2014 : Repartir du bon pied

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L’European Poker Tour de Deauville vient  de se terminer… Il est plus que temps de dresser un bilan de cette deuxième année au sein du Team Winamax et de se fixer des objectifs pour 2014 !

Bilan 2013

J’ai disputé 30 tournois live en 2013, pour 72 000 euros de prix d’entrée et 56 000 euros de gains au final, soit une perte de 16 000 euros. Il est très difficile de tirer des conclusions uniquement à base de chiffres sur un échantillon de seulement 30 tournois. Voyons tout de même ce qui se cache derrière ces chiffres et comment j’ai vécu mon année.

Au rayon des satisfactions, il y a tout d’abord cette première victoire en live, au High Roller du Winamax Poker Tour, sur un field petit (57 joueurs) mais relevé, avec un rocambolesque duel final face à Davidi Kitai. Cette victoire m’a conforté dans l’idée que j’étais capable de bien gérer mes fins de tournois en live, de prendre des risques au bon moment et de rivaliser avec les meilleurs.Il y a également deux places payées à Las Vegas, dans des tournois short-handed des World Series Of Poker réputés comme étant assez difficiles, notamment une 32e place dans le tournoi à 5 000 dollars l’entrée où j’ai été éliminé avec un brelan d’as se heurtant à une couleur floppée dans un gros pot 3 bet pré-flop, alors que je me sentais de mieux en mieux dans l’épreuve. C’est le genre de coup qui peut changer la physionomie de mon année, mais je n’ai aucun regret là-dessus et n’ai qu’une seule envie : me remettre en situation de jouer ces coups cruciaux. Voir le nombre de tables de l’Amazon Room, la grande salle de tournoi où se jouent les WSOP, se réduire petit à petit jusqu’à se compter sur les doigts d’une main, et être encore là avec des jetons devant soi, est une sensation que je suis impatient de revivre !

Concernant les déceptions, il y a l’absence de résultats sur les cinq tournois du circuit EPT que j’ai disputé. Excepté celui de Londres, j’ai dans l’ensemble eu le sentiment d’avoir bien joué. Que faut-il en conclure alors ? Avoir l’impression d’avoir pratiqué son meilleur poker tout en ne faisant aucun résultat devrait plutôt être inquiétant. Se contenter d’invoquer la variance ou le faible échantillon de tournois joués n’est ni suffisant, ni source de progrès, même si ces éléments doivent entrer en compte.  Les seules questions réellement importantes sont : « qu’ai-je fait de bien et de mieux par rapport à l’année précédente ? » et « quels sont les domaines où je peux m’améliorer ? ».

Comparé aux premiers tournois EPT auxquels j’ai participé, je me sens clairement plus à l’aise à table, je me suis adapté à ces structures lentes, je sélectionne plus rigoureusement mes spots,  je ressens bien mieux l’état d’esprit et le mode de fonctionnement de mes adversaires, et surtout j’ose et prends désormais le temps d’adapter mes lines à ces informations. Ceci n’est pas forcément évident quand vous avez des habitudes de multitabling en ligne où chaque décision se prend en deux secondes. Par exemple, cette main jouée à l’EPT Deauville 2013, où j’ai cold 5-bet all-in avec As-Valet assortis à trente places de l’argent, persuadé que le joueur qui avait 4-bet était light, et il l’était d’ailleurs. Seul hic, le joueur ayant 3-bet avait lui une paire d’As. Je n’aurais clairement pas osé prendre ce spot l’année précédente.

Pour les axes de progression, j’ai envie de répondre « tout ». Les fields des tournois EPT sont probablement les plus difficiles. Dès le premier jour de compétition, il ne suffit plus de bien jouer, il faut très bien jouer, chercher la moindre part d’edge et d’EV que l’on peut trouver dans un coup. Pour cela, il n’y a pas trente-six solutions : il faut travailler, étudier son jeu et être de plus en précis. Et je compte pas mal sur le online pour y parvenir.

