Dans ce blog, j'ai envie de revenir avec vous sur deux tournois mémorables que je viens de jouer aux Bahamas, dans le cadre du festival WSOP Paradise. En tant que joueur professionnel depuis des années, je peux vous l'assurer : toutes mes journées de poker ne sont pas passionnantes. J'ai joué partout dans le monde, sur les tournois les plus relevés et les plus prestigieux. Dans beaucoup de cas, les journées se suivent et se ressemblent. Sur Paradise, ce ne fut pas du tout le cas. J'ai participé à deux tournois qui marqueront un tournant dans ma carrière, chacun à leur façon : le Triton Million à 500 000 $ l'entrée, et le Triton Main Event à 100 000 $.

Triton Million : toujours plus haut

Quand je me suis inscrit sur le Triton Million, je savais que le simple fait de jouer ce tournoi était déjà un accomplissement. C'était la première fois que j'allais jouer à des limites aussi démentielles. Que de chemin parcouru depuis cette première partie de poker en NL10 il y a plus de quinze ans !

Et, lorsque je suis entré dans la salle, j'ai immédiatement senti que ce tournoi allait être différent des autres. L'atmosphère était électrique, les tables remplies des meilleurs joueurs de la planète. C'était garanti : chaque main allait demander à la fois du talent, de la concentration et du courage.

Le Day 1 s'est passé convenablement pour moi, jusqu'à une série de mauvais coups qui m'ont éliminé lors du tout dernier niveau. J'ai décidé de re-entry en début de Day 2 : tout de suite, tout s'est très bien passé. J'ai rapidement monté un gros tapis et au dinner break, j'étais dans le top 5 du chip-count. Les places payées n'étaient plus très loin : tout allait bien ! Malheureusement, mes attentes se sont fracassées sur une mauvaise série de coups à tapis préflop... et j'ai fini par manquer l'argent.

Je retiens quand même du bon de ce tournoi hors normes. J'ai bien réussi à gérer la pression, ce qui est venu me confirmer que je pouvais être performant dans ces conditions. Je me suis senti imperturbable tout au long du tournoi. Ma confiance a pris un bon coup de boost.

Triton Main Event : nouveau record !

Après ce gros morceau à 500K, je me sentais donc en pleine forme pour attaquer le Triton Main Event à 100 000 $ l'entrée. Mon énergie était décuplée. Et en plus, les cartes sont allées dans mon sens. Dès la première main, j'ai donné le meilleur de moi-même. En face, il y avait de sacrés clients, mais j'ai réussi à bâtir un stack pour bien me positionner à l'attaque du troisième et dernier jour.

Atteindre la table finale était un super moment. Chacun pouvait ressentir de véritables montées d'adrénaline à chaque main. La moindre décision était cruciale. Qui allait gérer le mieux cette situation ?

Au bout de l'effort, j'ai terminé runner-up derrière Alex Foxen, pour 2 590 000 $, de loin le plus gros gain de ma carrière. J'ai quand même ressenti un arrière-goût amer : le quatrième bracelet (et le tout aussi prestigieux trophée Triton) étaient à portée de main. Il m'a fallu quelques jours pour m'en remettre ! Mais avec le recul, cela reste une journée que je ne risque pas d'oublier.

Toujours persévérer

Ces deux expériences m'ont rappelé que le succès au poker – et dans la vie – n'arrive pas en l'espace d'une nuit. En janvier 2014, déjà aux Bahamas, j'étais en finale d'un High Roller à 25K avec plus d'un million à la gagne, et j'ai terminé 8ᵉ. Novembre 2018 : encore aux Bahamas, encore en TF d'un 25K avec tout pile 2 millions à aller chercher, je bad run comme jamais pour finir 9ᵉ. La vie a cela de drôle que, plus de dix ans après cette grande première, c'est dans la même salle que je suis finalement parvenu à battre mon record de gains !

Pour s'offrir à nous, le succès demande d'y consacrer constamment des efforts, et de garder l'envie d'apprendre de chaque situation. Peu importent les difficultés et les échecs que l'on rencontre : la clé est de rester concentré et de ne jamais abandonner.

Je ne peux pas dire que chaque matin, je suis sorti de mon lit super excité, surtout après de longues périodes difficiles. Je ne peux pas dire que j'ai toujours été optimiste et heureux. Mais je peux dire que le lendemain, j'étais toujours là. Après des victoires, après des défaites, je suis toujours revenu. Quelle que soit l'ampleur de la tempête, je savais que si je faisais de mon mieux, de belles et grandes choses m'attendaient.

Comme a dit un sage un jour : "Trust the process."

À bientôt en 2025 !

João