Winamax

[Blog] Les mois d'avant

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2015. Montréal, Canada

J'ai une vie « rangée ». Je suis marié, je travaille comme cadre dans une institution financière, j'ai un salaire correct, de bonnes conditions et j'ai même pu m'acheter la voiture de mes rêves, une Mercedes Classe C240 4Matic (quatre roues motrices, c'est un must pour se sortir de la neige). Mais le poker prend de plus en plus de place. J'y passe la plupart de mon temps libre. Vu que je travaille à plein temps, cela ne me laisse plus beaucoup de temps à consacrer à autre chose, ce qui a le don d'exaspérer ma femme. L'ultimatum finit par tomber : « C'est le poker ou moi ! » Ce fut donc un choix cornélien.

Allais-je jouer en cash-game ou en tournoi ?

Septembre 2015

L'hiver commence à approcher, autant vous dire que je commence à paniquer... Attends, t'es marrant toi, tu sais ce que c'est de se taper six mois de Pôle Nord à moins 20 degrés ? C'est décidé : je me casse avant l'hiver, je n'ai pas envie de finir cryogénisé. Je rédige ma lettre de démission et je prends sur le champ un aller simple Montréal-Lyon. Je retourne chez maman ! J'ai quelques économies, histoire de tenir quelques mois. Je veux en profiter pour voyager un peu et essayer de faire marcher le poker pour de bon. Au pire, j'aurais pris une année sabbatique, je peux toujours retourner bosser derrière. Je vends tous mes meubles et je confie la voiture à mon pote Yassine. Après tout, je ne risque rien, il est très prudent sur la route. En plus, il m'a déjà donné une voiture dans le passé, et m'a rendu d'innombrables services, ça me fait plaisir de lui renvoyer l'ascenseur…

Un peu plus tard, il me fera parvenir les deux photos ci-dessous, sans explication…

Voiture

RIP Merco Benz Benz Benz, aurait dit Kool Shen. Bah tant pis, c'est que du métal et de toute façon elle consommait trop d'essence, c'est pas bon pour l'environnement... Et en plus, l'assurance doit rembourser (j’attends toujours !).

Petit problème : je n'ai pas une grosse bankroll, et je n'ai plus de rentrées d'argent. Je dois donc apprendre à pratiquer le bankroll management, ce concept un peu flou qui fut parait-il à la mode dans les années 20. J’en ai vaguement entendu parler, en même temps que le Dahu... Je commence à appliquer ce concept pour mes voyages : je ne pars pas loin, en Italie avec mon cousin («Vas-y l'hôtel c'est trop cher, on dormira dans sa voiture »), puis chez un ami suisse, et aux Pays-Bas. Au final, l'Europe est assez exotique pour moi car m'étant expatrié à 20 ans, je connais mieux les États-Unis et les Caraïbes. Quand t'habites au Canada, aller à Cuba c'est le plus simple, c’est un peu comme aller en Tunisie quand t'habites en France, avec les systèmes all-inclusive.

Dans le même temps, je découvre le .FR et je me crée un compte Winamax. Je jouais auparavant sur le .com. Je connaissais Winamax surtout grâce à la série Dans la tête d'un pro, que j'ai regardée religieusement, re-regardé et décortiquée. Je voyais aussi le logo sur le maillot de certaines équipes de foot comme une équipe avec un maillot vert il me semble. Moi, à la base, je suis de Lyon…

Je joue un freeroll, je finis deuxième et je gagne 160 euros. Et là je me dis, « Allez j'essaie de ne plus jamais redéposer d'argent », comme dans les belles histoires que l'on peut lire sur les forums. Aussi, je décide de jouer uniquement en tournoi MTT avec ma mini-bankroll. Je m'étais fait coacher un peu auparavant par un joueur pro canadien voulant rester anonyme - nous l’appellerons Mystère You Gayaga - ayant joué des millions de mains (littéralement) en cash-game jusqu'à la NL600 et qui lui-même s'était converti aux tournois car il estimait qu'il était devenu  difficile de battre le CG en Texas No-Limit. Tout du moins, il pensait que, selon l'évolution du jeu, il valait mieux se concentrer sur les tournois MTT. En bon élève, j'ai suivi ses conseils et j'ai commencé le travail de fourmi en jouant des micro-limites.

Mars 2016

Mon pote Marouane m'appelle par Facebook.

« Yo, tu connais Twitch ? 
- Non c'est quoi, c'est comme Jacky et Michel ?
- Mais non c'est pour diffuser des parties de poker, c'est la mode à New York. Tu devrais diffuser tes parties, avec le concept de partir de zéro et monter une bankroll.
- Mais ça ne va intéresser personne de regarder un random jouer des tournois à 2 euros ! Mais pourquoi pas, de toute façon je n'ai rien à perdre. En plus, mon cousin m'a parlé de
La Maison du Bluff, une émission de télé-réalité poker où on peut se qualifier sur internet en freeroll et où tu peux gagner un contrat pro. Je tente ma chance, je vais diffuser le tournoi qualificatif. On sait jamais, sur un malentendu ça peut marcher ».

