[Blog] Retour sur un Vegas raté
Par Tournois Live
dansSur le papier, tout était en place pour que mes WSOP se déroulent de la meilleure façon possible. Dans l'optique de changer de décor, j’avais décidé cette année de louer une villa avec plusieurs amis du Team Winamax et quelques autres grinders. Dès lors que l'on reste six semaines dans un hôtel à Las Vegas, il est difficile de se sentir véritablement chez soi et le sentiment de solitude peut vite devenir pesant vu notre rythme de vie. Afin d’éviter ces écueils, j’ai veillé à ce que l’organisation de la villa soit la mieux réglée possible. Nous avions notamment une intendante aux petits soins : petits déjeuners tous les matins et gestion des tâches ménagères. Cela nous a permis de nous concentrer au mieux sur notre préparation et nos tournois. Les fins de journées étaient également le moment idéal pour décompresser autour d’une partie de billard, d’un match de FIFA ou d’une discussion technique. Si l’un d’entre nous doutait sur une main jouée ou sur la manière dont il avait bust d’un tournoi, demander l'avis du groupe représentait la meilleure façon de passer rapidement à la suite.
Du côté de ma préparation personnelle, je me sentais d’ailleurs au top depuis quelques temps, avec une bonne routine sportive, une solide condition mentale et un niveau technique affuté, car bien entendu je continue à travailler sérieusement et régulièrement mon jeu. Après un début d’année décevant en termes de résultats, quelques jolies performances à Monaco et Marrakech m’avaient remis dans le droit chemin. Il était donc logique que la tendance se confirme à Las Vegas !
Une fois de plus, j’avais prévu d’arriver tôt afin de disputer un maximum d’events tant que la fatigue ne se ferait pas réellement sentir. J’ai ainsi démarré par le seul tournoi de Heads Up des WSOP, un tournoi à 10 000$ auquel je suis toujours excité de participer. Si le tirage de mon premier adversaire (une adversaire, en fait) fut parfait, le résultat du match le fut un peu moins. Je suis passé à un coin flip de remporter mon match, avant de me faire rattraper par la variance et de prendre un gros setup qui me coûta la victoire. Une déception... qui allait se réveler être la première d'une longue série tout au long de ces WSOP !
Dès le lendemain, j'ai remis le couvert sur un 1 500 $ joué en 6-max. Du short-handed : miam ! Le premier jour fut sans accroc : j'ai monté un joli tapis puis franchi la bulle en détente au cours des derniers niveaux. La deuxième journée s’est également plutôt bien déroulée : je me suis retrouvé à deeprun en compagnie de mon ami et coloc de Vegas, Louis Linard. Très content de mon jeu, j'ai malgré tout fini par m’incliner à la 47e place parmi près de 1 800 joueurs. Quelques temps après, c’est Louis qui sautait à son tour. Très frustrant, évidemment.
Il était temps de passer à la suite du programme : le Millionaire Maker. Pour le « modique » investissement de 1 500 $, on peut espérer finir millionaire après quatre petits jours de partie. En tout, 7 761 tentatives furent enregistrées, et après un court deeprun, je fus éliminé à une anecdotique 540e place, remportant un peu mieux qu’un mincash. Nous étions alors le 12 juin : je ne le savais pas encore, mais à plus d'un mois de la fin des WSOP 2017, je venais de réaliser mon dernier ITM de l'été à Las Vegas.
La semaine de break en Californie que j’avais programmée au cours de mon séjour arrivait alors à point nommé, à un moment où personne dans la villa n’avait concrétisé le moindre deeprun. Après quelques jours off, je suis revenu à Vegas afin de jouer le tournoi de Pot-Limit Omaha à 10 000 $ que je ne voulais manquer pour rien au monde. Sauf qu’après avoir sauté au Day 1, j’ai amèrement regretté de pas avoir passé quelques jours supplémentaires à Los Angeles ou Santa Barbara. Il ne me restait plus qu’une poignée de jours pour profiter de Las Vegas avec ma copine avant qu’elle ne reparte.
