[Blog] Sur ma planète rap

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Au poker il y a eu, il y a, et il y aura des périodes plus compliquées pour un joueur, durant lesquelles les résultats et la chance ne sont pas forcément au rendez-vous. Personnellement, ces phases-là m’ont permis d’apprendre à mieux me connaître : pour cela, il faut juste analyser, observer sans juger (c'est-à-dire sans tenir compte du résultat direct), et améliorer ce qui peut l’être. Et je pense qu’il est important d’avoir des sources d’inspiration pour garder la confiance, la détermination et la rage de vaincre. J’ai toujours eu énormément d’admiration pour les personnes parties de tout en bas pour arriver tout en haut dans un domaine qui les passionnait. Et surtout dans un domaine pas forcément mis en valeur par la société.

Pour les jeunes, je dirais que les personnes les plus influentes sont les sportifs de haut niveau. Ayant taté le cuir une bonne dizaine d’années, je voyais certaines stars du foot comme des dieux vivants. À commencer par maître Zizou, "the strongest of them all" : à l'époque, j’avais sa cassette et je m’entrainais à faire des roulettes dans mon jardin. Ensuite, il y eut le génie de Messi, et le génie qui ressortait de la façon de jouer du FC Barcelone. "La Pulga" (la puce, en français) m’a prouvé qu’on pouvait arriver au stade de meilleur joueur du monde en étant petit, très petit, alors qu'on me faisait croire le contraire dans les clubs que j'ai fréquentés, en me reprochant souvent mon petit gabarit. J’étais "déter"; mais après tu connais : Sombre histoire... Les croisés... À ça du Barça.

Cœur de rappeur

Deyra-musicMais aujourd’hui, je vais vous parler d’une toute autre source d’inspiration : la musique. La puissance qui peut ressortir de la mélodie, de l’instrumental, des lyrics, de la voix. J’ai eu la chance de découvrir cet art qu'est le rap assez jeune, vers douze ans, grâce à mon grand frère. Ce n'est pas comme si j’avais eu le choix remarque, avec les basses à fond dans la chambre et les murs qui tremblaient une bonne partie de la journée ! Il m’a fallu plusieurs écoutes au début pour accrocher. Un rappeur, Younès, a dit : "Le bon peu-ra c’est comme l’amour, la forme qui attire, le fond qui fait rester." Et effectivement, c’est toujours ce qui passe en majorité dans mon lecteur MP3 treize ans plus tard. Mais qui a encore un MP3 en 2020 ? Ok, plutôt sur mon compte Deezer alors.

Je m’attaque à un sujet délicat, très critiqué. Je comprends l’argument d’avoir l’impression que les rythmes et l’intonation des voix se ressemblent d’une chanson sur l’autre. Mais le rap se décline en de nombreux styles aujourd'hui, le nombre de rappeurs a explosé et le mouvement hip-hop s’est bien démocratisé. Il n’y a qu’à voir le récent carton cinématographique de la série Validé, bien stylée et bien réalisée. Franck Gastambide, c’est du solide.

Mais l’argument du "le rap se résume à wesh-wesh, à des insultes, à l’image du gangster etc..." est faux ! Il existe d'autres choses que ce qui passe à la radio, et ça c’est plutôt une bonne nouvelle, cheh ! Me concernant, j'ai donc découvert l’âge d’or des années 90 avec 10-15 ans de décalage : Lunatic, NTM, Ideal J, IAM, la FF, Mafia K’1 Fry, Sniper, Mo'vez lang, Arsenik, Assassin, MC Solaar et d'autres.

L’un des premiers artistes qui m’a fait apprécié le "peu-ra" a été Monsieur Kery James, Alix Mathurin de son vrai nom. Je ne pourrais décrire mieux Kery que l’a fait Médine dans le gros classique Lecture aléatoire : "Notre Malcom X à nous, chaque morceau t’envoie des décharges émotives, c’est la conscience du rap, d’une musique punitive. Avalanches d’images et déluges de métaphores à l’image de la main noire serrant la bannière tricolore."

Kery-James

Kery est un des rares à faire passer un message dans chacun de ses morceaux, accompagné d’une réelle plume. Certains l’appellent le poète, d’autres le sage. Il défend des causes qui lui tiennent à cœur en mettant en avant les valeurs de respect, d’éducation, d’apprentissage, de détermination, de persévérance, de solidarité. Il explique comment accepter, et aller de l’avant face à des situations défavorables, face à l’injustice, aux obstacles, aux préjugés. Aujourd’hui je ne peux comparer son combat au mien car lui est vraiment parti d’en bas, de la vie en banlieue, et à réussi dans plusieurs domaines maintenant. Il a monté son "asso" ACES (Apprendre, Comprendre, Entreprendre et Servir), basée sur l’éducation des jeunes défavorisés, les aidant à poursuivre leurs études. Il a aussi réalisé son propre film, dans lequel il a joué. Alors que moi j'ai commencé chez mes darons (ce n'est pas rien !), avec un niveau de confort de vie et d’éducation au dessus de la moyenne, j’en suis conscient.

