oui, même toi qui m'as envoyé une fois un petit message d'encouragement ou de félicitations sur les réseaux. Ça booste tellement, vous n'avez pas idée. Je le redis, ce n’est pas la finalité qui compte, mais bien le chemin et ce qu’on y crée pendant qu'on le parcourt. Je le sais maintenant et c’est ça qui comble le vide que je pouvais ressentir après ma victoire. Now what? Ce n’est pas une course. Regardons autour de nous, respirons. Il y a beaucoup d’opportunités : à nous de nous donner le temps de les saisir.

Pour finir, comme dans chacun de mes derniers paragraphes de blog depuis bientôt deux ans, j’espère qu’on aura l’opportunité de se croiser bientôt cher lecteur... mais là j'ai comme l’impression que ça va le faire, non ? Pas vous ? Allez, ayez un peu confiance et on se dit à dans quelques semaines, par exemple à Prague ou Madrid...

Les pages à suivre

t in f wtv wtv wtv wtv


rLewis

Étoile montante de sa génération, le Bordelais a confirmé tous les espoirs placés en lui en 2021 en décrochant un premier bracelet WSOP !

Suivez rLewis sur FacebookSuivez rLewis sur TwitterSuivez rLewis sur Instagram