[Blog] Ma première finale aux WSOP
Par Tournois Live
dansVoilà déjà deux belles semaines que je suis à Las Vegas. C'est fou comme le temps passe vite pendant les WSOP. Cette année, j'ai fait le choix de loger seul, dans une sorte de résidence privée à deux pas du Rio. Ça a pour avantage de m'aider à me concentrer sur moi-même, ma routine et donc de me rendre plus compétitif. J'ai ma petite cuisine pour essayer de manger le plus sainement possible, ce qui n'est jamais facile à Vegas. Et j'ai aussi l'accès à une salle de sport, parfait pour nervurer le muscle de manière assez régulière. C'est primordial de se galber le grand pectoral afin d'arriver à la table avec le torse bombax.
Concernant mes objectifs dans la ville du vice : je vise deux tables finales cet été, dont au moins une aux WSOP, et un profit global de 100 000 $. Avec des buy-ins pour la plupart inférieurs à 1 500 $, je table sur 25 % de tournois in the money. Mais l'objectif principal, le plus motivant, est bien évidemment de remporter un bracelet. Même si c'est plutôt un objectif global de carrière, on ne va pas se gêner pour le prendre directos !
Premier checkpoint après deux semaines de bagarre : je porte beaucoup plus d'attention qu'avant aux tells. Je ressens beaucoup plus de choses à la table et depuis que j'ai remarqué leur importance, il me semble que les joueurs en sont bourrés et donnent énormément d'infos par leur communication non-verbale. Du côté des résultats, pas grand chose à signaler. J'ai fait deux ITM en une quinzaine de tournois. En revanche, côté Français, le moins que l'on puisse dire c'est que les perfs' s'enchaînent : deux potes ont déjà gagné un tournoi, Arnaud Enselme au Venitian et Thomas Cazayous sur le 3 000 $ 6-max. C'est motivant pour les troupes, ça ! À mon tour.
Quoi de mieux qu'un petit tournoi Shootout à 3 000 $ pour aller chercher le bracelet ? Un petit field, une grosse motivation et une confiance boostée comme ja-ja, me voilà installé à bloc à ma table de huit joueurs. Première main, paire de Dames et tout part face à As-Roi, la classique. Ça passe ! Je monte rapido à 2,5 tapis de départ, avant de perdre deux gros pots sur des rivers cruelles. Un flip plus tard et je suis dehors.
L'avantage à Vegas, c'est qu'on trouve toujours un tournoi pour rebondir, alors qu'est-ce que je vais m'offrir maintenant ? Ah, un petit 1 000 $ WSOP Double Stack ? Ça part ! 40 000 jetons et on late reg sur 500 / 1 000 avec 40 belles blindes et déjà plus de 5 000 inscrits. Beaucoup de Ricains viennent se la croustiller, on risque de s'amuser et d'en voir des vertes et des pas mûres. Tiens, y'a déjà un joueur asiatique qui dort à ma table !
Premier break sans trop avoir rencontré de problèmes, 80 000 jetons à uine table facile. J'aperçois Thomas Cazayous derrière moi et on discute un peu de son bracelet. Alexis Fleur vient aussi dire bonjour. "Ça ferait bien plaisir de vous voir envoyer de la perf' avec Adrien !" C'est ce genre de message qui donne de la force, merci Alex'. Depuis un moment déjà, on en crève d'envie, de la claquer cette grosse perf' !
Et justement, le lendemain, alors que je termine mon Day 2 avec 25 blindes, l'ami Ragnarok se qualifie en finale du Shootout ! Mais allez-là ! De mon côté, mon Day 2 s'est passé sans trop d'encombre, avec un gros hero call gagnant juste après la bulle et un énorme flip tombé du mauvais côté à la dernière main. Je suis très content de moi dans l'ensemble. Les choses sérieuses vont pouvoir commencer au Day 3...
Je suis déjà dans l'argent depuis pas mal de temps avec environ 500 joueurs restants à l'entame de la journée. Je me suis réveillé à 10 heures, comme d'hab, et direction la salle de sport histoire de se chauffer la merguez d'entrée de jeu avec un petit footing. On enchaîne avec un petit déjeuner de champion, yaourt grec, miel, fraises, amandes et chocolat noir, avant de filer à la douche et de réfléchir aux objectifs de la journée. Aujourd'hui, je veux être dans la zone : avoir une grosse confiance, des muscles détendus, l'esprit calme et être capable d'accepter la perte de plusieurs coups consécutifs et d'être card dead pendant longtemps.
Après une première heure plutôt calme, je touche six mains décentes d'affilée... et gagne les six coups pour quadrupler mon tapis ! Il reste 100 joueurs et j'ai 70 blindes, la réussite semble être au rendez-vous. Et dire que tout est parti d'un As-Huit contre une paire de Neufs avec quinze blindes de profondeur... Allez, on reste concentré. Les heures défilent et quelques setups défavorables me font retomber à 30 BB. Ça va si vite, ces conneries. Tiens, Jimmy Guerrero est encore dans la course. Il vient me glisser quelques mots d'encouragements : "Allez Ivan, garde le sourire, c'est rien. T'es le meilleur à ta table, c'est le moment d'augmenter ton focus." Il a raison, on est plus que 70 joueurs et c'est maintenant qu'il faut passer la seconde et être concentré au maximum, afin de ne louper aucun détail.