Le online, venons-y… J’ai joué 2 500 tournois pour un bénéfice de 212 euros, c’est tout simplement ma pire année depuis mes débuts au poker. Pour être honnête, je me suis aperçu que j’étais break even qu’en fin d’année seulement, vu que je ne vais pas scruter ma courbe sharkscope de l’année tous les quatre matins. Mais en même temps, je m’étais bien rendu compte au niveau de la bankroll que l’année était moyenne. Cela m’a beaucoup travaillé en fin d’année dernière, car c’est bien beau d’avoir le sentiment de jouer correctement et de progresser en live, mais si derrière les résultats en ligne sont moyens un échantillon un peu plus représentatif…

Comment expliquer cela ? Tout d’abord, j’ai rarement eu une année autant en dents de scie, avec des périodes de plusieurs semaines gagnantes suivies de plusieurs semaines perdantes. Outre la baisse de confiance et son impact sur certaines décisions que peut provoquer la succession de sessions perdantes, je pense que j’ai beaucoup trop joué en mode « pilote automatique » pendant ces périodes, en jouant sur trop de tables et en mixant trop les prix d’entrée. Or, tout comme en live, le niveau est de plus en plus relevé, les tendances de jeu changent, le profiling des adversaires est devenu primordial, et l’adaptation à ces éléments est désormais au moins aussi importante que la technique pure, d’où les dangers du mode « pilote automatique ». Régler tout cela est mon objectif prioritaire pour les prochaines semaines !

Objectifs 2014

Je me suis donc donné comme objectif prioritaire pour les prochaines semaines de tout remettre à plat online et de revoir les fondamentaux. Bien entendu, il ne s’agit pas de repartir à zéro, mais simplement d’être beaucoup plus précis dans chaque décision, même dans les plus anodines. Chercher à tout prix la décision optimale et ne pas se contenter de la décision inexploitable.

Pour cela, je vais moins mixer les droits d’entrée. Ma bankroll affichait 4 000 euros mi-janvier, j’ai donc décidé de ne plus jouer que les tournois entre 10 et 50 euros jusqu’à ce que la bankroll remonte. J’ai également décidé de noter chaque main où je m’interrogeais sur la décision optimale à prendre et de moins multi-tabler afin d’affiner mes reads sur chaque joueur.

A côté de cela, je vais encore plus discuter des mains avec les potes du Team et profiter que nous soyons tous sur Londres pour faire des séances de travail sur des points bien précis. Outre l’aspect technique, il est en réalité très motivant et valorisant de faire ce travail.

Et cela doit bien entendu me servir pour mon objectif principal qui est de remporter un titre majeur en live. Pour moi, l’outil de base de travail technique est le online, et je sais qu’avec l’expérience live/online accumulée au cours des deux dernières années, je peux clairement adapter en live ce que je fais ou apprends online.

Voilà pour l’aspect technique, ça parait peu et beaucoup à la fois, mais j’ai vraiment envie de faire ce travail, avec comme vision à court/moyen terme les WSOP à Vegas, moment de l’année que j’affectionne particulièrement, probablement en raison de la possibilité d’enchaîner des tournois pendant plusieurs semaines.

Il reste à côté de cela les aspects physiques et mentaux :

-      pour l’aspect physique, certaines résolutions peuvent sembler relever du bon sens pour bon nombre de personnes, mais ce n’est pas nécessairement évident pour un joueur de poker… Je vais donc essayer de continuer à faire du sport fréquemment, avoir des heures de sommeil plus régulières (finies les journées de 36 heures !) et manger un minimum équilibré (sans aller jusqu’à dire que je vais me mettre à cuisiner, sinon j’ai bien peur que ce blog perde tout crédit).

-       Pour l’aspect mental, j’ai décidé de faire au minimum deux séances de coaching mental par mois en compagnie de Pier Gauthier, avec qui j’avais déjà travaillé à Las Vegas l’an dernier, et ce au minimum jusqu’à la fin des WSOP. Cette année, il va m’aider à maintenir mes objectifs, clarifier les moyens d’y arriver, et m’apprendre à surmonter toutes les turbulences que l’on peut traverser avec un jeu aussi mentalement épuisant que le poker.

En tout cas, j’ai encore une fois passé une excellente année, entre le bracelet de Davidi, la finale de Sylvain, les challenges, et tous les bons moments passés sur le circuit, et j’espère que cette année 2014 sera du même acabit, avec un titre majeur en plus ! Wish me luck, en espérant voir le plus possible d’entre vous à Paris à la fin du mois à l’occasion de la grande finale du Winamax Poker Tour !