Au moment de me lancer dans le poker, je me rappelle avoir noté certains de ses lyrics en mode post-it dans mon « classeur poker », là où je stockais des articles stratégiques et mentaux. En voici quelques-uns :

“L’espoir ne m’a jamais quitté, en attendant des jours meilleurs j’ai résisté, et je continue encore, je suis le capitaine dans le bateau de mes efforts.”

“J’aspire à être un gagnant donné perdant.”

“J’ai tout fait pour ne pas déclarer forfait, le faible a cette facilité à critiquer ce que le fort fait, échouer ou réussir mais au moins tenter sa chance, moi j’dis que plus le combat est grand plus la victoire est immense."

Alors, je me les relisais de temps en temps, surtout quand le doute commençait à m’habiter. Et boom ! Les entendre raisonner dans ma tête me reboostait à fond ! Motivation, force et rage pour retourner au charbon, pour tout casser. C’était la période ou rien n’était encore tracé pour mon avenir, où je devais prouver à ma famille et à moi-même que vivre du poker était possible. Nombre de ces punchlines étaient issues du titre Banlieusards, dont Kery a tiré un film sur Netflix en 2019, bien réussi d’ailleurs. Mais je ne saurais conseiller un de ses titres en particulier tellement il y a de classiques. À l'époque, les albums À l'ombre du show business et Réel tournaient pas mal dans ma voiture. Et sur scène, Kery c’est quelque chose, ça bombarde ! J'ai eu la chance de pouvoir le voir en concert deux fois : j'avais des frissons, j'étais transcendé.

Kool Shen, nouveau fraté

Deyra-Kool -Shen
Tout comme NTM maintenant ! Eh oui, impossible de parler de rap dans ce blog sans parler de Nobru aka Kool Shen. Pour faire la transition, je vous balance ce live mythique entre légendes :

Nobru est devenu un vrai frérot aujourd’hui et c’est toujours un kiff de pouvoir discuter et se faire un petit padel ou une petite soirée avec lui. Je ne vous cache pas que sa présence me motivait encore plus pour intégrer le team Wina.

Sinon plus récemment, j’ai été très inspiré par Bigflo et Oli. Je trouve énormément de points communs entre leur parcours et le mien, à une échelle différente certes, pour plusieurs raisons : le fait d’avoir le même âge déjà, et de franchir les paliers au fur et à mesure dans notre passion respective, en parallèle. Mais aussi le fait d’avoir grandi en étant très proche de mon grand frère toute ma jeunesse, d’avoir tout vécu avec lui, d’avoir une vision très proche de la sienne sur beaucoup de choses, et d’avoir les mêmes délires. Et Bigflo et Oli décrivent d’une manière tellement juste et précise la façon de gérer le succès, de garder la tête sur les épaules, l’idée de continuer de croire en ses rêves tout en respectant ses propres valeurs, en apprenant à s’aimer soi-même dans un premier temps. Ils soulignent aussi l’importance de se sentir soutenu, d’avoir des fans derrière eux et des proches qui envoient du love. Les deux sons qui me parlent le plus en terme de lyrics sont Début d’empire et La vie de rêve. Le nombre de punchs’ qui m’ont mis une claque sont presque de l’ordre de 100%. Je m’y identifie totalement. Quelques exemples :

"J'distribue la lumière, j'écrase toutes mes frayeurs, j'envie plus les autres artistes, je leur souhaite le meilleur"

"Les gens écoutent nos sons avec le cœur, des principes et des valeurs, c'est ma plus grande fierté"

"Je dois être un exemple, j'ai pas peur de jouer mon rôle, parce qu'y'a beaucoup d'enfants qui écoutent du rap dans les écoles"

"Pourquoi moi ? Un p'tit sudiste en manque de confiance, j'croise les doigts, la tête encore dans les rêves de la veille, j'y crois pas mais petit à petit j'en prends conscience, Et puis toi, imagine juste que tu peux faire pareil"

Ivan-WSOP

J’approuve leur vision de l’adversité car je ressens exactement la même chose. Je suis tiraillé car d’un côté persiste chez moi une rage de réussir intérieure indomptable, cette envie de vouloir y arriver rapidement, de faire partie des meilleurs; et d’un autre côté doit co-exister une forme de patience et d’acceptation indispensable. Comment être capable de rester patient, s’écouter, réaliser, prendre du recul, souffler, s’accorder des breaks ? Comment gérer ces nouvelles peurs, ces nouveaux problèmes qui apparaissent tout naturellement, et qui au final restent personnels, cachés du grand public, et différents de la norme ? Quel travail faire  afin de rester humble et rester soi-même ? Comment allier travail, tournées, concert et vie de famille, vie amoureuse ? Qu’est-ce que procure ce décalage entre la vie normale et celle d’artiste, la vie de rêve ? Comment gérer ces rentrées d’argent soudaines ? Tant d'énigmes fascinantes que les deux jeunes Toulousains se posent et essayent de résoudre. Tant de questions que je me suis posé aussi, et continue de me poser d’ailleurs. En remplaçant concert par tournoi effectivement, je t’ai vu venir toi !

