2014 : une moitié de bilan
Par Général
dansLes World Series of Poker sont maintenant derrière nous et je vais essayer de tirer un bilan à chaud de la première moitié de mon année poker. En février dernier, j’avais posé mes objectifs pour 2014, et détaillé le travail que je voulais entreprendre, avec les WSOP comme vision à court/moyen terme. Il est temps de faire le point !
Commençons par le live. J’ai participé à 22 tournois, atteignant les places payées à 8 reprises. Au total : 50,000$ d’entrées cumulées, pour un « chiffre d’affaires » de 110,000 dollars comprenant une victoire dans un tournoi à 600$ au Venetian (169 joueurs), une 4ème place dans le side-event à 300€ durant la finale du Winamax Poker Tour (160 joueurs), 2 ITM sur l’European Poker Tour (37e à Vienne, 17e à San Remo), et enfin deux petits deep-runs aux WSOP (24e sur 550 du 5,000$ 8-max et 46e/7862 du Monster Stack à 1,500$, dont vous pouvez retrouver le compte-rendu sur Wam-Poker).
Que conclure de tout ça ? Tout d’abord, j’ai le sentiment d’avoir été assez régulier depuis le début de l’année, alors que j’avais eu jusque-là beaucoup de mal à faire des résultats en live. Je n’ai certes pas encore atteint la finale d’un tournoi majeur, mais j’ai néanmoins disputé deux finales (donc une où je vais jusqu’au bout) et décroché mes deux premiers ITM sur le circuit EPT. Par ailleurs, dans les tournois considérés comme majeurs, je me suis souvent retrouvé en possession de tapis supérieurs à la moyenne une fois atteint l’argent, et j’ai le sentiment qu’il ne me manquait finalement pas grand-chose pour espérer plus (un petit quelque chose sur lequel je reviendrai tout à l’heure).
Comment expliquer cette différence de résultats par rapport aux années précédentes ? Je pense tout d’abord que le fait de me fixer des objectifs à moyen terme en début d’année (avec l’idée de faire un bilan six mois plus tard) m’a beaucoup aidé. Me remettre en question à la fin de l’année dernière, avoir exprimé noir sur blanc que j’étais dans une phase de travail et de progression (ce qui devrait d’ailleurs être le cas tout le temps) m’a enlevé une sorte de pression négative, et m’a aidé à accepter les éventuelles erreurs que je pourrais faire durant un tournoi. Du coup, j’ai joué plus sereinement, osé plus souvent, et au final bien mieux joué.
Le fait d’avoir des objectifs sur six mois ou plus permet également d’avoir des axes de travail plus clairs et efficaces. Comme exemple, je prendrais la finale du Winamax Poker Tour au cercle Clichy-Montmartre. Nous sommes en février et après avoir signé mon premier résultat de l’année sur le tournoi principal du WiPT, je saute du tournoi par équipes que je disputais sous la bannière Bollywood Team avec Vikash et Volatile. Il est 16 heures, nous sommes un samedi : j’hésite entre profiter des nuits Parisiennes, rentrer à Londres pour jouer pépère la session online du dimanche, ou disputer le tournoi annexe à 300€ du WiPT, programmé sur deux jours. Je suis un peu crevé, aucune des trois options ne m’emballe pas plus que cela. En plus, je n’ai pas l’habitude de faire les tournois annexes dans cette gamme de prix (ce qui est une erreur, à la fois financièrement et techniquement). Bref, je me force plus ou moins à faire le tournoi, me disant que c’est une occasion de progresser, de tenter des choses que je n’oserais pas forcément dans un EPT à 5,000€ (par manque de résultats antérieurs, de confiance ou tout simplement de pratique). Certes, j’ai ressenti moins de pression durant ce tournoi que sur un EPT, mais j’ai quand même dû me forcer pour tenter certains moves. Au final, je termine le Day 1 en seconde position au classement, et atteins la 4e place le lendemain, pour un gain de 3,700€. J’ai fait de bonnes et moins bonnes choses durant ce tournoi, mais au final le résultat est bon pour la confiance et j’ai appris en essayant des choses, ce qui m’a ouvert des portes pour les tournois à venir.
