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[Blog] Shuffle up & Dream

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Est-ce une question de mérite ? Est-ce une simple question de chance, de circonstance, d’être là au bon moment ?

Je me demande souvent ce qui m’a valu le privilège d’intégrer cette formidable aventure. Dès mes débuts, je regardais loin devant en rêvant de devenir un jour joueuse professionnelle. Pouvoir parcourir le monde, visiter les plus belles villes et les plus beaux casinos de la planète pour y jouer les plus importants tournois de poker. Il n'y a pas longtemps, je suis retombée par hasard sur un texte que j’avais écrit un matin de novembre 2011, dans la rame d’un RER me menant au bureau.

J’y exprimais mes rêves de lâcher prise, de briser ces chaînes qui me maintenaient prisonnière d’un mode de vie métro-boulot-dodo où je me sentais suffoquer jour après jour, passant la majorité de mon temps à chiffrer des affaires pour des clients aux quatre coins d’un monde que je n’aurais sûrement jamais l’occasion de voir.

Qu’en était-il de moi, de ma vie, de mes amis, ma famille, mes proches et mes animaux de compagnie qui attendaient sagement à la maison que je rentre éreintée, bien après que la nuit ne soit tombée ? Tout ce temps perdu dans les transports et sur la route... J’entendais ce souffle intérieur, celui qui me disait que tout est possible et qu’il ne faut pas se contenter de rêver sa vie si on souhaite réellement que le bonheur s’y fasse une place. Je rêvais de mille choses et affichais mes objectifs comme une carte postale que l’on pose sur son frigo se disant qu’on la relira plus tard sauf que plus tard n’arrive jamais, au final on ne fera que l’observer, passant devant chaque jour pour finir par ne plus y prêter attention du tout.

Je rêvais de me rendre un jour dans la ville du vice, Las Vegas. Je rêvais de lever les bras en l’air avec entre mes doigts un trophée dont je serais aussi fière que les médailles de gymnastique que je m’efforçais de collectionner des années plus tôt. La vie passe et l’on ne se rend pas forcément compte des barrières que l’on s’érige. Ces frontières psychologiques qui d’une petite voix nous disent « Je ne peux pas, je n’y arriverai pas », et nous fournissent tant d’excuses sur un plateau d’argent : « Parce que je suis trop vieux/vieille, parce que je suis trop jeune ou trop fragile, parce que je n’ai pas assez d’argent, parce que j’ai des enfants, un loyer à payer, des obligations à tenir, parce que je ne suis pas assez ceci, parce que je suis trop cela. »

Alors posez-vous la question: n’y-a-t-il pas quelqu’un sur cette terre qui, dans les mêmes circonstances que vous, n’y est pas déjà arrivé ? Très probablement, la réponse est oui. Alors pourquoi pas moi ? Pourquoi pas vous ? Le courage de se lancer dans une aventure nouvelle et difficile et jusqu’alors inconnue. La peur de tomber, mais la force et l’envie de se relever et de ressayer encore et encore sans jamais abandonner.

Aujourd’hui, je regarde en arrière et je vois le chemin parcouru depuis ces quelques lignes griffonnées dans un wagon de la ligne A. Je mesure toutes ces choses que je me suis permises de faire, tous ces rêves que je me suis employée à concrétiser. Me faire connaitre et respecter dans le milieu. Remporter un tournoi et soulever le trophée, mon trophée, de mes deux bras. Aller à Las Vegas et y jouer une table finale. Jouer les plus beaux tournois du monde. Dormir dans des lieux et places grandioses. Je vois ces objectifs accomplis comme une réponse à ce manque que je cherchais tant à combler. 

Qu’est-ce qui a fait que j’y suis arrivée ? L’envie, la foi, l’acharnement, la discipline, la folie, la passion. L’amour pour ce jeu, l’amour de mes proches qui m’a toujours porté. L’amour de la vie, peut-être, tout simplement. Savoir écouter ses véritables envies et se donner tous les moyens pour arriver à ses fins.

Inutile de dire que l’échec fait partie de l’apprentissage, et que c’est grâce à lui qu’on progresse plus rapidement. Car la différence entre le succès et l’échec, c’est bien la persévérance. Il n’y a pas qu’une seule façon d’arriver à ce que l’on recherche, tous les chemins nous y mènent plus ou moins vite, selon notre capacité à écouter ce qui nous anime vraiment et nous fait vibrer intérieurement. Être en harmonie avec notre façon d’être, avec nos choix et nos pensées. Ne jamais baisser les bras, même lorsque l’on a l’impression que le bateau dans lequel nous avons embarqué prend l’eau et que le naufrage est proche. 

J’en rêvais et alors que je suis en plein dedans; mes rêves se sont déplacés vers de nouveaux objectifs, toujours plus loin et toujours plus difficiles. Pour celui qui rêve, il est très difficile de savoir qu’il est en train de rêver. La réalité nous happe et la conscience reste enfermée dans cette réalité, et l'on se projette vers de nouveaux désirs, des désirs vers lesquels nous avançons à la recherche perpétuelle d'autres bonheurs, d'autres satisfactions.

La vie est comme un livre dont nous sommes les propres auteurs. Chaque pensée, chaque action, chaque mot constitue son histoire. On ne sait pas ce qui y est écrit à l’avance mais c’est nous qui choisissons les acteurs principaux et les décors. J’attends avec impatience le prochain chapitre : celui de Monte-Carlo, du 26 avril au 8 mai prochain. Ville dans laquelle j’ai terminé 7ème sur 747 joueurs lors de la Monaco Cup l’an dernier.

L’EPT de Monaco, un tournoi mythique qui accueille les meilleurs joueurs de la planète et auquel je n’aurais jamais pensé participer un jour. Cette année, le buy-in historique de 10 000€ a été divisé par deux, pour tomber au niveau des autres étapes EPT de la saison. Une chance, une opportunité ! J’espère y vivre beaucoup de suspense et d’émotion, afin d’écrire le plus beau des chapitres. Et quoi de mieux, lorsque l’on vit un rêve éveillé, que de jouer dans la traditionnelle et magnifique Salle des Etoiles…


RunGood4Love

Habituée des tables du circuit, Aurélie Quélain est une des valeurs montantes du poker francophone. Assurément une future grande !

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