Garder la tête sur les épaules

Dans le milieu du poker, l’aspect financier est encore plus accentué, là où les sommes d’argent jouées, ou plutôt investies, et les gains potentiels paraissent complètement irréels. Garder la valeur de l’argent reste un des piliers. Personnellement, cela se fait en rentrant en France pour voir mes potes et ma miff’, ce qui me permet de garder les pieds sur terre, surtout après avoir passé deux mois à Vegas. Comment ? En croisant le daron qui se lève à l’heure où je finis ma session par exemple. Debout à 3/4h du mat pour aller mailler 10-12h d’affilée. Ou encore en voyant la galère d’un fratus pour trouver un job avec un bon diplôme. Ainsi je me rends compte de la chance que j’ai de pouvoir vivre de ma passion, et la valeur de l’argent reprend tout son sens.

Pour en revenir au son, mon dernier coup de cœur reste l’album Étoiles vagabondes de Nekfeu, associé à son film sur Netflix. Une tuerie. Un album sorti juste le jour de mes 25 ans à Vegas l’année dernière, un cadeau surprise qui ravive un cœur. 34 titres pour voir le temps passer très vite en plein Day 1 fullring d’un 1 000 $.

Le film (ci-dessus) met en avant l’importance des voyages. "Nek le Fenek" se sent cappé musicalement, les mêmes thèmes reviennent, les mêmes type d’instru, le même flow. Il part à la recherche de nouveaux horizons pour s’aérer l’esprit et redonner une toute autre dimension à ses sons. On voyage avec lui et sa team en assistant à la création de cet album, en passant par le Japon, les États-Unis et la Grèce entre autres. Il développe une certaine créativité et produit de nouvelles instrus venues d’un autre monde, comme celle de Ciel noir. Trompette, chorale, sonorité jazz sont au rendez-vous.

Dans le poker, j’ai la chance de pouvoir beaucoup voyager et découvrir de nouvelles cultures, de nouveaux environnements. Cela m’a tellement apporté... Je confirme que le fait de pouvoir souffler, loin de tout, de s’ouvrir l’esprit, de sortir de sa routine, de découvrir de nouveaux horizons, c’est vraiment l'un des plus grand kiffs de la vie. Et toute cette énergie positive et différente est assez bien retranscrite dans son film et son album.

Il me faudrait plus d’un blog pour parler de tous les artistes et de tous les sons qui m’inspirent. Il est vrai que je suis un fervent défenseur du style old school, mais je ne suis pas un puriste pour autant les frères ! Les dernières années nous ont pas mal régalé. Et aujourd’hui la diversité dans le rap est assez ouf. On a l’embarras du choix, et il faut savoir trier ! Car j’avoue qu’il y a aussi beaucoup de "faux" qui véhiculent une mauvaise image du rap, ou de la femme par exemple, en gros une fausse image de la vie. Mais en ce qui concerne le vrai, il y a du lourd ! Il y a de la poésie, il y a de la recherche, il y a un message. Bien évidemment les goûts musicaux restent très subjectifs, donc à chacun ses classiques. Concernant les miens, je vous balance quelques artistes qui m’ont fait kiffer au cours des années, c’est cadeau : Médine, Youssoupha, Kamelancien, Hugo TSR, LaCraps, Scylla, Furax, Demi Portion, Lomepal, Seyté, La Chronik, Younès, etc…

Deyra-EPY

Mais mon cher Merguez, n’êtes-vous pas en train de vous éloigner du sujet de base ? Ah oui, mas o menos... Donc, s’inspirer en période de doute. Alors voici une petite liste de conseils tirés d’un livre basé sur la confiance :

- Rester positif mais réaliste lorsque vous perdez votre confiance à cause de facteurs extérieurs que vous ne maîtrisez peu ou pas du tout.
- Se projeter dans le futur à une époque où rien de tout ceci n’aura d’importance.
- Prévoir de s’octroyer de petits plaisirs à l’avenir même si vous n’en profitez pas maintenant. Une forme de récompense de nos efforts. Par exemple : resto, soirée, vacances.
- S’imaginer au milieu d’une scène délicate dans un film, tout en sachant que tout va bien finir. Écrivez-vous même la fin heureuse.
- Se coucher de bonne heure.
- Manger sainement et boire beaucoup d’eau.
- Faire une promenade et s’émerveiller du ciel, de l’air, de la verdure.
- Se souvenir des événements qui se sont bien déroulés, si petits soient-ils, mais aussi des performances déjà accomplies.
- Dresser une liste de ce qui est satisfaisant dans la situation difficile en question.

Sur ces belles paroles, kiffez bien votre journée et votre semaine. Apparemment, elle commence souvent le lundi, par voir ma ganache et ce run insolent aux dernières WSOP. Sachez que je n’y peux rien, les caméras ont décidé de me suivre sur ce tournoi, et elles ont bien fait... Vos retours font plaisir. Biseeeeees.

Ivan "ValueMerguez" Deyra

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Après avoir tout gagné sur les tables de Winamax, il est rentré dans la cour des grands en 2019 en remportant son 1er bracelet WSOP.

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