Le travail effectué avec le coach mental m’a également permis d’avoir des objectifs plus précis sur chaque tournoi. C’est bien joli de proclamer au début de chaque tournoi qu’on joue pour le gagner, mais avant l’EPT Vienne, par exemple, je savais bien que je serais déjà amplement satisfait par une place payée, ma première sur ce circuit. Et je savais que je n’allais pas prendre systématiquement tous les spots possibles et imaginables dans l’optique de jouer la gagne à tout prix… Et je l’assumais. A 50 joueurs restants, mon tapis se situait dans la moyenne et j’ai probablement un peu mal choisi les moments où j’ai pris des risques, mais je suis certain que l’expérience m’a servi pour les tournois suivants.
L’expérience et la confiance aidant, je pense avoir mieux choisi mes spots par la suite, mes prises d’initiative étaient plus précises, même si elles doivent encore s’affiner pour que je puisse pouvoir prétendre à un gros titre. Je pense par exemple à ma dernière main à San Remo où je 4-bet all-in avec As-Dame et tombe contre deux Rois. Techniquement, le spot est tout ce qu’il y a de plus classique, je n’ai aucun regret sur ce coup où, s’il y a une erreur, elle est très marginale. Mais avec le recul, je pense que je peux réussir à jeter mes cartes ici, et c’est en m’interrogeant sur ces petits détails que je décrocherai un jour une grosse victoire.
Mon bilan sur Internet est moins satisfaisant. J’ai joué 2,000 tournois grosso modo (prix d’entrée moyen : 22€), pour un bénéfice total de 1,000€ (Si on enlève les High-Rollers de l'équation, mon bénef passe à 5,000€) Mon retour sur investissement (ROI) moyen est de 60%. Je reste sur un sentiment d’irrégularité, et je n’ai pas systématiquement respecté mes objectifs en termes de nombre de tables ouvertes et de buy-ins. Néanmoins, je pense jouer mieux qu’en 2013, j’arrive plus souvent en finale muni d’un gros tapis, j’ai beaucoup travaillé sur ce point et il faut maintenant que je remporte plus souvent ces tournois et ne pas me contenter d’une quatrième ou cinquième place. Je suis arrivé à Vegas avec l’impression d’être moins à l’aise une fois qu’il ne reste plus que 4 ou 5 joueurs, et cela s’est confirmé lors du tournoi que j’ai gagné au Venetian : après avoir bien géré tout au long de l’épreuve, j’ai senti que c’était un peu plus laborieux à la fin, alors que mes adversaires étaient plutôt en dessous de la moyenne, techniquement parlant.
Au boulot !
Vegas vient à peine de s’achever : je vais laisser passer quelques jours avant de me fixer des objectifs précis pour la seconde moitié de 2014, même si j’ai déjà une idée globable.
Sur Internet, l’idée est de continuer à travailler la technique, d’utiliser la plate-forme comme un laboratoire pour le live… Et de gagner plus de tournois, bien sur.
En live, l’objectif est clairement de remporter un gros titre. Comparé à trois mois plus tôt, je pense que j’aurai désormais moins de mal à oser prendre des risques dans un lorsqu’il reste 30 ou 40 joueurs restants. Le seul moment où je pourrais éventuellement être anxieux sera peut-être aux alentours de la bulle de la finale. L’une des questions que je me pose est : où se trouve le bon équilibre entre patience et prise de risques ? Si j’ai été plus régulier cette année, c’est parce que j’ai également été plus patient. Certes la variance a plus été de mon côté, mais j’avais également plus de jetons en ma possession lorsque les bons spots se sont présentés. Mentalement, la frontière entre un jeu agressif justifié et l’impatience est aussi mince qu’entre la prudence et la peur, et il peut être difficile de savoir de quel côté on se trouve.
Enfin : je vais essayer de continuer à prendre du plaisir. Il y a des moments qui restent magiques quoi qu’il arrive. Rien de mieux que de se lever au matin d’un Day 4 et de regarder le plan des tables, lorsqu’il n’en reste plus beaucoup et que l’on sait que chaque coup disputé sera intense, et que la concentration viendra sans effort, naturellement… Et cette sensation d’avoir parcouru un bout de chemin, de savoir que l’on n’est plus très loin, et qu’en même temps la route est encore longue et peut s’arrêter net en un instant ! J’espère vivre d’autres journées comme celles-ci cette année !