Quelques tournois sans résultat plus tard, une embellie survint : je me qualifiais pour le PLO Highroller à 25 000$ grâce à un satellite live. C’est toujours agréable de participer à un tournoi au buy-in aussi élevé pour pas cher. Je n’avais d’ailleurs jamais joué de satellite en PLO par le passé et je dois dire qu’arriver à la bulle avec une moyenne de cinq blindes se révéla plutôt marrant (ou pas) !
Après une bonne nuit de sommeil, j’étais prêt à attaquer mon plus gros buy-in du séjour. Ma première journée se déroula bien : j'ai joué très low variance (voire même un peu trop), mais je suis néanmoins parvenu à monter des jetons pour le deuxième jour. Au final, le ratio d’amateurs et de regs moyens s'est révélé assez important. Au cours du Day 2, mon tapis fit les montagnes russes. Je me suis retrouvé dans pas mal de spots plutôt désagréables, mais j’ai réalisé quelques bon calls contre l’ami Max Silver qui avait décidé de bluffer dans tous les spots nous opposant. Je suis parti en pause-dîner avec une vingtaine de blindes à une quelques de places de l’argent.
Malheureusement, le retour du break ne s’est pas du tout passé comme prévu. J’ai notamment abandonné un brelan max dans un pot conséquent quand on m’a réclamé mon tapis sur un board où les tirages étaient rentrés. Résultat, je me suis retrouvé avec tout juste dix blindes à cinq places de l'ITM. A ce moment, j’étais probablement le short-stack officiel : il me fallait forcément doubler pour espérer être ITM. En partant de ce constat, j’ai choisi un spot discutable pour envoyer mon tapis : un reshove avec AKT8. Je perds le 35/65 contre A-A-x-x. Cette élimination m’a un peu abattu car un simple mincash eût représenté un très bon résultat à ce moment de mon séjour...Tant pis : on garde le cap et la motivation ! Je me sentais bien et j’espérais deeprun une nouvelle fois le plus beau des tournois : le Main Event. Sauf que (pour la faire courte) ce n’est pas tout à fait ce qu’il s’est passé. Même si je suis globalement satisfait des décisions que j’ai prises, c’est en tant que spectateur que j’ai dû suivre le tournoi après une élimination brutale au cours du Day 1. Et quelle suite : quatre frenchies au Day 7 du Main Event, parmi les trois dernières tables, c’est du jamais vu ! J'étais bien entendu présent dans les gradins pour les encourager, ce qui n'a pas manqué de me rappeler quelques bons souvenirs de 2013… Mais j’ai malheureusement du quitter Vegas avant la table finale, et c'est donc à distance, comme la plupart d'entre vous, que j'ai supporté Antoine Saout et Benjamin Pollak. Ce qui ne nous a d'ailleurs pas empêchés de vibrer derrière nos écrans !
Pour conclure mon été, j’ai débriefé certaines mains-clés avec d’autres joueurs pros. J’ai pris le temps d’analyser à froid ce qu’il s’était passé et les erreurs que je pensais avoir commises. Il fallait surtout bien comprendre les raisons qui pouvaient expliquer mes résultats décevants : fatigue, jeu trop automatique ou mauvaises décisions ? J’ai ainsi pu faire la part entre la variance négative et les vraies erreurs, et corrigé certains détails dans mon jeu. Chaque détail compte ! C'est parfois une décision « close » qui fait basculer l’issue d’un tournoi.
J’ai malgré tout passé de très bons moments tout au long de cet été au Nevada, que ce soit aux tables ou en dehors. C’est le principal ! Il est essentiel de prendre du plaisir même lorsque les résultats ne sont pas au rendez-vous, afin de ne pas devenir aliéné par le poker et sa variance naturelle.
Depuis, je me suis depuis offert quelques jours de repos avant d’attaquer la prochaine étape : le PSC Barcelone. Mais rassurez-vous, je suis resté studieux : j'ai fixé plusieurs objectifs pour le mois d’août sur ma préparation technique, mentale et physique et je compte bien arriver en terres catalanes dans les meilleures conditions afin de profiter un maximum des grosses parties de cash-game et des tournois high-stakes au programme du festival.
Sylvain Loosli