J'essaie alors de comprendre comment fonctionne Twitch, à coups de tutoriels sur YouTube. Il faut savoir que je ne suis pas vraiment doué en informatique, et en plus j'ai une connexion pourrie. Cerise sur le gâteau, l'ordinateur chez ma mère est dans une pièce où mon frère joue du piano à longueur de journée. Oui, il est pianiste, il pense qu'il a de la musique au bout des doigts, mais tu sais le boucan que ça fait un piano dans un pièce de six mètres carrés ? Je dois essayer de mettre ça en place avec un casque de chantier sur les oreilles.

Bref, j'arrive tant bien que mal à faire fonctionner le truc et là miracle, je gagne le freeroll en direct sur Twitch et je me qualifie pour l'émission, dont le tournage se déroule à Malte. À moi le contrat pro, les Bahamas, Las Vegas, Barcelone... Bah non en fait je sauterai dans l'épreuve du Heads-up de la mort avec Q7 à tapis préflop. J'en ai entendu parler pendant longtemps. Mais les gars, je vous jure que c'était GTO !

Juin 2016

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Crédit photo : Playground Poker Club

Retour à la case départ. Bon, dans l'histoire j'ai quand même gratté un voyage à Malte (ça tombe bien, je voulais voyager) et une semaine de paye que j'ajoute à ma bankroll. Nouvel appel de Marouane :

« Yo, il faut profiter de la dynamique et qu'on se lance sur Twitch. Viens à Montréal et on fait un projet, la Team4betlight réunie on va streamer. »

Tentant. Très tentant. En plus, ça va, c'est l'été.

« Ok d'accord vendu... mais je repars avant l'hiver. »

Je réserve donc un vol pour  Montréal et nous trouvons un appartement juste en face de chez Marouane. Bon timing, Yassine voulait déménager, nous habiterons donc en colocation et ça sera « La Maison du Stream ». Je sens qu'on va bien délirer. On sera sûrement broke à la fin mais on aura des histoires à raconter à nos petits-enfants.

On se lance dans l'aventure, et là l'idée nous vient de mettre nos bankrolls en commun et de battre le record du plus long stream de poker jamais réalisé. Le record n'existant pas, nous décidons de partir sur une durée symbolique d’une semaine complète. 24 heures sur 24, bien entendu ! Nous ferons les trois huit pour que la chaîne diffuse pendant toute la semaine. Quelques thés à la menthe plus tard, nous réussissons le pari et nous serons imités quelque temps après par les stars du Twitch, les frères Staples, Kevin Martin et Jeff Gross qui ont emménagé... à Montréal. Excusez du peu. (Bande de copieurs !)

Octobre 2016

Notre bankroll sur le .com a un peu fondu et Yassine doit prendre quelques distances pour des raisons personnelles. Il faut réévaluer la situation. Je dois me concentrer sur mon jeu, et donc mettre Twitch de côté. Il faut par ailleurs que je continue à faire monter ma bankroll sur le .fr car pour la première fois véritablement depuis que j'ai arrêté de travailler, je commence à sentir sur ma nuque le souffle de la pression financière.

Je sais aussi que la Top Shark Academy va bientôt commencer. C'est maintenant ou jamais. Je ne travaille pas, je suis bien installé dans mon appartement avec un bon ordinateur, plusieurs écrans et une bonne connexion Internet. J'attendrai la fin de la compétition avant de partir. Tant pis pour l'hiver qui recommence à pointer le bout de son nez : je n'irai pas dehors et puis c'est tout.

Tout s'enchaîne assez rapidement, je passe le Stade 1 au bout du troisième tournoi quotidien à 5€, puis les trois stades suivants et en un éclair, hop me voilà dans l'Academy. C'est ma chance, je ne peux pas encore finir si près d'un contrat pro, l'opportunité est trop belle. Je me mets donc en mode Top Shark et je ne m'autorise aucune sortie jusqu'à la fin (excepté durant la trêve de Noël). J'essaye de bien manger, de faire un peu d'activité physique et de bien dormir (j'avoue qu'avec l'adrénaline, le sommeil c'était pas gagné). Au moins, même si je ne vais pas au bout, j'aurais tout donné et je n'aurai pas de regrets.

Finalement, la réussite m'accompagne durant quasiment toute la durée de l'épreuve, tout se goupille presque parfaitement, malgré quelques frayeurs, notamment en Semaine 2 où j'ai goûté à la nomination. En conclusion, j'ai la chance que cela soit passé, et j'entends bien profiter de cette année au maximum. C’était un de mes rêves : pouvoir voyager pour jouer des gros tournois et pouvoir apprendre au contact de coéquipiers qui figurent parmi les meilleurs joueurs de poker du monde.

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2017

A suivre...


Aladarrrrr

Premier joueur à remporter deux fois la Top Shark Academy, le Lyonnais est devenu une véritable machine à gagner sur les tables online !

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