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[Blog] C'est dans la tête

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Blog Ivan Deyra

« Et le mental dans tout ça ? » Voilà une question qui revient souvent. Lorsque je la posais à d’autres joueurs il y a quelques années, j’avais le droit à plusieurs types de réponses :

« Ne t’inquiète pas mecton, je me concentre surtout sur la technique c’est le plus important. »
 « Pas besoin, je sais quand je suis en tilt ou non. »
 « Je me gère très bien tout seul mon vieux, c’est dans la tête ! »

J’ai donc décidé de prendre les choses en main et de m’y intéresser par moi-même. Direction Amazon. Dans la barre de recherche : « mental ». Ajouter au panier, commander. Oui, je suis sûr de vouloir confirmer l’achat de ces quinze articles, merci.

Je me rends alors compte que le mental ne se résume pas aux mots objectifs, tilt et au fameux « c’est dans la tête ». Il regroupe aussi tout ce qui est : jouer dans la zone, A-game, C-game, break, confiance en soi, concentration, détermination d’objectifs, gestion de son temps, gestion de ses émotions, hygiène de vie, sensation, méditation, visualisation positive, apprentissage, processus de décision, ancrage, état idéal de performance, PNL (Préparation Neuro-Linguistique), relaxation, Darling, Rhino, Vertigo, Pacha… Euh non attendez, pas les derniers ! Vous couperez au montage, hein, dites ? Bon, tant pis.

Livres Mental

Avec ça, on a déjà de quoi commencer à bosser.

Autant de de sujets listés ci-dessus aussi passionnants les uns que les autres (même les derniers). Nous avons déjà entendu et pensons connaître la plupart, mais sans forcément les maîtriser, voire pas du tout. Je m’astreins donc à une prise de notes écrite sur chaque livre, en essayant de le résumer et d’en garder le plus important pour travailler ensuite dessus. Cela fait maintenant plusieurs années que je procède ainsi et je peux vous dire que cela a une importance primordiale pour progresser et se rapprocher de l’excellence, dans le poker comme dans tout autre sport et domaine. Et je suis encore loin de tous les avoir lus !

Depuis, mes objectifs sont plus précis. Je comprends davantage la variance, je gère beaucoup mieux le tilt, et j’essaie continuellement de corriger mes failles mentales. La régularité dans mes résultats s’en ressent, et le bien-être dans ma vie de tous les jours aussi.

Entrez dans "la zone"

Ivan Deyra WiPT

À ce moment-là, techniquement, je sens que je peux me frotter aux meilleurs, voire même les battre quand je joue dans la zone - autrement dit, quand je suis dans ma bulle. J’ai même réussi à éliminer Fedor Holz sur un tournoi online ! Je vous souhaite d’avoir tous connu cet état : on se sent invincible, rien ne peut nous arriver, on prend les meilleures décisions par rapport à notre niveau et nos connaissances acquises, tout se déroule comme prévu.

Seul problème : comment parvenir à jouer dans la zone le plus souvent et le plus longtemps possible ? Là réside l’objectif. Arriver à être en pleine possession de ses moyens quelle que soit la situation rencontrée. Cela demande un gros travail sur soi-même, parfois difficile à réaliser tout seul.

Il est temps de passer au stade suivant : bosser avec un coach mental ! Je commence quelques séances l’été dernier à Vegas avec le Coach Steph Matheu : briefing avant les tournois, debriefing après. Je fixe aussi mes objectifs à court et long terme. Quelles sont mes failles, comment puis-je les combler ? Est-ce que j’ai une hygiène de vie qui me permet d’être prêt à batailler plusieurs jours d’affilée ? Qu’est ce que je ressens quand je joue dans la zone ? Etc. Tout cela me fait prendre conscience d’un tas de choses, et rien que le fait de pouvoir en parler avec une personne me mets du baume au coeur. Chose qu’il était évidemment plus compliqué de faire auparavant avec mes bouquins.

Enfin si, il y avait bien coach Maman pour me donner ses bons conseils et me faire des gros briefings : « Allez Ivan t’es le meilleur, ce soir c’est le jackpot ! Si tu perds ce n’est pas grave, mais si tu gagnes c’est mieux quand même. » Et gros debriefing aussi le lendemain :

« Yes, bravo mon fils, 7e du Go Fast, tu réalises que tu as pris une semaine de mon salaire ?! 
- Certes Maman, mais la session m’a couté plus cher que ça…
- Il y avait combien de joueurs ? 107 ? c’est déjà énorme tu en as battu 100 !
»

Croyez bien qu’après ça, on retourne au charbon le soir même, et motivé comme jamais.