As-Dame au cut-off, j'ouvre 215K sur 50K / 100K et bouton compte son tapis avant d'envoyer l'intégralité, 2,9 millions. Avec un peu plus de 3 millions devant moi, c'est payé monsieur. Il a 6 et 7 suités, je ne m'attendais pas à ça. Je vois un Six parmi les deux première cartes du board, suivi de trois beaux As pour terminer en carré. Il était important celui-là ! Le suivant aussi, mais je l'ai perdu : en bataille de blindes, je relance 5 6
et continuation-bet sur 9
4
5
, payé. Le turn J
est checké et sur le T
river, mon adversaire mise deux tiers du pot. Je raise 2,6 fois et je me fais snap-call par K
8
. Ouch, sickos. Me restent douze blindes, que j'envoie avec paire de Dix contre paire de Neufs. Bon, il serait temps de respirer un peu et de boire de l'eau fraîche après tous ces swings. Merde, j'aperçois Adrien se faire éliminer en huitième place. GG frère.
Je finis ce Day 3 avec 19 blindes à 40 joueurs. Un autre français, Roger Taieb, est encore là avec 40 BB. Très cool ce mec, on se tape des bonnes barres à tables. Maintenant repos et demain je donne tout !
Matin du Day 4, j'ai dormi sept heures, un peu moins que la veille. C'est sûrement dû à l'adrénaline et le fait d'avoir joué trois jours non-stop. Difficile de penser à autre choses que des cartes au moment de check le marchand de sable. Steph' est là et ça part en petit briefing, histoire de mettre les objectifs de la journée au clair. Je fais partie des joueurs les plus expérimentés du fields et je compte m'en servir, tant à la table qu'en cas d'élimination. Je sais que le chemin peut-être long et que je risque de faire des erreurs. Je l'accepte et je reviens dans l'instant présent. Je sens que ma confiance se booste à mesure que j'avance dans le tournoi, et je veux me retrouver dans cet état dès la première main du Day 4.
On y est, justement, à la première main. Le CO ouvre, le bouton 3-bet, la small-blind n'est pas encore à table et j'ouvre deux beaux Valets en BB. Le spot est magnifique, ce sera tout dedans, messieurs. Si le cut-off se couche, le bouton monte sur la table pour payer avec deux Dames. Ah ! Je me sentais si bien après toute cette préparation, je vais vraiment bust d'entrée ? À peine le temps de me faire à l'idée, la première carte est un beau Valet. Ouf, on retrouve un bloc de 40 BB bien confortable, huit jolis millions de pions. Situation cocasse, Joseph Cheong débarque à ma table et s'installe à côté d'Arianna Son, qui n'est autre que... son ex ! Excellent.
Tout comme ce triple barrel bien sucré que je place avec Valet-Dix sur As-Dame-Huit-Roi-Trois, payé trois fois. J'ai 17 millions au premier break et on reviendra sur 150K / 300K avec 20 autres larrons. La confiance est au top, direction American Dave avec Veunstyle pour la pause smoothie-banane-choco, mamma mia... J'informe rapido la fratrie sur ma story Instagram, je discute quelques minutes avec le coach et je retourne au boulot.
Je change de tables, ça bust tranquillement tout autour. 16 millions sur 250K / 500K à 12 joueurs restants. Je trouve deux Valets, décidément, en grosse blinde contre un limp UTG qui possède 16 blindes. Hum, tapis ! Il a les Rois et je redescends à 15 blindes, de retour dans la zone shortstack, à quelques encablures de la finale. Je m'accroche pour la disputer, cette toute première TF aux WSOP. Allez, je peux le faire !
Et pan, on y est, neuf joueurs restants sur les 6 214 du départ ! On s'installe sur cette belle table, bien éclairée, avec des gradins autour et quelques caméras. J'ai 14 blindes et on est trois avec à peu près le même tapis. L'ICM va compter et je vais devoir jouer mes cartes. Le joueur à ma gauche buste en premier et on gratte un petit palier. Au fur et à mesure, les fratus rejoignent le rail pour me soutenir et ça, ça fait sacrément plaisir ! Stephane, Volatar, Looslar, Pierrot, Matthieu Lamagnère, Tonin, et j'en oublie.
L'autre shortstack double sur un flip et c'est mon tour de prendre des risques. Mes cartes sont fébriles, jusqu'à cet As-Valet avec 4 blindes, qui double contre Valet-Quatre. Je réussis à steal avec Roi-Dix suité et remonte à 13 blindes. Le chipleader ouvre depuis le high-jack et je fais tapis en BB avec une paire de Six. Je sais qu'il ouvre beaucoup trop dans cette position et que je dispose d'un peu de fold equity, let's go ! Il paye avec Roi-Dame et le Roi tombe direct sur un board Roi-Huit-Dix-Neuf...Brique. C'est terminé.
Je serre la main de mes adversaires, on passe pas loin du score à six chiffres. 78 638 $, c'est pas si mal comme performance, surtout sur un field de cette taille. Quand on sait la chance qu'il faut pour en arriver là, c'est plus facile d'encaisser la défaite. Je sais que ce deeprun va me servir pour retrouver cet état de confiance 100 % du temps que je joue. Je crois Romain et Adri sur le chemin du retour qui venaient chanter dans le rail. Next time, les frères.
Le plus beau reste à venir : le plan est de faire un petit road trip de quelques jours avant de revenir au top pour le 5 000 $ 6-max, le Main Event et le 10 000 $ 6-max, entre autres.
Allez, des grosses bises !
PS : vous pouvez suivre tous ces évènements en direct sur ma story Instagram !