[Blog] Femme au bord de la crise de nerfs
Par Général Life Style
dansJe suis en crise. Alors pour tenter d'aller mieux, je préfère penser ce concept au sens étymologique du terme. À l'origine, le mot grec "krísis" désigne une décision, un résultat, bref, un changement d'état. Il n'est donc ni positif, ni négatif en soi, quand notre usage actuel en fait quelque chose de forcément néfaste. Bien sûr, il y a une part de logique : l'être humain déteste le changement. Quelle que soit l'issue, ce qui est connu nous attire, alors que nous avons tendance à rejeter l'inconnu. C'est que le changement induit de l'incertitude. Et l'incertitude nous fait peur.
Dans une majorité de situations de la vie courante, notamment celles impliquant du changement, l'approche stoïcienne, rationnelle, est souvent la meilleure. Ces dernières années, pour faire face à une société toujours plus superficielle, la philosophie stoïcienne a ressurgi comme un outil capable de nous faire affronter la vie : centre-toi sur ce qui dépend de toi ; embrasse le changement car il est inéluctable ; reste dans l'instant présent ; soit imperturbable... Oui, on parle de devenir un sage, de se transformer en un genre de Marc-Aurèle [empereur, philosophe stoïcien et écrivain romain du IIe siècle, NDLR] moderne. Mais aujourd'hui, dans ce blog, je viens revendiquer nos moments d'hédonisme, de plaisir simple.
Changement de plan
Si l'on ne s'accorde pas le droit de reconnaître quand on va mal, parce qu'en bon stoïcien on se doit de toujours contrôler tes émotions, on prend le risque de finir par exploser en mille morceaux. Il y a quelques jours, au milieu de la tempête émotionnelle que j'étais en train de traverser, je me suis rendu à Monaco pour disputer l'EPT. J'avais prévu de passer dix jours là-bas, pour jouer quasiment tout. Mais lors du deuxième jour, je me suis rendu compte que je n'arrivais pas à bien réfléchir, que tout ce qui était en train de m'arriver m'affectait. Je n'arrivais pas à gérer mes émotions ni à me concentrer sur l'instant - une recette parfaite pour se planter complètement, ce qui peut être catastrophique sur une étape aussi chère que Monaco.
Savoir accepter que l'on est frustré, triste, ou en besoin d'un peu plus d'affection que d'habitude à une période donnée ne fait pas de nous quelqu'un de faible. Taire toutes ces émotions, en revanche, nous transforme en bombe à retardement. Cela fait plusieurs semaines que je ne suis pas au mieux, émotionnellement parlant, et mon attitude au départ a été de nier tout ça. Je suis une dame de fer indestructible et rien ne peut m'ébranler. Jusqu'à ce que je me rende compte que reconnaître que j'étais en vrac, que j'étais en train de traverser des épreuves qui me rendaient vulnérables, ne faisait pas de moi une moins bonne personne. Au contraire, cela me rendait plus forte. Car vouloir un peu plus d'attention et d'affection dans certains moments clés de sa vie ne fait pas de nous un hédoniste invétéré, mais quelqu'un qui sait ce dont il a besoin. Donc au moment d'attaquer cette deuxième journée à Monte-Carlo, juste après m'être inscrite à la Cup, j'ai changé mes plans pour prendre un billet retour vers Barcelone pour deux jours plus tard.
Libérée de moi-même
Prendre ce vol fut libérateur, puisque cela voulait dire reconnaître que je n'allais pas bien. Bien sûr, traverser la vie en pleurant n'est pas une super option, et savoir accepter la frustration est une des meilleures qualités que l'on peut développer, mais nous ne sommes pas des robots. N'importe quel mantra poussé à l'extrême peut devenir dangereux. Donc stoïciens oui... mais pas trop.
Une fois cette décision prise et claire dans ma tête, je me suis soudain retrouvée au Day 2 de la Cup... puis en table finale ! Au final, j'ai terminé cinquième sur presque 1 400 joueurs pour 28 000 €, ce qui a fait de ma venue à Monaco un séjour plutôt rentable. Mais les efforts que j'avais dû faire pour rester concentrée durant ces trois jours n'étaient pas tenables plus longtemps. Malgré ce résultat, j'ai pris ce vol et je suis rentrée chez moi.
Et nous y voilà. À savoir que ces moments compliqués aussi finissent par passer. Et que si une nouvelle phase de crise se déclenche, elle sera difficile à traverser comme les autres, mais je garde confiance en moi pour prendre les bonnes décisions.
Pensons maintenant à la suite : on se voit très vite au SISMIX. Je suis certaine que ces derniers jours m'auront servi pour être plus en paix avec moi-même et pouvoir mieux me concentrer aux tables. Et puis, il y a toujours les pool parties pour passer de bons moments 100% hédonistes comme on aime !