Le Pier angulaire

Pier Gauthier

Par manque de temps Steph ne peut continuer de faire ces séances régulièrement et me dirige vers le coach mental Pier Gauthier (photo). Ancien joueur de tennis professionnel, Pier s’est mis à coacher ensuite beaucoup de sportifs comme Sébastien Grosjean et pas mal de joueurs du Team plus récemment. Les résultats et les témoignages de ses « élèves » disent vrai. J’avais déjà lu son livre La force du mental, que j’avais trouvé excellent et, après quelques séances, les meilleures performances promises sont bel et bien au rendez-vous. Pour en apprendre plus sur Pier et le métier de coach mental je vous renvoie vers cette vidéo. Comme moi, vous pourrez même voir de vos propres yeux Coach Steph avec un crâne moins luisant qu’aujourd’hui.

Je commence donc ma première séance avec Pier. Étape numéro 1 : détermination d’objectifs. Il me confirme que l’importance du mental est bien trop sous-estimée en France. Même au sein du Team, dans les premiers temps, certains étaient sceptiques à l’idée de travailler avec un coach mental. Peut-être ne voyaient-ils pas ce que cela pouvait leur apporter, ou pensaient-ils se gérer déjà très bien seuls.

Il constate aussi une erreur récurrente chez les sportifs français : se fixer des objectifs trop peu élevés par peur de ne pas les atteindre. Mais est-ce vraiment un échec de relever un objectif à « seulement » 80% ? Admettons qu’il s’agisse de gagner un tournoi majeur et que l’on termine deux fois runner-up. Cela n’est en aucun cas un échec. Et même si on échoue, n’oublions pas que les Leo Messi, Roger Federer, Rafael Nadal, Cheick Diabaté et autres Fabrice Pancrate ont subi des revers et des souffrances avant d'arriver à leurs grandes victoires. Il faut donc voir l’échec comme un chemin vers l’apprentissage et le progrès. Le challenge doit être relevé si on veut être motivé et impliqué à 100%.

Dans le milieu du poker, il n’est pas rare d’entendre : « À quoi bon avoir des objectifs chiffrés et de résultats avec, au milieu, le facteur non maîtrisable que constitue la grosse part de variance ? » Dans le fond, on a tous pour objectif de gagner un tournoi majeur mais l’idée reste vague dans notre tête. Disons que la motivation et l’envie de gagner le tournoi que je suis en train de jouer peuvent s’atténuer avec le temps et l’enchainement de contre-performances. D’où l’importance de se fixer des objectifs, des sous-objectifs, et des objectifs chiffrés, de les relire régulièrement et de les ajuster à mesure que la saison avance.

Viser la lune, ça ne me fait pas peur

Objectif Lune

Alors revenons-en aux objectifs chiffrés que je me suis fixé en début d’année : finir Top 160 GPI mondial (j’étais alors autour de la 300e place) et Top 5 GPI France (8e) sur l’année 2018. Petite vérif’ sur demande de Pier, et je constate que je suis déjà 152e mondial et 4e France - après un run plutôt fluide il faut l’avouer. Bingo, on en revient à ce qu’on disait avant : des objectifs sûrement pas assez élevés.

Il est temps de voir la chose sous un angle différent. Qu’est-ce que tu aimerais avoir accompli dans ta carrière de joueur de poker, une fois à la retraite ? Évidemment, le bracelet de Champion du Monde est le rêve de tout joueur. Comme déjà beaucoup de joueurs en ont un, on va partir sur deux bracelets WSOP lifetime ! À plus court terme, un petit Top 30 GPI mondial 2018 me paraît tout bon. Bien sûr, il sera important d’évaluer régulièrement ma progression et de faire des ajustements. À l’heure actuelle, je me donne trois, voire quatre chances sur dix d’atteindre ces objectifs.

Pier m’interroge alors sur mon niveau mental actuel, et quelles seraient les choses que je pourrais améliorer. C’est assez clair : ma concentration, surtout en live avec l’enchainement de journées entières aux tables et la fatigue qui se fait ressentir. Également dans le viseur, ma confiance en moi qui peut être impactée dans les périodes un peu plus difficiles, par l’enchaînement de places frustrantes, et la gestion de mes émotions. Je manque parfois de détachement par rapport à l’enjeu, en gardant cette peur de me faire éliminer.

Je procède alors à un test en répondant à des questions, pour voir dans quel domaine mental j’ai le plus besoin de progresser. Et c’est assez drôle puisque les trois domaines qui ressortent sont ceux cités plus haut. Plutôt bon signe, non ?

En travaillant sur tout ça pendant plusieurs mois, et en continuant en parallèle de travailler ma technique comme je le fais déjà (indispensable pour rester à un haut niveau), j’estime que mes chances d’atteindre mes objectifs passent à sept voire huit sur dix. Je suis persuadé que ma marge de progression sur le plan mental est très élevée et peut me faire franchir un cap. Peut-être est-ce le cas pour vous aussi ? Allez, au boulot !

D’ici là, petit vérif' en cours aux tables des Winamax Series XXI, sur lesquelles j'ai pris un bon départ, avant une grosse vérif’ à Barcelone la semaine prochaine avril avec tout le Team, pour le festival partypoker. La bise !


ValueMerguez

Après avoir tout gagné sur les tables de Winamax, il est rentré dans la cour des grands en 2019 en remportant son 1er bracelet WSOP.

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